Violence au Nigeria: l’évêque de Sokoto accuse les autorités d’inertie

«Nulle part ailleurs dans le monde, les gens ne meurent comme dans notre pays», a déploré Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, au Nigeria. Le prélat s’exprimait le 1er juin 2021 à l’occasion de la veillée de prière pour le Père Alphonsus Bello, retrouvé mort, après avoir été enlevé le 20 mai. Il reproche aux autorités leur inertie face à l’insécurité qui règne dans le pays.

«Il n’existe aucun endroit au monde où des citoyens peuvent être massacrés chaque jour sans que le gouvernement ne montre le moindre signe d’empathie ou de préoccupation pour ce qui se passe», accuse Mgr Matthew Hassan Kukah, évêque de Sokoto, dans son homélie en hommage au Père Alphonsus Bello.

Le prêtre a été retrouvé mort après avoir été enlevé le 20 mai dernier, lors de l’attaque nocturne de la paroisse de St. Vincent Ferrer à Malunfashi, dans l’État de Katsina. Le Père Joe Keke, kidnappé avec le Père Bello, est toujours aux mains des ravisseurs, rapporte l’agence Fides.

Soulignant la responsabilité des autorités dans l’instabilité et l’insécurité généralisées dans la Fédération du Nigeria, Mgr Kukah a déclaré «Je pense que le président du Nigeria et plusieurs gouverneurs peuvent s’adresser aux Nigérians et leur dire: chers Nigérians, j’ai juré de ne pas vous protéger. Je ne vous protégerai pas des envahisseurs étrangers, je ne vous protégerai pas d’être tués. Je ne vous protégerai pas d’être kidnappé, je ne vous protégerai pas des bandits, je ne vous protégerai pas des kidnappeurs.»

Enlèvements massifs

Le fléau des enlèvements massifs d’élèves touche les enfants de toutes les confessions religieuses. Le 30 mai, plus de 100 élèves d’une école islamique de l’État du Niger, au nord-ouest du Nigeria, ont été enlevés à l’école islamique Salihu Tanko de Tegina par un groupe d’hommes armés arrivés à moto.

«Nos politiciens, poursuit Mgr Kukah, n’ont pris aucun engagement envers les idéaux démocratiques d’intégration, de diversité, de bonne gouvernance et de mise en œuvre des principes d’une société démocratique».

«Les politiciens, a-t-il ajouté, ont lancé un appel à leurs partisans en disant qu’ils allaient instituer un État théocratique au Nigeria en créant un État de la charia au Nigeria… Nous avons maintenant tant d’effusions de sang alimentées par de fausses promesses».

«En tant que chrétiens, peu importe la violence dans laquelle vit notre société, nous devons rester fidèles aux promesses de Dieu», a conclu l’Evêque.

Spirale de violences confessionnelles

L’attaque de la paroisse Malumfashi est la dernière d’une série d’exactions contre les chrétiens du Nigeria, depuis la mi-mai. Le 19 mai, les médias ont rapporté l’attaque à main armées d’un édifice de l’Eglise des Assemblées de Dieu, dans le nord du Nigéria, au cours de laquelle huit personnes ont été tuées.

Deux jours auparavant, le 17 mai, huit catholiques ont été tués dans l’attaque de leur église, à Kathia, dans l’archidiocèse de Kaduna, au nord du pays. Le curé et 10 fidèles ont été enlevés lors de cette opération. L’on est toujours sans nouvelles d’eux.

Depuis 2009, le Nigeria est enfermé dans une spirale de violences interconfessionnelles ou intercommunautaires suite aux attaques de groupes extrémistes religieux, tels que Boko Haram, doublées par des actions d’une milice d’éleveurs peulhs. Ces derniers prennent pour cibles les agriculteurs chrétiens, a rappelé le site d’information catholique aciafrique.org.(cath.ch/fides/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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