Mozambique: l’épiscopat dénonce les violences dans le nord-est

Dans une déclaration rendue publique le 14 avril, les évêques du Mozambique dénoncent les violences dans le nord-est du pays, notamment dans la province de Cabo Delgado, marquée par «l’insécurité, la famine et les actes de barbarie» dont souffre la population civile.

Dans un communiqué, les évêques mozambicains, réunis à Marracuene, au sud du pays depuis le 14 avril, dénoncent le conflit qui sévit depuis 2017 dans la province de Cabo Delgado. Selon eux, se cache derrière ce conflit «des intérêts de diverses natures», notamment ceux de «certains groupes» qui veulent «s’approprier la nation et ses ressources». Ils condamnent «tous les actes de barbarie» perpétrés jusqu’à présent sur «des personnes sans défenses, tuées, blessées ou maltraitées» qui voient «leurs biens pillés, leurs maisons envahies et détruites, les restes de leurs ancêtres profanés» et ne trouvent leur salut que dans la fuite.

Les évêques lancent également une mise en garde sévère contre le détournement des ressources de la région qui s’opère, alimentant «la révolte et la rancœur dans le cœur des jeunes», devenant «cause de mécontentement, de division et de douleur». Ces ressources doivent au contraire «être mises au service des communautés locales et devenir une source de subsistance et de développement pour tous».

Des jeunes poussés à l’insurrection

Dans un tel contexte, les jeunes, privés d’espoir en un avenir meilleur, sont «poussés à rejoindre diverses formes d’insurrection, telles que la criminalité, le terrorisme et l’extrémisme politique et religieux». Pour la majorité des jeunes Mozambicains, en effet, «il n’existe aucune possibilité de se construire une vie digne», tandis que la société «ignore leurs souffrances et n’écoute pas leur voix». D’autre part, poursuit la conférence épiscopale, «si le pays lui-même semble manquer d’une direction ou d’un projet commun auquel tous sont invités à collaborer activement, comment les jeunes peuvent-ils avoir une quelconque perspective ?».

«Rien ne justifie la violence», soulignent encore les évêques, qui expriment leur «totale solidarité avec les plus faibles et les jeunes qui aspirent à une vie digne» avant de rappeler que «les religions ont une grande contribution à apporter à la résilience des communautés, car elles poursuivent un idéal de société unie et solidaire». Pour sa part, l’Eglise catholique «s’est toujours engagée à collaborer pour le bien de la nation».

Un appel à créer des emplois

À cet égard, les évêques demandent que «les forces politiques nationales, les organisations présentes dans le pays, la communauté internationale» unissent leurs efforts pour aider les personnes déplacées, en créant également «davantage d’opportunités de travail et de développement pour tous». L’espoir de la conférence épiscopale est que «chacun contribue à la pacification du pays, en protégeant la population, en fermant les voies de financement de la guerre, en isolant et en arrêtant les individus ou les groupes qui profitent de la tragédie de Cabo Delgado» pour leur propre bénéfice.

La note des évêques se termine par une citation de l’encyclique Fratelli tutti du Pape François, qui, à plusieurs reprises, a lancé des appels à la paix dans la région: «L’espérance est audace, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne. Marchons dans l’espérance !» (cath.ch/vatnews)

Mozambique : une crise humanitaire et sécuritaire
Dès la fin 2017, la situation dans la région de Cabo Delgado, au nord-est du Mozambique, n’a cessé de se dégrader sous le coup des attaques de groupes armés, affiliés au groupe Etat islamique. Le 24 mars dernier, ils ont semé la terreur dans la ville portuaire de Palma. Depuis le début des attaques terroristes, qui a causé la mort d’au moins 2 600 personnes, plus de 700 000 personnes ont été forcées de quitter leur domicile. La malnutrition devient préoccupante, avec 13% des enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë. La crise humanitaire, alerte une équipe de l’ONU revenue d’une mission dans la région, recèle le risque d’accélérer le recrutement au sein de groupes armés jihadistes qui y sévissent. Le Haut-Commissaire du l’ONU pour les réfugiés, qui alerte sur la gravité de la crise, souligne lui aussi que le défi est d’empêcher que ces groupes armés s’étendent. CP

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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