Un symbole d’unité pour le Liban déchiré
Fribourg, 19juillet(APIC) La guerre du Liban entraîne avec les victimes
qu’elle provoque une augmentation toujours plus douloureuse d’enfants
orphelins, de cas sociaux et d’enfants abandonnés. Certains sont pris en
charge par l’ »Association libanaise des villages d’enfants s.o.s ». Deux de
ces villages ont été fondés au Liban et un troisième est en train de naître
pour être à même de répondre aux besoins causés par le conflit. De passage
en Suisse, la directrice de l’ »Association libanaise des villages d’enfants
s.o.s », Amal Sawaya a été interviewée par l’APIC. Elle raconte comment ces
enfants sont recueillis et comment se déroule leur vie au village. Un premier bilan de cette expérience née au Liban il y a presque vingt ans peut
déjà être dressé.
« Les villages d’enfants s.o.s » ont été fondés par l’autrichien Hermann
Gmeiner après la deuxième guerre mondiale. L’Europe sinistrée a vu naître
de plus en plus de ces villages. Actuellement il sont répandus dans le
monde entier, dans les pays en guerre et dans le Tiers-Monde: en Afrique,
en Amérique latine, en Asie . « le Proche-Orient, à lui seul, en compte quatorze » affirme Amal Sawaya. Le premier « village d’enfants s.o.s » au Liban,
dans la région de Bhersaf, à 27 kilomètres de Beyrouth, a été inauguré en
1969, pour accueillir des cas sociaux et des orphelins. Un autre village de
ce genre, dans la région de Sferaï au sud du Liban , a été construit en
1981 afin de répondre aux demandes d’admissions croissantes dues à la guerre. Un troisième village va être créé dans le nord du Liban, une région
beaucoup plus calme.
L’organisation des « villages s.o.s »
« Les enfants du « village s.o.s » sont généralement des orphelins de père
et mère, des cas sociaux, des enfants plus ou moins abandonnés de tous les
âges », relève la directrice de l’association. « Comme l’organisation de ces
villages est absolument indépendante de tout parti ou de toute appartenance
religieuse ou autre organisation, nous avons des enfants de toutes les religions libanaises » souligne Amal Sawaya. Ils vivent dans des maisons individuelles en groupes mixtes de huit à dix personnes. Chaque groupe d’enfants est pris en charge par une « mère s.o.s » qui adopte pleinement ces enfants. Elle est alors chargée de les éduquer dans leur religion. Il se forme alors une « famille ».
« Les personnes connaissent en général l’existence des « villages s.o.s »,
poursuit-elle, ils nous communiquent le nom d’enfants abandonnés, orphelins. Nous recevons des demandes et le directeur du village avec une « mère
s.o.s » mènent une enquête », explique la directrice de l’association libanaise. » Puis les membres de la commission pédagogique, dont Mme Sawaya est
aussi membre, examinent le cas et décident de l’admission de l’enfant au
« village ». Sont acceptés avant tout les orphelins de père et de mère, en
second lieu ceux qui ont perdu leur mère , rarement les orphelins de père
seulement, et enfin les cas sociaux.
Un des rares symboles de cohabitation pacifique
Au Liban, les « villages s.o.s » sont formés de dix maisons familiales,
soit un total de 80 personnes environ par « village ». Les enfants qui vivent
en « famille » sont regroupés selon leur religion, ce qui facilite leur éducation religieuse. Ils fréquentent tous une école en dehors de leur village. Ces écoles sont chrétiennes et acceptent tous les enfants sans distinctions et les respectent dans leur appartenance religieuse. La cohabitation
des enfants entre eux est très fraternelle, relève la directrice de l’association, ils ne font pas de différence. Au niveau des adultes travaillant
dans l’organisation du village , qui appartiennent à des communautés religieuses différentes, il n’y a aucun problème. Ainsi, « la vie de ces enfants
en communauté est un des rares symboles, à pouvoir donner du Liban une image d’avant-guerre, qui prouve qu’une cohabitation pacifique est possible »
estime Amal Sawaya.
Les « villages s.o.s » reconnus comme signe de paix
« Ce n’est pas pour rien que l’association a été reconnue par l’ONU comme messager de Paix » poursuit-elle. A ce propos, l’exemple du village de
Sferaï, au Liban sud, actuellement sur une ligne de confrontation est frappant: Trois cent des villages du sud du pays, dont les habitants étaient
chrétiens, ont été vidés en une nuit, sauf le village ou est implanté le
« village d’enfants s.o.s ». « On nous demande souvent pourquoi on ne déplace
pas les enfants qui sont dans une région aussi dangereuse: ils ne peuvent
pas aller se promener en dehors du village, pour aller à l’école on doit
s’assurer que les routes sont déminées… En fait ils ont décidé de ne pas
quitter les lieux, pour se solidariser avec les autres habitants du village, qui seraient chassés à leur tour si les enfants s’en allaient. »
Un bilan positif malgré les problèmes persistants
La première génération qui a expérimenté cette vie au « village d’enfants
s.o.s » a grandi: certains étudient à l’Université, d’autres suivent une
formation professionnelle, certains sont mariés. Ils ont tous une vie absolument normale, et sont totalement intégrés à l’extérieur du fait qu’ils
sont tout au long de leur vie au « village », en contact avec l’extérieur.
L’organisation des « villages pour enfants » mettent des foyers à la disposition des jeunes qui doivent poursuivre leurs études ou leur apprentissage
dans d’autres villes. Il en existe deux pour l’instant, composés d’une dizaine de jeunes chacun, à Beyrouth et proche de Younieh. De plus il existe
depuis 1986 un centre social, « Entraide », à l’intention de femmes veuves
pour lesquelles l’éducation des enfants est économiquement trop lourdes.
Elles reçoivent une aide financière et sont orientées professionnellement
de sorte qu’elles deviennent petit à petit indépendantes.
Les ressources économiques de l’organisation
Pour subvenir au besoin de tous ces enfants, des dons effectués par des
personnes du Liban ou provenant de l’étranger, sont une aide essentielle.
Certains enfants sont même parrainés depuis l’extérieur. Mais les difficultés économiques sont très aiguës actuellement et tous les problèmes
ne sont pas résolus a conclu Amal Sawaya. (apic/bcy)
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