Evangile de dimanche: courir de nuit

Qu’est ce qui les fait courir ainsi ce premier jour de la semaine? C’est le matin et pourtant il fait encore nuit: Marie de Magdala puis Pierre et Jean prennent leurs jambes à leur cou pour aller au tombeau. En fait il fait déjà jour mais la nuit de la mort envahit leur cœur et, voyant poindre une lumière possible, ils se précipitent pour y accéder. Le récit de ce matin de Pâques nous donne à voir les tribulations de la lumière!

Dès son prologue l’évangile de Jean nous oriente vers la lumière qui brille dans les ténèbres en ajoutant que les ténèbres ne l’ont pas comprise. Qu’est-ce à dire? A pied sur le chemin de Taizé, j’ai reçu l’hospitalité d’un vieux prêtre du Jura français qui me raconta cette histoire.

Un samedi de marché dans son village le ciel était bas et il rencontra un paroissien d’humeur morose. Y’a plus de soleil disait-il… Et Gil de lui répondre: mais oui, le soleil brille par-dessus les nuages! Le premier rétorqua: «ça alors j’y avais pas pensé! Le soir venu, Gil rencontre un autre paroissien qui lui demande de ses nouvelles: il lui dit que ça n’allait pas fort car il n’y avait plus de soleil. Le paroissien l’encouragea en lui déclarant que le soleil brillait en dessus des nuages et Gil lui rétorqua: «ça alors, j’y avais pas pensé!» Cette nouvelle avait fait son chemin pendant toute la journée et le bon sens de Gil lui revenait: les ténèbres ont compris la lumière!

«Par Jésus la résurrection s’inscrit dans notre histoire humaine comme elle avait conduit toute l’histoire du peuple de l’Alliance.»

N’est-ce pas une belle parabole de la Bonne nouvelle de Pâques dont l’évangile de Jean se fait témoin? La recherche de la lumière traverse toute l’histoire des premiers croyants comme elle a guidé la marche du peuple de l’Alliance. L’attente et la curiosité ont mis en route en hâte ceux qui sont devenus familiers de Jésus. Même les païens demandaient à Philippe au cinquième dimanche de Carême: «nous voudrions voir Jésus!»

Plus la nuit est sombre plus nous avons besoin de voir clair, mais plus aussi nous pouvons percevoir la lumière, même faible et lointaine. Au point de se précipiter pour s’en réjouir. Ces trois témoins du matin de Pâques, c’est nous: Marie c’est le soin de l’amour qui visite, Jean c’est la spontanéité de la jeunesse et Pierre c’est l’autorité de l’ancien… Au début il y a comme une forme de compétition pour savoir qui sera le premier et, au final, il y a leur compréhension commune de l’Écriture.

Par Jésus la résurrection s’inscrit dans notre histoire humaine comme elle avait conduit toute l’histoire du peuple de l’Alliance. Au temps de Noé et du déluge, puis de Moïse et de l’Egypte, des prophètes et de l’exil à Babylone, des visions des prophètes… Dieu n’a jamais laissé les siens dans la mort.

C’est ce Dieu-Père qui aujourd’hui accède à notre demande et nous donne à voir Jésus en pleine lumière de vie après avoir traversé les ténèbres de la mort. Il n’y a rien d’autre à voir dans le tombeau vide que des bandelettes et des linges: il y a encore les traces de la mort mais il n’y a plus personne qui en est captif. Ce que voient les témoins, c’est la lumière d’un amour fidèle capable de transformer toute nos nuits. La lumière est enfin reçue, l’amour est digne de foi! Y’ avons-nous pensé?

Philippe Matthey | Vendredi 2 avril 2021


Jn 20, 1-9

Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre
et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

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