Homélie du 4 avril 2021 (Jn 20, 1-9)

Chanoine Jean-Jacques Martin – Église St-Pierre et Paul, Treyvaux, FR

Chers amis,

Alléluia ! L’Eglise entière, dans tous les coins du monde, chante aujourd’hui l’alléluia de la joie. Cependant, n’est-ce pas indécent de crier « Alléluia » dans un monde atteint par le coronavirus, dans un monde de désespérance et de guerre ?

Il n’y a pas de quoi pavoiser !

Le matin de Pâques, quelques femmes chargées d’aromates et de parfums n’ont jamais trouvé qu’un tombeau vide. Quand deux apôtres alertés se sont rendus, à leur tour, sur les lieux, ils n’ont jamais trouvé qu’un linceul et un linge roulé dans un coin.
Ces deux pauvres objets semblaient abandonnés là par quelqu’un de pressé. Il n’y a pas là matière à faire un scoop. Si Jésus est effectivement ressuscité, comme il l’avait annoncé, avouons qu’il est plutôt discret. Il n’a pas le triomphe tapageur…

Pourtant la fête de Pâques reste la plus grande fête et les chrétiens n’en perçoivent pas toujours l’importance.

En effet, ils ne peuvent oublier Noël : ce bébé placé entre deux animaux dans une jolie crèche de vitrine de magasin ou sous le sapin à la maison, c’est tellement émouvant.
Tout au plus, les chrétiens se réjouissent que la biographie de Jésus se termine bien. On aime rarement les histoires qui se terminent mal.

Un événement décisif

Sans la résurrection de Jésus, il n’y a pas de christianisme. C’est l’événement fondateur, central qui doit être au cœur de toute vie chrétienne. Avec la résurrection vient de se passer un événement décisif qui donne sens à toute l’histoire du monde. Cet événement formidable, même s’il fut discret, continue de se prolonger comme une onde de choc par laquelle nous sommes aussi emportés. Et cette onde de choc provoquée par Pâques se propage, puissante et repérable…

Une onde de choc

Bien sûr que le monde n’est pas toujours beau : chômage, pandémie, casseurs dans les manifestations, extrémistes dangereux.
Bien sûr que le monde est pétri de corruptions : dans la politique, dans le sport, dans la finance.
Bien sûr que des hommes ont la faculté de faire sauter la planète !

Heureusement tout n’est pas mal et laid dans le monde. Nous pouvons aussi contempler autour de nous de bonnes choses.
Alors, s’il vous plaît, chers amis, halte aux pleurnicheries…

Vivre la Pâque des enfants de Dieu

Nous sommes créés pour être, un jour, divinisés, c’est-à-dire pour que se réalise en nous une transformation radicale et inouïe. Ne nous faisons donc pas d’illusion !
On ne fabrique pas des filles et des fils de Dieu avec des sucreries et des bonbons, ni avec le chocolat des lapins de Pâques, mais en les conviant à vivre à leur tour la Pâque des filles et des fils de Dieu.

Dès lors, une question se pose à nous ce matin : où en sommes-nous de notre Pâque, celle des passages quotidiens : du pouvoir au service, de la revanche au pardon, du mensonge à la vérité, de la violence à la paix, de l’orgueil à l’humilité, de la haine à l’amour ?

N’est-ce pas là où le Seigneur nous attend ?

Belles fêtes que Pâques à toutes et à tous.

AMEN !

LA RÉSURRECTION DU SEIGNEUR
Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117, 1-2, 16-17, 22-23; Colossiens 3, 1-4 ou 1 Corinthiens 5, 6b-8; Jean 20, 1-9 ou Marc 16, 1-7

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