«Laudato si' et Fratelli tutti sont deux expressions de l'esprit scout»

À Rome, dimanche 25 avril, se tiendra une messe pour le scoutisme à l’occasion de la saint Georges, patron du mouvement, à Saint-Louis des Français. Le Père Jacques Gagey, aumônier mondial de la Conférence internationale catholique du scoutisme (CICS*), présidera la célébration qui sera retransmise en direct à 15h00 sur la page Facebook du mouvement.

Hugues Lefèvre, I.MEDIA

Dans ces mois marqués par la pandémie de Covid-19, le prêtre français explique à l’agence I.MEDIA pourquoi le scoutisme ne souffre pas de la crise. Au contraire, il permet de replacer l’homme au cœur de la nature et de vivre la fraternité humaine.

Le scoutisme est-il touché par la crise sanitaire?
Jacques Gagey: Au niveau mondial, le scoutisme est toujours en croissance et la pandémie n’a pas empêché les activités de perdurer – même si des formations pour les responsables adultes ont été annulées. Le scoutisme, c’est le grand air; et nous savons que la circulation du virus est moindre en extérieur. Autrement dit, le grand air nous protège mieux.

Je voudrais aussi souligner que, généralement, les scouts aiment bien les situations d’urgence. Il y a eu, ici et là, des initiatives solidaires. Mais il ne faudrait pas non plus se leurrer: la mission des scouts n’est pas de résoudre des problèmes d’adultes. Ils peuvent certes aider en participant à des actions ponctuelles. Mais la vocation première du scoutisme est l’éducation de la jeunesse.

La pandémie a révélé une déconnexion de nos modes de vie avec la nature. Et paradoxalement, les divers confinements ont sans doute stimulé le désir de beaucoup de renouer avec cette nature… Le scoutisme bénéficiera-t-il de cet engouement?
Dans beaucoup de pays développés, le scoutisme fait figure de résistant depuis des années, puisqu’il place des milliers de jeunes au cœur de la nature. Effectivement, la pandémie et ses conséquences sont l’expression d’une certaine déconnexion de l’espèce humaine de la réalité du monde. L’homme moderne a oublié la présence autour de lui d’écosystèmes diversifiés avec lesquels il a une relation artificialisée. Il ne sait plus y vivre en symbiose. Et il ne va plus y chercher les métaphores spirituelles pour s’élever.

Le scoutisme, c’est tout le contraire. C’est le rapprochement de l’humanité avec tout le vivant. En permettant de vivre cette relation étroite avec la création, le scoutisme permet de retrouver le rythme de notre existence et de renouer avec notre histoire. Le scoutisme est par essence religieux. Ce sont les chrétiens qui le proposent.

Mais ce n’est pas tout. Le scoutisme rend aussi possible la rencontre réelle entre des jeunes d’horizons divers. C’est un lieu assez unique où se côtoient chrétiens et non-chrétiens, où la diversité peut vivre en harmonie une même réalité. Cette fraternité a quelque chose d’assez prophétique.

Nature, fraternité… Telles sont les thématiques des deux dernières encycliques du pape François. Est-il un «pape scout»?
Il est clair que Laudato si’ et Fratelli tutti sont deux expressions de l’esprit scout. Un esprit qui considère l’humanité comme une famille et la nature comme la maison familiale. Aux yeux de Dieu, l’existence d’un chrétien pratiquant français est aussi heureuse que l’existence d’un jeune musulman ou bien d’un jeune athée. Il aime tous ses enfants. Le scoutisme permet d’approcher cette réalité. Et si le catholicisme affirme que le monde est une famille, je crois que le scoutisme donne aux jeunes catholiques ce monde à rencontrer dans sa diversité.

*La CICS, qui travaille avec le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, a pour but de développer et approfondir la dimension spirituelle du scoutisme, en accord avec l’unité et la diversité du mouvement scout mondial.

(cath.ch/imedia/hl/rz)

I.MEDIA

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/laudato-si-et-fratelli-tutti-sont-deux-expressions-de-lesprit-scout/