Evangile de dimanche: d’étonnements en étonnement!

Notre époque est-elle vraiment celle du chacun pour soi? Est-il définitivement révolu le temps où, dans nos villages ou nos quartiers, des vieilles dames dissimulées derrière les rideaux de leurs fenêtres épiaient tout ce qui se déroulait dans la rue? Les hommes eux, attablés au bistrot, n’étaient pas en reste pour s’occuper de la réputation des voisins!

Ainsi pensait-on connaître les autres…

Comme on pense connaître Jésus lorsqu’il revient dans son lieu d’origine. Ce lieu n’est pas nommé, sans doute pour nous indiquer que ce n’est pas le lieu topographique qui importe, mais bien l’enracinement relationnel. D’ailleurs les réactions de ses compatriotes sont sans équivoque: il est le fils de Marie, frère de Jacques et des autres…

Alors, on s’étonne: d’où lui vient cette sagesse et l’extraordinaire réussite de ses miracles? Tout au début de son ministère déjà, à Capharnaüm, lorsqu’il enseignait dans la synagogue, on était frappé de son enseignement: car il les enseignait en homme qui a autorité… et alors sa renommée se répandit dans toute la région de Galilée. (Mc 1.21.28)

Mais ici, à Nazareth, si l’on est tout d’abord frappé d’étonnement, on devient bien vite choqué à son sujet. Les cœurs qui auraient pu s’ouvrir à la foi, se referment. Comment expliquer ce retournement?

Probablement en raison d’une croyance juive assez répandue selon laquelle le Christ devait avoir une origine mystérieuse. Vers 150, st Justin s’en fera l’écho lorsqu’il rapportera l’opinion des savants juifs: «S’il en est qui disent que le Messie est venu, on ne sait qui il est; c’est seulement lorsqu’il se manifestera dans la gloire qu’alors on saura qui il est». C’est exactement l’objection que font les gens de Nazareth. Et ceux de Jérusalem ne diront pas autre chose selon ce que rapporte st Jean (7.27): «Celui-ci nous savons d’où il est, tandis que le Christ lorsqu’il viendra, nul ne sait d’où il est », c’est-à-dire nul ne connaît son origine.

«Nous sommes tous appelés à nous ouvrir à autrui, tel qu’il est en réalité, sans le réduire au portrait que nous nous faisons de lui.»

Ainsi donc, Jésus ne peut être le Messie puisqu’on connaît parfaitement et lui et sa famille.

Mais alors d’où lui vient cette sagesse et comment expliquer ces grands miracles qui se réalisent par ses mains? On entend, on voit, mais on ne veut, on ne peut pas croire. Ses compatriotes se sentent troublés, gênés, bousculés. Et ils préfèrent se scandaliser, refusant de laisser leur petit monde où l’on situe les personnes d’après leur état civil ou leur relations sociales, se désorganiser et leurs repères voler en éclat. Dans leur tête, Jésus est enfermé! Sommes-nous si étrangers à un tel comportement?

Sommes-nous toujours accueillants au mystère de la personne? Particulièrement aux plus proches? N’avons-nous pas trop souvent notre petit catalogue de généralisations abusives, en bien ou en mal: c’est bien le fils de… ce sont les jeunes… les riches… les étrangers…

Nous sommes tous appelés à nous ouvrir à autrui, tel qu’il est en réalité, sans le réduire au portrait que nous nous faisons de lui. Le temps des vacances est propice aux rencontres, cultivons l’étonnement devant la nature, l’architecture, mais aussi, mais surtout devant nos frères et sœurs.

Devant le scepticisme de ses contemporains, c’est au tour de Jésus d’être étonné de leur non-foi. Qui peut vaincre la résistance de l’homme et le mener à la foi ? S’il est légitime de se poser des questions sur Jésus et sur la vérité de l’évangile, ouvrons-nous à l’inattendu qui peut nous surprendre et même nous dérouter…

Sœur Véronique | Vendredi 2 juillet 2021


Mc 6, 1-6

En ce temps-là,
    Jésus se rendit dans son lieu d’origine, 
et ses disciples le suivirent. 
    Le jour du sabbat, 
il se mit à enseigner dans la synagogue. 
De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : 
« D’où cela lui vient-il ? 
Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, 
et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? 
    N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, 
et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? 
Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » 
Et ils étaient profondément choqués à son sujet. 
    Jésus leur disait : 
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays, 
sa parenté et sa maison. » 
    Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; 
il guérit seulement quelques malades 
en leur imposant les mains. 
    Et il s’étonna de leur manque de foi. 
Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

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