La lutte pour la reconnaissance

Le processus de reconnaissance des communautés religieuses d’intérêt public dans le canton de Neuchâtel est une heureuse nouvelle. Une chance est en effet donnée à ces communautés de faire la preuve de leur crédibilité sociale.

Il ne s’agit pas pour elles de s’aplatir devant les exigences de l’État ou de la population, mais de démontrer qu’elles se soucient, pour ainsi dire, spontanément de l’intérêt public. Des communautés bien établies dans notre pays, qu’elles soient juives ou chrétiennes, n’ont pas de peine à le faire: toutes leurs activités diaconales et sociales, connues et respectées à la ronde, correspondent à leur orientation théologique et religieuse fondamentale.

Pour l’islam, des précisions seront les bienvenues. Cette reconnaissance ne doit pas, selon nous, se limiter au volet diaconal et social des communautés religieuses: elle doit également inclure leur message proprement spirituel, qui entend contribuer au développement personnel et psychique de la population. Rien ne serait plus contraire en effet que de laisser les communautés religieuses se replier sur leur seule dimension religieuse et de devenir des entités purement privées. Pour le christianisme en particulier, le message spirituel et l’engagement diaconal et social se recoupent parfaitement.

«Apaiser le lien entre les religions et l’État signifie une importante contribution à la tolérance»

Cette reconnaissance des communautés religieuses doit encore trouver sa traduction législative et politique. Non seulement, elle doit tenir compte au mieux des caractéristiques des communautés en question, mais elle entend également répondre aux attentes légitimes des citoyens et de la société civile. Apaiser le lien entre les religions et l’État signifie une importante contribution à la tolérance, aux droits de la personne humaine et à une conception ouverte de la laïcité. Les religions ne sont pas seules à offrir leurs services à la société; d’autres «idéologies» ont aussi droit de cité, à commencer par l’athéisme dans ses différentes variantes. La «lutte pour la reconnaissance», selon l’expression du philosophe Axel Honneth, s’étend à l’ensemble de la société et vise l’édification et la consolidation d’une société pacifique et solidaire.

Denis Müller

24 mars 2021

Portail catholique suisse

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