La FSSP mise à la porte d’une église de Dijon

Suite au renvoi, dès l’automne, de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) de la desservance de l’église Saint-Pierre, à Dijon, le diocèse a apporté le 17 juin 2021 une série de précisions. Selon l’évêché, la célébration de la messe tridentine n’est pas en cause. Mais la création d’une quasi-paroisse dissidente met en cause l’unité de l’Eglise.

La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre a été fondée en 1988 par quelques prêtres qui ont refusé de suivre Mgr Lefebvre dans le schisme lié à l’ordination illicite de quatre évêques. Cette société de prêtres traditionaliste restée attachée au rite antérieur au concile Vatican II, a été accueillie dans le diocèse de Dijon en 1998 pour répondre aux demandes de quelques fidèles d’avoir la messe selon l’ancien rite en latin.

Il avait été convenu que le prêtre de la Fraternité devrait aussi célébrer de temps en temps avec les autres prêtres pour qu’il n’y ait pas séparation étanche entre les deux rites, rappelle le diocèse de Dijon.

Pas de communauté parallèle

Après le départ du premier prêtre de la Fraternité en 2007, le diocèse voulait assurer lui-même ces célébrations dans l’ancien rite avec des prêtres diocésains. Mais le projet n’a pu se réaliser et la Fraternité a été sollicitée pour envoyer à Dijon un autre prêtre toujours à la même condition. Nommé en 2007, l’abbé Garban a rempli tout naturellement cette condition jusqu’à son départ en 2016.

Mais depuis lors, les abbés nommés par la Fraternité se refusent à ce geste de communion sacerdotale et sacramentelle, déplore le diocèse. «Une telle attitude est révélatrice d’une conception de leur ministère que nous ne partageons pas. L’ancien rite ne doit pas créer une communauté parallèle. Les prêtres doivent être libres de célébrer dans l’un et l’autre rite, et les fidèles font toujours partie de leur paroisse territoriale.»

Les fidèles leur sont attachés

«Les prêtres de la Fraternité ont peu à peu développé d’une manière autonome une pastorale quasi-paroissiale, ce qui va au-delà du cahier des charges de notre accord initial», insiste le communiqué.

Le diocèse constate aussi qu’une partie des fidèles va facilement d’un rite à l’autre. Mais qu’une autre partie n’admet pas la messe ordinaire et rejette ce qu’elle appelle «l’Église conciliaire». «L’autorité diocésaine doit veiller à ce que la communauté catholique ne soit pas divisée. On aura compris qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de rite, mais de rite exclusif et de communauté séparée.»

La blocage vient de la FSSP

Selon le diocèse de Dijon, le blocage actuel vient de l’attitude de la FSSP qui a exclu que ses prêtres célèbrent dans le rite ordinaire. «Les fidèles ne comprennent pas ce blocage et se disent victimes de cet endurcissement.» 

«Si les prêtres de la Fraternité avaient accepté, comme leur prédécesseur, de marquer leur unité avec nous au moins dans quelques concélébrations et s’ils ne considéraient pas leur groupe de fidèles comme leur domaine exclusif, nous nous serions réjouis de leur contribution», souligne le communiqué épiscopal.

«Comme aujourd’hui un prêtre diocésain, assisté par d’autres, s’est dit prêt à assurer le ministère selon le rite ancien auprès de cette communauté, nous restons cohérents avec la ligne que le diocèse a observée depuis 23 ans. La messe selon le rite ancien sera assurée et les services de catéchèse, aumônerie, patronage, préparation aux sacrements seront proposés par les paroisses, en particulier celles proches de Fontaine-lès-Dijon et de Dijon-Saint Bernard.»

Une décision unilatérale

Du côté de la FSSP, on dénonce une décision unilatérale de l’évêque, Mgr Roland Minnerath. «Pendant toutes ces années, des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre se sont relayés à Dijon pour vous permettre d’assister à la messe quotidiennement, de recevoir les sacrements facilement, d’avoir des cours de catéchisme selon la pédagogie de la FSSP et donnés par des prêtres, nous avons pu développer des activités pour tous les âges afin de constituer une communauté vivante et paisible au sein de l’archidiocèse de Dijon. Et tout cela pourrait disparaître d’un trait de plume? Sans aucune concertation?», dénonce l’abbé Roch Perrel dans une lettre à ses fidèles.

Il explique que le supérieur de district de France de la FSSP, l’abbé Benoît Paul-Joseph a demandé un rendez-vous avec Mgr Roland Minnerath pour exposer «les raisons de notre incompréhension et de notre blessure face à une décision qui nous paraît profondément injuste.»

Selon lui, la solution diocésaine restera toujours précaire et se fera aux détriments des fidèles «puisqu’elle dépend du bon vouloir d’un ou deux prêtres diocésains qui ont déjà la charge d’une autre paroisse.» 

«Ne nous laissons donc pas troubler par l’esprit du mauvais qui sème la zizanie dans les cœurs. Sachons donc rester unis pour présenter un front fort et pour pouvoir surmonter cette épreuve qui nous afflige», poursuit le prêtre. (cath.ch/com/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/la-fssp-mise-a-la-porte-dune-eglise-de-dijon/