Evangile de dimanche: Aimer Com’

Nous avons tous en mémoire des moments où sonne l’heure de séparations  douloureuses: quitter un groupe chaleureux, un ami proche ou plus déchirant encore, un membre de notre famille emporté dans la mort. Avec quelle attention recueillons-nous les derniers gestes, les dernières paroles…

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus sait qu’il passe ses derniers instants avec ses disciples et il leur dit de quelle affection il les a aimés: «Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.»

Dimanche dernier, la parabole de la vigne montrait que le sarment ne peut vivre et porter du fruit que s’il demeure enté sur le cep. De même le disciple ne participe à la vie divine qu’en étant greffé sur le Christ. Par cette image, Jésus exprime la relation nouvelle qu’il est venu établir entre Dieu et les hommes: celle d’une relation intime et féconde, qui est relation dans l’amour.

C’est le sommet de la révélation: la connaissance dévoilée par le Fils, d’un Père qui est Amour et avec lequel le Fils entretient un lien unique d’intimité. Mais si ces relations sont évoquées, elles ouvrent tout aussitôt des perspectives concernant l’humanité, c’est-à-dire nous tous aujourd’hui. Cela laisse entendre que l’amour qui lie les personnes divines, loin de les replier sur elles-mêmes, les ouvre nécessairement vers autrui. Tout ce que le Fils reçoit du Père, c’est pour le donner. Et l’amour dont il est aimé est l’aune dont il aime ses disciples.

En retour, Jésus demande à ses disciples de demeurer dans son amour. Mais comment? Très concrètement, en gardant ses commandements. Et pourquoi? «Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite.» Paradoxe étonnant que de parler de joie alors que la Passion est imminente. Paradoxe aussi pour les disciples qui seront bientôt affrontés au choc de la mort de leur Maître. Mais joie possible cependant à la perspective d’entrer dans l’intimité profonde à laquelle Jésus les invite désormais: «Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis.»

«‘Comme le Père m’a aimé…’ Ce ‘comme’ peut nous donner le vertige. Le propre de l’amour de Dieu n’est-il pas d’être infini et sa mesure, d’être sans mesure!»

Emouvant discours d’adieu. Ultimes recommandations. Testament de Jésus qui se cristallise sur cet unique rappel: «Aimez-vous les uns les autres.» Rien de vraiment nouveau? Déjà le livre du Lévitique demandait. «Aime ton prochain comme toi-même.»

Mais désormais, la référence ne sera plus l’amour que l’on se porte à soi-même, mais l’amour divin. «Comme le Père m’a aimé…» Ce ›comme’ peut nous donner le vertige. Le propre de l’amour de Dieu n’est-il pas d’être infini et sa mesure, d’être sans mesure!

«Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.» Nombreuses sont les manières de donner sa vie. Toutes ne sont pas spectaculaires. Savons-nous discerner celles que notre quotidien nous offre?

«Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.» Oui, le Père exauce notre prière quand il y reconnaît celle de son Fils en nous et en notre nom, la prière inspirée par l’amour véritable.

Sœur Véronique | Vendredi 7 mai 2021


Jn 15, 12-17

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Mon commandement, le voici :
Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;
je vous appelle mes amis,
car tout ce que j’ai entendu de mon Père,
je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,
c’est moi qui vous ai choisis et établis
afin que vous alliez,
que vous portiez du fruit,
et que votre fruit demeure.
Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande :
c’est de vous aimer les uns les autres. »

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