Paris: une marche en mémoire à des martyrs catholiques prise à partie

Une marche de prière organisée le 29 mai 2021 par le diocèse de Paris en mémoire des martyrs catholiques de la Commune de Paris a été interrompue en raison d’une contre-manifestation d’extrême gauche qui a donné lieu à des actes de violence.

Ce samedi 29 mai, le diocèse de Paris a organisé une procession, la Marche des Martyrs, afin de commémorer le 150e anniversaire du massacre de la rue Haxo au cours duquel cinquante otages ont été fusillés dont dix ecclésiastiques. Forte d’environ 300 participants, elle devait suivre le chemin que les otages ont emprunté depuis le lieu de l’ancienne prison de la Roquette jusqu’à l’église Notre-Dame des Otages (XXe arrondissement), édifiée là où ils ont été tués.

La procession est donc partie vers 17 h 15 du square de la Roquette, dans le XIe arrondissement de Paris, afin de suivre le chemin des prisonniers de l’ancienne prison de la Roquette, où fut par ailleurs exécuté l’archevêque de Paris Mgr Georges Darboy le 24 mai 1871, pendant la Semaine sanglante, par des communards qui souhaitaient mettre en place une société anticléricale, jusqu’à l’actuelle église Notre-Dame des Otages.

Des quolibets…

Très vite, le cortège a essuyé de la part de personnes attablées en terrasse des quolibets, dont l’historique «À bas la calotte», selon le quotidien français La Croix. «Notre procession était familiale, avec des enfants et des personnes âgées, et nous avons d’abord pris cela de manière apaisée voire amusée car nous avions l’impression d’être retournés au XIXe siècle!», raconte Hubert, membre du conseil paroissial de Notre-Dame des Otages.

Aux abords du cimetière du Père Lachaise, des contre-manifestants ont commencé à suivre les catholiques avec des drapeaux rouges en scandant: «À bas, à bas, à bas les Versaillais » – du nom des troupes qui écrasèrent la commune – ou «tout le monde déteste les Versaillais!», sur le modèle du slogan anarchiste «Tout le monde déteste la police!». «Ils exerçaient une pression de plus en plus forte et il était de plus en plus difficile de prier ou de chanter, poursuit l’organisateur. Dans l’incompréhension, certains d’entre nous ont naïvement essayé de discuter, en vain.» Des participants, «apeurés», quittent la marche.

… à la violence

Vers le métro Ménilmontant, des projectiles en verre sont lancés. Puis une dizaine de personnes viennent au contact de pèlerins en lançant des cris de ralliement de la mouvance libertaire et des «blacks blocs»: «Siamo tutti antifascisti!» («Nous sommes tous antifascistes!») et «Paris, Paris, Antifa!» (pour «antifasciste»), tapant des mains comme dans les stades de football («clapping»). «Ils ont déboulé d’une rue, j’ai eu l’impression d’un véritable guet-apens», se souvient Hubert. Des coups violents sont portés, un pèlerin est évacué la tête en sang, des drapeaux tricolores et des bannières de paroisse sont arrachés.

Seuls deux policiers étaient alors présents, avant d’être aidés après 18 heures par des motards de la brigade de répression des actions violentes. La partie du cortège attaquée est celle où défilaient quelques retraités de l’association mémorielle «Le Souvenir français», puisque parmi les cinquante-deux personnes victimes du «massacre de la rue Haxo» figuraient des ecclésiastiques mais surtout des gendarmes.

Pèlerinage stoppé

Finalement, la marche est bloquée à 18h30 par une quarantaine de personnes aux abords de l’église Notre-Dame-de-la-Croix. «Nous sommes restés à l’abri une heure à prier, puis nous avons été exfiltrés par groupes de deux», conclut Hubert. En même temps, la police confine une librairie voisine où se tient une rencontre sous l’égide de l’association d’extrême gauche «Faisons vivre la Commune!».

«Ce fut la conjonction malheureuse de deux événements, le nôtre purement religieux et une commémoration politique», regrette Mgr Denis Jachiet. L’association «Les Amies et amis de la Commune de Paris 1871» avait en effet parallèlement organisé dans le quartier une journée pour le cent-cinquantième anniversaire de la Commune, avec comme point d’orgue «la montée au mur des Fédérés» du cimetière du Père Lachaise. Objectif: «Face à la haine intacte des Versaillais d’aujourd’hui, manifestons la solidarité joyeuse que stimule son héritage». Pas certain, conclut le journaliste de La Croix, que le message ait été perçu ainsi par les catholiques. (cath.ch/lcx/lb/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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