Constitution, Chine, Unité de l’Église: le cardinal Parolin s'exprime

Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a accordé un entretien à la radio espagnole Cope, diffusé le 5 avril 2021. Il s’est notamment arrêté sur les raisons qui entraînent des divisions au sein de l’Église et a commenté les fruits de l’accord entre le Vatican et la Chine.

Le probable titre de la nouvelle Constitution apostolique : Praedicate Evangelium

Évoquant la réforme de la Curie, le haut prélat a dévoilé que le titre provisoire de la Constitution apostolique à venir, Praedicate Evangelium, (Prêcher l’Évangile, en latin), serait probablement conservé. Selon le nouveau texte, la mission du Secrétaire d’État ne devrait pas changer : il continuera à «coordonner» les trois sections actuelles – la section pour les Affaires générales, la section pour les relations avec les États et la section pour le personnel diplomatique. Une primauté sera sans doute accordée au travail de la deuxième section, celle de la «diplomatie ecclésiastique».

Inquiétudes concernant les divisions au sein de l’Église  

Interrogé sur les désaccords entre conservateurs et progressistes au sein de l’Église, le haut prélat a déclaré sans détour : «Quiconque voit la situation de l’Église aujourd’hui doit se préoccuper de ces choses». «Le Christ a prié pour l’unité de l’Église (…) Il y a lieu de s’inquiéter», a-t-il ajouté. À l’entendre, les divisions découlent «probablement du fait que le pape met beaucoup l’accent sur la réforme de l’Église et qu’il y a beaucoup de confusion à ce sujet».

Certaines choses, comme la structure de l’Église, le dépôt de la foi, les sacrements ou encore le ministère apostolique ne peuvent être changées, a-t-il expliqué, mais «il y a toute une vie de l’Église qui peut être renouvelée». «La racine du problème» vient du fait qu’on ne fait pas la distinction «entre ce qui est essentiel et ne peut changer et ce qui n’est pas essentiel et doit être réformé, ce qui doit changer selon l’esprit de l’Évangile», a-t-il analysé.

Le pape François, un homme simple et sans protocole

Le «numéro 2» du Vatican a encore évoqué sa relation avec le pape François. Se disant très surpris d’avoir été nommé à la tête de la Secrétairerie d’État il y a maintenant 8 ans, il a expliqué en quoi il percevait sa différence de tempérament avec le pape comme «un avantage». «Il s’agit de transformer nos différences en richesse pour le monde», «que cela ne devienne pas un conflit mais une collaboration» et que chacun, par son point de vue, son style ou encore sa culture, puisse collaborer avec l’autre.

Il s’est dit frappé par la simplicité du pape François, «un homme sans protocole», et a salué sa proximité avec les gens. Enfin, il a confié admirer «son désir de rendre l’Église plus crédible dans l’annonce de l’Évangile».

Chine : rien n’est possible sans la communion avec le pape

«L’Église en Chine représente une partie fondamentale de l’Église catholique et (…) tout ce qui a été fait et est en train d’être fait vise à protéger cette communauté qui est encore petite mais qui a une grande force et vitalité», a assuré le secrétaire d’État, interrogé sur l’accord entre le Vatican et la Chine. «Tout ce que l’on fait, c’est de garantir une vie normale dans l’Église en Chine» en assurant des «espaces de liberté religieuse» et de communion «car on ne peut pas vivre dans l’Église catholique sans communion avec le successeur de Pierre».

«Nous regardons donc l’Église en Chine avec un grand respect, également pour son histoire, (…) une histoire qui comporte beaucoup de souffrances», a-t-il ajouté. Si les mesures prises «n’ont pas résolu tous les problèmes qui existent encore et demanderont probablement beaucoup de temps», elles «vont dans la bonne direction, vers une conciliation au sein de l’Église», a-t-il déclaré.

Irak : le cardinal salue la foi des chrétiens

Revenant sur le récent voyage du pape en Irak, le cardinal a déploré que le «climat de méfiance et d’incertitude» ne permette pas «aux chrétiens d’entrevoir un avenir dans le pays». Ces chrétiens persécutés nous apprennent que le témoignage de la foi «va jusqu’au martyre», a-t-il observé. Leur résilience nous enseigne «cette capacité à être fidèle malgré toutes les difficultés» et invite à la solidarité.

Changements anthropologiques en Europe

Le haut prélat italien s’est attristé de la déchristianisation de l’Europe et des  »changements anthropologiques» qui sont en train de se produire selon lui. Plutôt qu’une perte de foi, il y a «une perte de raison» sur le Vieux continent, a-t-il analysé. «La question de l’avortement n’est pas une question religieuse», a-t-il illustré en reprenant les mots du pape François.

Aujourd’hui en Europe, «nous ne pouvons rien imposer, mais nous devons offrir un témoignage cohérent et convaincu de la vie chrétienne», a-t-il suggéré en comparant l’époque dans laquelle nous vivons aux premiers temps du christianisme. Il a conclu son entretien en ces mots : «aujourd’hui plus que jamais nous avons besoin de prières, d’une campagne de prières, de nous unir tous dans la prière pour que le Seigneur nous aide à être fidèles à notre mission [et à] notre appartenance à l’Église». (cath.ch/imedia/cg/mp)

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