USA: Nike obtient l’arrêt des ventes des «baskets de Satan»

Une série limitée de baskets contenant chacune une goutte de sang a déclenché une polémique aux États-Unis et une attaque en justice de Nike. La société MSCHF, qui vend ces «Satan shoes», a reçu l’ordre de stopper leur vente. Réalisées en partenariat avec le rappeur américain Lil Nas X, elles ont valu à ce dernier d’être accusé de satanisme. 

Rarement baskets n’avaient fait un tel buzz. Noires et ornées d’un pentagramme (étoile inversée à cinq branches) sur la languette, leurs semelles sont remplies d’un liquide rouge dans lequel aurait été versée une goutte de sang humain. On y lit aussi l’inscription «Luc 10:18», en référence au verset biblique «Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair». Le modèle, initialement une basket Air Max 97 fabriquée par Nike, a été «customisé» en lien avec le clip du rappeur américain Lil Nas X intitulé «Montero», dans lequel le jeune homme danse «langoureusement» avec le diable.

Dès leur mise en vente, ces baskets au parfum de scandale ont valu au rappeur de 21 ans d’être accusé d’apologie du satanisme et de blasphème: «Nous sommes engagés dans un combat pour sauver l’âme de notre nation», a tweeté à leur sujet la gouverneure républicaine du Dakota du Sud, Kristi Noem.« Nous devons nous battre avec acharnement.»

Des baskets arrachées en quelques minutes

Pour le jeune rappeur de 21 ans, les choses avaient pourtant bien commencé. Le 29 mars, à la veille de Pâques, ses 666 paires de baskets se sont arrachées en quelques minutes, bien qu’elles aient été vendues au prix faramineux de 1018 dollars la paire (soit 987 CHF environ). 

La société MSCHF, le collectif d’art qui les a mises en vente, avait déjà fait polémique avec des «baskets de Jésus», issues de Nike Air Max 97 blanches, qui contenaient de l’eau bénite dans la semelle. Alors que le fabricant n’avait alors rien trouvé à redire, il va cette fois répliquer le jour même, en sortant les griffes.

L’attaque en justice de Nike

Le 29 mars, Nike assigne MSCHF en justice pour contrefaçon de marque, obtenant du même coup l’arrêt de leur vente. Dès le début de l’affaire, le géant de la basket a affirmé qu’elle n’avait pas autorisé leur fabrication et n’était «en aucun cas associé à ce projet». Le juge a donc prononcé une interdiction provisoire, estimant que les actions du collectif d’art MSCHF étaient «susceptibles de ternir» la marque.

«Il n’y a pas de meilleure façon d’entamer un débat sur la culture de la consommation qu’en participant à la culture de la consommation», a contesté le collectif artistique, qui en appelle à l’art et à la liberté d’expression. Le 16 avril dernier, il a toutefois fini par plier. «Dans le cadre de ce règlement, Nike nous a demandé, et nous avons accepté, d’initier un rappel des ›Satan Shoes’ et des ›Jesus Shoes’» pour les retirer de la circulation. Et même rembourser les clients qui en feraient la demande avant le 21 avril. (cath.ch/ag/cp)

Qui est Lil Nas X?
À seulement 21 ans, Lil Nas X est devenu le phénomène du rap US, en faisant de chacune de ses apparitions un événement. Né le 9 avril 1999 en Géorgie aux Etats-Unis, il commence à jouer de la trompette à sept ans. En 2019, il dévoile un premier projet, baptisé «7», composé de huit titres, dont le tube Old Town Road, qui le fera connaître dans le monde entier. Il a fait son coming-out gay en juin 2019. 
Passé maître en matière de provocation, le jeune rappeur avait déjà enflammé la Toile avec son dernier clip, Montero, dans lequel il reprenait des scènes de la Bible, faisant de la pole dance (discipline qui mêle danse et acrobaties autour d’une barre, ndlr) en enfer ou une lap dance (danse érotique dans laquelle une personne est assise et une autre danse en contact avec elle, ndlr) sur le diable. Un clip qui a totalisé 55 millions de vues en cinq jours sur YouTube. CP

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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