Philip d’Edimbourg: le croyant derrière le prince

Le samedi 17 avril 2021, le prince Philip, époux de la reine Elisabeth d’Angleterre, sera enterré. Les funérailles, présidées par l’archevêque de Cantorbéry, seront retransmises dans le monde entier. Portrait du défunt, qui fut aussi homme de foi.

Anne-Françoise de Beaudrap/cathobel

Parmi les hommages qui se sont élevés depuis l’annonce du décès du prince Philip, le 9 avril, les représentants religieux britanniques soulignent ce que la vie du duc d’Édimbourg a pu apporter à la société. Selon Justin Welby, archevêque de Cantorbéry et primat de la Communion anglicane, le défunt «plaçait constamment les intérêts des autres au-dessus des siens et de cette manière, a donné un exemple exceptionnel de foi chrétienne.» Les hommages sont venus des différentes familles religieuses, y compris de la communauté musulmane ou du grand rabbin Ephraim Mirvis qui confiait sur Twitter avoir «beaucoup apprécié ses conversations personnelles avec le Duc d’Édimbourg» .

Philip, né en 1921 en Grèce, a passé son enfance dans un climat pieux au sein de l’Église orthodoxe. Sa mère, la princesse Alice de Battenberg, a lutté pendant la Seconde Guerre mondiale pour sauver de nombreux Juifs de l’élimination. A la fin du conflit, elle est devenue religieuse dans un monastère orthodoxe grec. Quand le coup d’État militaire éclate en 1967, Philip, devenu prince consort, est revenu chercher sa mère pour lui proposer d’habiter à Buckingham Palace. A Londres, elle a poursuivi sa vie de religieuse dans une petite chapelle privée au sein du palais.

Pleine communion

En 1947, pour épouser Elisabeth, qui était alors princesse d’Angleterre, le prince Philip a dû accepter d’entrer dans l’Église anglicane. L’archevêque Geoffrey Fisher de Canterbury avait écrit au roi Georges VI, en soulignant: «sauf à marquer son entrée dans l’Église anglicane, un membre grec orthodoxe ne peut entrer en communion pleine et entière avec nous». Cette démarche de baptême a été commune à plusieurs membres entrants dans la famille royale britannique, même si elle n’est plus officiellement obligatoire depuis 2013.

La série «The Crown» a contribué à révéler un aspect peu connu de la vie du prince Philip. A partir de la fin des années 1960, il a mis en place des débats spirituels et interreligieux autour de la Chapelle Saint Georges. Le site internet de cette institution qui continue de proposer des conférences et des cours de haut-niveau, raconte: «Le duc d’Édimbourg et le doyen de Windsor, à l’époque le très révérend Robin Woods, ont identifié le besoin d’un endroit où les dirigeants de la société pourraient se réunir en privé pour s’attaquer aux problèmes nationaux et internationaux.»

Respect de la nature

Cette ouverture vers une réflexion commune à d’autres religions a donné lieu à une autre initiative en 1986, en marge des rencontres d’Assise. Le prince Philip a invité des leaders chrétiens, juifs, hindous ou bouddhistes, pour débattre de la manière dont les croyants doivent prendre soin de la planète. Moins de dix ans plus tard, le duc d’Édimbourg a contribué à fonder l’ARC (Alliance des Religions et de la Conservation) pour approfondir cette question. Les membres de cette organisation internationale s’engagent sur deux promesses: «Le maintien et la subsistance du système biologique de la vie est une responsabilité religieuse» et deuxièmement, «la nature doit être traitée avec respect et compassion.» Un discours très proche du langage actuel du pape François.

Le prince Philip a eu l’occasion de rencontrer les papes à plusieurs reprises lorsqu’il accompagnait la reine en déplacement officiel. Il était pourtant, selon différentes sources, assez critique vis-à-vis de l’Église catholique à qui il reprochait certaines prises de position, notamment sur le contrôle naturel des naissances. Sa dernière rencontre s’était produite avec le pape François en avril 2014, à peine un an après l’élection de Jorge Mario Bergoglio. Selon les observateurs, le prince Philip avait offert au nouveau pape un panier en osier contenant, entre autres, du whisky de Balmoral. Ce déplacement au Vatican correspond pour le duc d’Edimbourg à l’un de ses derniers engagements publics internationaux, avant qu’il ne se retire de toute activité. Quatre ans plus tôt, en 2010, le Britannique avait rencontré Benoît XVI lors de la visite que celui-ci avait effectuée en Grande-Bretagne. (cath.ch/cathobel/mp)

Rédaction

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