Le réversible et l'irréversible

Les prochains mois seront pour la Suisse et pour le monde synonymes de dilemmes éthiques difficiles. Les gouvernements continueront de jouer les équilibristes face au coronavirus, avec en toile de fond cette question épineuse: faut-il sauver en premier l’économie ou la santé publique? Le peuple suisse sera également amené à se prononcer sur l’interdiction des pesticides de synthèse.

Deux types de débats peut-être moins éloignés l’un de l’autre que ce que l’on pourrait penser. Les questions de vie et de mort y sont bien présentes. Morts au sein des écosystèmes naturels ou morts dans les hôpitaux… deux phénomènes bien sûr inégaux du point de vue éthique, mais qui soulèvent des questions semblables.

L’un des aspects du débat concerne la «jauge» des souffrances. A laquelle donner la priorité? A celle de l’agriculteur qui voit dépérir ces plantations? A celle de la nature dévastée par les activités humaines? A celle du restaurateur qui voit son moyen de subsistance s’effondrer? A celle de la petite-fille qui perd son grand-père?

Les réponses éthiques ne sont pas si simples. Mais les critères de réversibilité et d’irréversibilité sont sans doute à considérer. Les économies se reconstruisent, même celles qui ont été dévastées par la guerre, l’histoire l’a à maintes reprises démontré. Les cultures se replantent.

Mais, quand une espèce animale disparaît, c’est pour toujours. Et, mis à part Notre Seigneur, personne n’est jamais revenu de la mort.

Raphaël Zbinden

12 avril 2021

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