Procès de l’immeuble de Londres: le cardinal Becciu convoqué

Le Tribunal de la Cité du Vatican ouvrira le 27 juillet 2021 un procès sur les placements financiers irréguliers opérés par la Secrétairerie d’État – notamment ceux effectués dans le cadre de l’affaire dite «de l’immeuble de Londres». Dans un communiqué du Saint-Siège publié le 3 juillet, elle annonce la comparution de dix personnes, dont le cardinal Angelo Becciu et le Fribourgeois René Brülhart, ancien président de l’Autorité d’information financière (AIF).

La citation à comparaître du cardinal Becciu met fin à une longue période d’incertitude depuis sa mise à pied par le pape François sans explication en septembre 2020. Ce sera la première fois qu’un cardinal sera jugé par la justice civile vaticane. L’ouverture du procès vient aussi conclure la longue investigation menée par le Bureau du Promoteur de justice du Vatican, dirigé par le promoteur Gian Piero Milano, depuis l’ouverture d’une enquête après une plainte déposée en juillet 2019.

Une affaire d’une grande complexité

Ces enquêtes «menées […] dans plusieurs autres pays étrangers (Émirats arabes unis, Grande-Bretagne, Jersey, Luxembourg, Slovénie, Suisse), ont mis en évidence un vaste réseau de relations avec des opérateurs sur les marchés financiers qui ont généré des pertes substantielles pour les finances du Vatican», souligne le communiqué.

Plus grand scandale financier du pontificat de François, l’affaire de «l’immeuble de Londres» concerne principalement l’acquisition d’un immeuble de la capitale britannique par la Secrétairerie d’État et couvre une période allant de 2013 à aujourd’hui. Les pertes pour le Saint-Siège sont estimées entre 73 et 166 millions d’euros par Mgr Nunzio Galantino, directeur de l’Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA).

L’affaire sur laquelle va devoir statuer le Saint-Siège est d’une grande complexité, en premier lieu à cause de la culture du secret qui régit et conditionne le fonctionnement du commanditaire de l’acquisition de l’immeuble, la puissante Secrétairerie d’État du Saint-Siège. La deuxième raison, tout aussi importante, est la multitude de réseaux et d’acteurs, financiers ou non, qui dépassent largement le cadre de Londres et du Vatican.

Une priorité du pape François

Depuis que l’affaire a été rendue publique en 2019, ce dossier douloureux est devenu le symbole des difficultés du pontife à réformer les finances de son État.

L’initiative judiciaire est «directement liée aux indications et aux réformes de Sa Sainteté le Pape François dans le travail de transparence et de réorganisation des finances du Vatican», assure le communiqué. Une volonté qui aurait été, selon l’hypothèse de l’accusation contrée «par des activités spéculatives illicites et préjudiciables à la réputation» du Saint-Siège.

René Brülhart cité à comparaître

Outre le cardinal Becciu, neuf autres personnes citées à comparaître. On retrouve plusieurs noms qui sont déjà apparus dans la presse ces derniers mois. Il s’agit de René Brülhart, ancien président de l’Autorité d’information financière, Mgr Mauro Carlino, ancien secrétaire du substitut de la Secrétairerie d’État, Enrico Crasso, ancien gestionnaire du patrimoine de la Secrétairerie d’État, Tommaso Di Ruzza, ancien directeur de l’AIF, Cecilia Marogna, chargée de mission pour le Saint-Siège par le cardinal Becciu, Raffaele Mincione, banquier en charge de l’acquisition de l’immeuble de Londres, Nicola Squillace, avocat, Fabrizio Tirabassi, ancien économe de la Secrétairerie d’État, et Gianluigi Torzi, courtier en charge de la reprise de contrôle de l’immeuble de Londres, déjà mis en examen en juin dernier.

Quatre entreprises sont aussi citées à comparaître. Il s’agit de trois entreprises administrée par Enrico Crasso et d’une entreprise appartenant à Cecilia Marogna. (cath.ch/imedia/cd/rz)

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