Une iconographe suisse réalise une catéchèse géante en Sicile

Tatiana Chirikova, artiste iconographe d’origine russe établie en Suisse de longue date, est sur le point d’achever une commande de 14 grands panneaux pour l’église de la paroisse Saint-Paul d’Adrano, en Sicile. Une création exigeante, tant du point de vue théologique que physique qui aura demandé deux ans de travail.

«C’est la création de ma vie! J’ai toujours su que je réaliserais un tel projet. Il faut croire que j’étais prête pour cela», lance Tatiana Chirikova, iconographe, installé à Saint-Maurice (VS). L’artiste d’origine russe, et genevoise par son mariage, achève une commande de 14 panneaux de 2 par 3 mètres pour l’église Saint-Paul de la ville sicilienne d’Adrano.

Tatiana Chirikova devant l’esquisse de la nativité | DR

Depuis fin novembre 2020, Tatiana Chirikova s’est en effet  installée dans la cure de l’église que Don Nicolo Petralia, le curé de la paroisse, a mis à sa disposition. Elle évoque la nostalgie de la Suisse. L’artiste passe le plus clair de son temps dans cet atelier improvisé. «C’est idyllique pour travailler. Je peins la nuit, jusqu’à 5 heures du matin». La douceur du climat aide sans doute, «en tout cas plus que la pluie de cendres que la récente éruption de l’Etna nous a envoyée». Il lui reste encore quatre panneaux à réaliser d’ici son retour en Suisse, à la fin avril. L’aboutissement d’un travail commencé deux ans auparavant.

«Une amie sicilienne d’une de mes élèves a vu ce que nous faisions à l’atelier – Tatiana donne des cours dans son atelier de Lausanne – et en a parlé au curé de la paroisse d’Adrano. En janvier 2019, celui-ci est venu à la rencontre de l’artiste, qui anime aussi des stages lors de la Semaine romande de liturgie, à l’abbaye de Saint-Maurice. Il a commandé la création de 14 panneaux représentant les mystères joyeux et les mystères de Pâques. «Il voulait une catéchèse, de la Genèse à la Jérusalem céleste».

Exigence théologique

Les échanges autour des esquisses de chaque panneau, exécutées à la mine de charbon puis en couleur, ont été fréquents. Ils se sont poursuivis lorsque Tatiana a peint deux des panneaux à une échelle plus petite pour un meilleur aperçu. «Le Père Nicolo savait exactement ce qu’il voulait, il a été exigeant sur l’aspect théologique des créations. Cela ne m’a pas dérangée puisque c’est très important dans l’art de l’iconographie». L’artiste rappelle que la prière et la méditation sont étroitement liées à la réalisation d’icônes.

Elle a effectué les modifications qu’a souvent demandé le prêtre. «Et lorsque je suis arrivée sur les lieux, j’ai décidé de changer une bonne partie de ce qui était prévu». Don Nicolo n’a pas tout de suite apprécié les revirements artistiques de l’artiste, avant de se rendre compte qu’ils étaient dictés par l’architecture des lieux.

Tatiana Chirikova a installé son atelier dans la cure mise à disposition par le curé de la paroisse Saint-Paul d’Adrano | DR

Des icônes de très grande taille

«Ces panneaux sont en fait des icônes de très grande taille. J’ai travaillé selon la technique traditionnelle de l’iconographie: la tempera de jaune d’œuf». Le pigment est lié par du jaune d’œuf. Les panneaux en bois sont recouverts de tissu et d’une préparation à base de poudre de marbre liée avec de la colle d’origine animale.

«Ecce Homo». Le panneau jouxte l’esquisse de la crucifixion | DR

Sur les photos que Tatiana a envoyées de Sicile, on reconnaît, entre autres, la Genèse, l’annonciation, la présentation de Jésus au temple, la crucifixion ou encore la Pentecôte. Dix des quatorze panneaux sont déjà accrochés au-dessus du chœur de l’église.

«La taille des panneaux et lâmpleur du travail ne m’ont pas impressionnée, en Russie on a l’habitude de travailler à pareille échelle». L’artiste d’origine russe évoque la surface des panneaux qu’elle a réalisés en Sicile et des projets antérieurs de même envergure, tels la réalisation d’une icône, un peu moins grande, à l’église Saint-Laurent de Lausanne. Elle reconnaît tout de même qu’à presque 70 ans, la tâche est aussi physique qu’artistique. «Debout sur mon échelle, à retoucher des détails, c’était parfois fatiguant».

Les paroissiens sont très heureux des panneaux qui ornent les murs de l’église d’Adrano. Le Père Nicolo Petralia aussi. Tatiana Chirikova quittera la Sicile fin avril en espérant y revenir avec ses élèves et quelques amis le 22 mai prochain. L’évêque du lieu doit en effet bénir les panneaux. Tout dépendra des normes sanitaires en vigueur. (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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