Le Vatican intervient dans le conflit entre Mgr Gmür et un prêtre

C’est par un jugement de Salomon que le Vatican a tranché dans le conflit qui oppose l’évêque de Bâle, Mgr Felix Gmür, au religieux polonais Adam Serafin. Les deux parties sont renvoyées dos à dos. Mais l’affaire est loin d’être close.

Maurice Page avec kath.ch

Depuis des mois, la querelle perdure dans la zone pastorale de Wasserschloss, dans le canton d’Argovie. En cause la nomination comme curé du Père Adam Serafin. Soutenu par certains paroissiens, vivement critiqué par d’autres, le religieux salvatorien d’origine polonaise a été élu responsable de la paroisse, mais n’a pas obtenu de l’évêque le renouvellement de sa mission canonique, nécessaire pour exercer son ministère. Il a fait recours à Rome.

En mai 2021 deux décrets sont tombés de Rome. L’un est en faveur du diocèse de Bâle, l’autre en faveur du prêtre controversé.

Dans un décret du 11 mai 2021, la Congrégation pour le clergé rejette la plainte du Père Adam Serafin et confirme que pour une élection paroissiale, la nomination par l’évêque est obligatoire. Tant que le Père Adam Serafin n’est pas nommé par l’évêque, il ne peut accepter une éventuelle élection ni servir comme pasteur, indique le diocèse.

Le second décret de la Congrégation, daté du 10 mai 2021, stipule que la modification épiscopale de la missio canonica du Père Adam Serafin n’est pas actée, car il manque jusqu’ici le consentement de son supérieur religieux. A savoir que, du point de vue de la Congrégation, le retrait de la missio canonica n’est pas conforme au droit.

Pas de contact avec les responsables polonais

Le Père Adam Serafin appartient à la province polonaise des salvatoriens qui n’a pas réagi jusqu’à présent, déplore Mgr Felix Gmür. L’évêque espère une parole d’autorité de sa part.» Depuis 2019 déjà, j’essaie de consulter le provincial au sujet du retour du Père Adam Serafin dans sa congrégation. De même, le provincial a été sollicité par le général de l’ordre pour parvenir à un accord, sans succès jusqu’à présent.» L’évêque de Bâle annonce qu’il fera appel auprès du Tribunal suprême de la Signature Apostolique.

Pour Mgr Gmür, ni le conseil de paroisse de Gebenstorf-Turgi, ni l’avocat du Père Serafin ne sont autorisés à déterminer qui peut exercer son ministère de prêtre dans les trois paroisses.

L’évêque se dit confiant d’être en mesure d’offrir aux paroisses une solution en temps opportun qui répondra aux préoccupations et contribuera à pacifier la situation. Pour l’instant, le vicaire épiscopal Valentine Koledoye reste en charge de la paroisse.

Interprétation divergente

L’interprétation de Mgr Gmür est contestée par les partisans du Père Serafin. Selon eux, la Congrégation pour le Clergé a «annulé les décrets de l’évêque de Bâle pour cause d’absence de fondement juridique et factuel et confirmé le Père Adam dans sa fonction de prêtre avec une responsabilité paroissiale». Dès lors, il peut travailler sans restrictions.

Le Conseil de paroisse attend maintenant que la corporation ecclésiastique cantonale retire le licenciement illégal du Père Adam et rétablisse le droit démocratique des paroisses d’élire leur pasteur. Chaque paroisse a le droit d’avoir un prêtre comme pasteur, comme le prescrivent le droit ecclésiastique et la constitution cantonale d’Argovie, indique Daniel Ric. Le président de paroisse se dit profondément déçu par les déclarations de l’évêque.

Il l’accuse de «tromper massivement les fidèles». «La Congrégation pour le clergé a clairement décidé qu’il n’y a pas de place dans l’Église catholique pour l’abus de pouvoir, avec des évêques décidant par-dessus la tête des prêtres.» Pour l’heure la querelle ne semble pas vouloir trouver d’issue prochaine. (cath.ch/kath.ch/mp)

Maurice Page

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