Vers une ambassade suisse près le Saint-Siège à Rome

De passage à Rome pour assister à l’assermentation des Gardes suisses, le 6 mai 2021, le président de la Confédération, Guy Parmelin, a rencontré le pape François en audience privée dans la matinée. Le président a confié que le projet d’une ambassade suisse près le Saint-Siège à Rome pourrait se concrétiser prochainement.

Le président de la Confédération Guy Parmelin a rencontré le pape. Il a ensuite rencontré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, accompagné de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États. Il a répondu à quelques questions d’I.Média à l’issue de la rencontre.

Après votre rencontre avec le pape, le Bureau de presse du Saint-Siège a expliqué que la Suisse et le Vatican avaient le souhait de renforcer leur collaboration. Quelle forme pourrait prendre ce rapprochement?
Nous avons déjà beaucoup de points communs. Les deux entités s’engagent dans des aspects de défense des plus démunis, dans le cadre de la crise notamment. Dans différentes enceintes, nous collaborons avec le Vatican. Un élément qui permettra peut-être de renforcer nos liens est l’éventuel projet que le département fédéral des Affaires étrangères prépare.
Il s’agirait d’ancrer une ambassade ici, alors qu’actuellement, c’est l’ambassadeur suisse en Slovénie qui représente la Suisse au Vatican. C’est un projet que le département doit soumettre au Conseil fédéral pour approbation. Si le Conseil le soutient, naturellement il consultera les commissions des affaires extérieures des deux conseils, et nous pourrons aller de l’avant. Ce pourrait être un geste concret supplémentaire pour consolider nos relations qui sont excellentes.

Dans combien de temps peut-on espérer l’ouverture d’une ambassade près le Saint-Siège à Rome?
Cela dépend de différents facteurs. D’abord, il faut que le Conseil fédéral se saisisse du projet, ce qui pourrait être fait assez rapidement. Ensuite, les consultations des commissions des Affaires extérieures sont une obligation. Cela peut aller extrêmement vite mais je ne peux pas donner de date car vous connaissez notre système politique, parfois complexe.

«Il s’agirait d’ancrer une ambassade ici, alors qu’actuellement, c’est l’ambassadeur suisse en Slovénie qui représente la Suisse au Vatican.»

Avez-vous évoqué avec le pape ou le cardinal Parolin l’affaire Esterman, commandant de la Garde suisse assassiné en 1998?
Nous ne l’avons pas évoquée, ni avec le pape, ni avec le cardinal Parolin. Je dois dire qu’il y a certainement des procédures en cours. Ce sont des affaires qui se règlent au niveau d’un État étranger. Ce n’est pas le rôle du Conseil fédéral d’interférer dans ces procédures.

Sur quels autres sujets avez-vous échangé avec le pape?
Ce fut un échange très cordial. Il n’y avait pas un ordre du jour établi. J’ai évoqué quelques aspects des relations entre la Suisse et le Vatican. Nous aurions dû fêter le 100e anniversaire du renouvellement des relations en 2020. Avec la pandémie, nous l’avons déplacé cette année. Cet automne, le cardinal Parolin viendra en Suisse consacrer cet anniversaire. C’est la première fois que nous aurons un ‘Premier ministre’ du Vatican en Suisse. Je crois que c’est un signe de consolidation des relations entre le Vatican et la Suisse.

Le projet de financement de la caserne des Gardes suisses a-t-il été au menu des discussions?
J’ai effectivement évoqué le soutien que le Conseil fédéral a accepté d’apporter à la reconstruction de la caserne pour la Garde suisse. Le projet de financement par le Conseil de 5 millions de francs est entre les mains du Parlement. La reconstruction de la caserne est un gros projet auquel une fondation s’attèle pour trouver des fonds. Nous avons évoqué les aspects pratiques avec le cardinal Pietro Parolin. Il faudra par exemple que les Gardes suisses soient logés ailleurs pendant la durée des travaux. Le Vatican prendra cela à sa charge.

La pandémie de Covid-19 a-t-elle été évoquée?
Nous avons évoqué plusieurs aspects relatifs à la pandémie, ses conséquences sur les jeunes qui risquent de ne plus pouvoir bénéficier d’instruction dans certains pays. Le pape a signifié son inquiétude de voir que tout s’arrêtait dans certaines régions. Il porte la crainte d’avoir une pandémie dans la pandémie. Il était intéressé de voir l’investissement et la manière dont le système suisse est organisé, avec les cantons qui ont la base de l’éducation et de la formation, et le système fédéral qui soutient par différents moyens les hautes écoles et universités sans oublier la formation professionnelle. Il a trouvé que le système était efficace.

Avez-vous parlé de la récente décision américaine de lever les brevets des vaccins anti-covid? La position de la Suisse va-t-elle évoluer sur ce sujet?
Non, cela n’a pas été abordé avec le pape. La Suisse a toujours été pour la protection des brevets afin de favoriser l’innovation, le dynamisme et la possibilité pour les entreprises de rechercher des solutions et de favoriser la recherche. En parallèle, la Suisse s’est engagée dans le programme Covax pour apporter son appuie de façon à ce que des pays qui en ont besoin puissent être soutenus dans la crise.
En l’état actuel des choses, la position de la Suisse n’a pas changé. Nous pensons que c’est peut-être une «fausse bonne idée». Il est mieux de permettre aux entreprises de regrouper leurs forces et d’avoir la garantie qu’elles auront quelque chose pour développer la recherche et arriver à des résultats. (cath.ch/imedia/cg/bh)

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