JMJ à Berne, avec le témoignage 'à distance' de Jean-Paul Hernandez

Les JMJ se tiendront à Berne les 23 au 25 avril 2021. Elles seront ponctuées par des enseignements ‘online’ du Père Jean-Paul Hernandez. «L’Évangile fut le premier enseignement ‘à distance’ pour les chrétiens», indiquera le jésuite aux participants. Un événement également à suivre sur cath.ch.

Fils de parents espagnols, Jean-Paul Hernandez est né à Berne, a grandi à Bienne, a étudié à Fribourg et a rejoint l’Ordre des Jésuites en Italie. Basé à Naples, le jésuite se réjouit de revenir dans le pays qui l’a vu grandir, même s’il ne pourra pas rencontrer physiquement les jeunes – et moins jeunes – participants aux troisièmes JMJ en Suisse. Les événements seront disponibles en ligne sur cath.ch.

Comment appréhendez-vous cette nouvelle formule «JMJ en ligne»?
Père Jean-Paul Hernandez: Commenter et partager la Parole de Dieu ne peut se faire que dans une relation humaine et vivante. C’est la communauté devant moi pendant les messes ou lors de groupes bibliques qui inspirent mes paroles. C’est à travers leur regard, leur visage et leurs expressions que je reçois l’intuition, l’idée, la parole juste. Sans cette source d’inspiration qu’est la communauté, la relation humaine, avec une présence physique, l’exercice est artificiel. Les questions autour de la foi sont tellement personnelles et intimes, qu’elles sont physiques. L’intériorité n’est pas immatérielle, paradoxalement. Elle ne peut être exprimée qu’avec le corps, comme nous enseigne la Bible. Sans le corps, la foi n’est pas à son aise. La foi se communique avec le toucher.

En même temps, parler devant une caméra, c’est un challenge, c’est un défi. Depuis une année, j’assure chaque dimanche le commentaire de l’Évangile pour la chaîne catholique italienne TV2000 avec deux cameramen pour seul auditoire. Si je retiens une chose de cette expérience, c’est que je ne peux parler qu’en priant. Par la prière, les personnes sont présentes devant moi, devant mon cœur. Et quand il s’agit des questions de la foi, pour moi, prier est une condition sine qua non.

Que souhaitez-vous transmettre aux jeunes qui seront derrière leur écran ou réunis en petits groupes?
Leur dire que la condition de la pandémie de Covid que nous vivons nous remet dans la situation de toutes premières communautés chrétiennes. Les toutes premières lettres d’enseignement de la foi à distance sont celles de saint Paul. La foi se transmet par la présence physique, mais quand le formateur ou l’Apôtre n’est plus présent pour continuer à annoncer l’Évangile, on utilise les moyens à disposition. Paul a pris celui du monde culturel gréco-romain de l’époque, un moyen épistolaire. Comme Paul n’a plus été dans les Églises auxquelles il a écrit, il a demandé que ses lettres soient lues en communautés. D’une certaine façon, le christianisme est né de cette manière: en petits groupes locaux, réunis en présence physique, mais en absence du formateur.

De même pour les Évangiles. Que sont-ils, sinon un moyen technique et matériel pour se substituer à une absence: celle de l’Évangélisateur. Le premier texte, celui de Marc, a été écrit dans le cadre de la communauté de Rome. En l’absence de Pierre, martyrisé en 64 ou 68, on a rassemblé toutes les notes, les homélies de Pierre, et Marc a admirablement bien construit un instrument pour l’annonce à distance: le récit de l’Évangile. Il y a donc un retour aux origines, qui est très émouvant, mais qui nécessite que la communauté se retrouve en petits groupes. L’Évangile est fait pour la communauté.

Quels thèmes allez-vous aborder avec les jeunes, en cette année 2021?
Le thème de ces JMJ est le ‘témoignage’. Pour un jeune croyant, il est très important d’approfondir ce que dit la Bible sur le témoignage. Parce qu’un jeune chrétien est toujours en porte-à-faux par rapport à deux affirmations. La première est l’envoi que Jésus adresse dans les Évangiles: annoncer la foi, faire des disciples et les baptiser. En d’autres mots: partager la beauté d’avoir découvert l’amour fou de Dieu qui change la vie. L’autre affirmation est le respect maximum de l’autre, l’écoute de l’autre, dans sa différence et peut-être dans son refus de la foi, dans un cadre où les chrétiens sont une minorité, dans beaucoup de contextes. Qu’est-ce que cela veut dire de respecter l’autre et ne pas l’envahir, au regard de l’Histoire où la foi a été plusieurs fois imposée avec violence?

«Être témoin: ce n’est ni commercial, ni être toujours politiquement correct»

Deux principes en contradiction. C’est pour cela que la catégorie du témoignage permet de sortir de cette apparente contradiction entre respect de l’autre et l’impératif d’annoncer la foi et faire des disciples. Que veut dire être témoin? Ce n’est pas commercial. Mais ce n’est pas non plus être toujours politiquement correct et ne jamais parler de sa foi. C’est quelque chose d’autre qui à avoir avec le fait de donner sa vie. C’est la vocation de chaque croyant: bien plus qu’évangéliser et bien plus que respecter l’autre. Aimer, c’est la façon la plus radicale de donner sa vie.

Comment se passera votre séjour en Suisse?
Vendredi, en arrivant en Suisse, j’irai d’abord à l’Aumônerie catholique de Bâle, pour une rencontre entre ‘Art et Évangélisation’, dans le cadre du projet Living Stones (Pierres vivantes), qui me tient très à cœur. Puis je reviendrai Berne pour les JMJ. Ça me touche beaucoup de revenir dans cette ville où je suis né. Puis j’ai grandi à Bienne, avant d’étudier les lettres à l’Université de Fribourg. Mais je n’aurai pas beaucoup de temps pour visiter de vieux amis. Je prendrai du temps pour la prière aussi, afin que mon témoignage pour les jeunes soit habité. Sans la prière, je me sens faux. (cath.ch/gr)

> Vers le site des JMJ de Berne.

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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