Dix recommandations du Vatican pour les réfugiés climatiques

Dans un document intitulé Orientations pastorales sur les déplacés climatiques, le Dicastère pour le service du développement humain intégral délivre une série de dix recommandations adressées aux Eglises du monde entier. Avec ce texte publié le 31 mars 2021, le Vatican appelle à sensibiliser plus largement les fidèles au phénomène de la migration climatique et à agir concrètement pour l’intégration de ces migrants très spécifiques au sein de leur territoire d’accueil.

Approuvés par le pape, ces recommandations ne «prétendent pas épuiser l’enseignement de l’Église sur la crise climatique et le déplacement», précise le Saint-Siège. Elles constituent plutôt «les jalons d’une feuille de route» pour mettre en place une pastorale consacrée à ces réfugiés très particuliers.

1. Reconnaître le lien entre la crise climatique et les déplacements
«La crise climatique n’est pas une menace abstraite future», soutient le Saint-Siège. Et il s’agit de reconnaître que «le réchauffement non-maîtrisé fait planer le spectre d’un déplacement massif des populations». Parmi les 51 millions de personnes déplacées recensées en 2019, quelque 24,9 ont fui leur lieu de vie en raison de catastrophes naturelles, souligne le document. De plus, le réchauffement climatique entraîne bien souvent des conflits.

2. Promouvoir la sensibilisation et la diffusion d’informations sur les réfugiés climatiques
Avant toute chose, l’Église doit sensibiliser les fidèles à la manière dont leur mode de vie moderne «contribue à la crise climatique», demande le Vatican. Éduquer à ce phénomène suppose «d’élaborer des programmes d’éducation ciblant les paroisses et les écoles catholiques» pour promouvoir un changement de vie ou encore de diffuser largement les document de l’Église invitant à une conversion écologique (telle l’encyclique Laudato si’).

3. Proposer des alternatives au déplacement
«La plupart du temps, le déplacement émerge de l’absence de moyens de subsistance alternatifs», constate le Vatican. Aussi, l’Église doit «trouver des alternatives au déplacement» et promouvoir une «résilience au climat». Cela peut passer par la diffusion «d’ informations pertinentes, solides et fiables sur la crise climatique» ou encore par la promotion de «programmes de développement créatifs et écologiques visant à soutenir les populations menacées de déplacement». Il s’agit d’abord d’œuvrer pour que, dans la mesure du possible, «les personnes puissent continuer à rester chez elles».

4. Préparer les personnes au déplacement
Dans les cas où la migration est inévitable, «l’Église catholique est appelée à s’engager de manière proactive dans la préparation des personnes au déplacement», demande le Saint-Siège, que ce soit en identifiant «les sites d’installation ou de relocalisation appropriés pour des communautés particulières vulnérables» ou en épaulant les organisation engagées dans la crise climatique. De manière préventive, le Vatican invite les Église locales à «cartographier les territoires particulièrement touchés» par la crise climatique et à repérer les communautés d’accueil.

Pour prendre soin des réfugiés, L’Église a pour mission de promouvoir la coopération «entre tous les acteurs catholiques»

5. Faciliter l’inclusion et l’intégration
Si «les diverses réactions au sein des communautés d’accueil – notamment l’indifférence, la peur, l’intolérance et la xénophobie – ne sont pas prises en compte», elles peuvent compromettre les efforts déployés pour accueillir les réfugiés, prévient le Vatican. L’Église doit donc «préparer et encourager les personnes à être accueillantes» avec ces derniers. Cela peut se concrétiser par la mise en place de campagnes de sensibilisation promues avec les gouvernements locaux, l’organisation de programmes de mise à niveau des compétences pour les réfugiés et par des assistances diverses (juridiques, sociales…), souligne le document. Tutorat linguistique, éducation culturelle ou encore cours sur la citoyenneté font encore partis des suggestions du Vatican pour aider à l’intégration.

6. Exercer une influence positive sur l’élaboration des politiques
Il revient aux Eglises locales d’instaurer un «dialogue fructueux avec les gouvernements» afin de promouvoir les droits des réfugiés climatiques. Le Vatican demande aussi que ces derniers «aient un accès égal et permanent aux services publics de base et reçoivent les documents appropriés». Il préconise «l’élaboration de politiques et de programmes d’aide à la réinstallation et au relogement» des réfugiés tout en encourageant une migration sûre, régulière et ordonnée.

7. Étendre le champ d’action de la pastorale
L’Église catholique est appelée à mettre l’accent sur «une pastorale capable de répondre aux différents besoins des catholiques ainsi qu’à ceux de personnes d’autres religions et croyances», souligne le document. Le Vatican demande donc la création de ministères pastoraux et agents là où «la crise climatique est susceptible de se produire». Dans la mesure du possible, «un bureau de coordination de la pastorale des réfugiés climatiques au sein de la Conférence épiscopale» doit être créé. Les réfugiés climatiques doivent encore bénéficier «d’un accompagnement spirituel qui les respecte avec (…) leurs propres langues, traditions, coutumes et rites qu’ils chérissent, tout en les initiant aux traditions,coutumes et rites de la communauté d’accueil», soutient le dicastère.

8. Coopération en matière de planification et d’action stratégiques
Pour prendre soin des réfugiés, L’Église a pour mission de promouvoir la coopération «entre tous les acteurs catholiques» et doit «établir des partenariats avec d’autres groupes confessionnels et organisations». Cette coopération peut par exemple permettre le développement d’un «système d’alerte» afin de suivre en temps réel le déplacement des populations et de proposer des réponses à grande échelle.

9. Promouvoir la formation professionnelle en écologie intégrale
«L’Église catholique est appelée à organiser et offrir une formation professionnelle en écologie intégrale aux agents pastoraux et autres praticiens qui partagent la même vision et la même mission», écrit le Dicastère. Ce type de formation doit avoir «une large portée» et pourra être délivrée aux personnes déplacées comme aux évêques. Il revient encore aux Eglises d’aider les fidèles à davantage connaître le contenu des divers accords internationaux signés sur le climat.

10. Encourager la recherche universitaire sur la crise climatique
Le Vatican demande enfin que soit soutenu le développement de programmes académiques traitant de la crise climatique et invite à une collaboration entre les institutions académiques et les universitaires catholiques. (cath.ch/imedia/cg/rz)

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