Suisse: difficile recherche de locaux
Discrimination pour les enfants serbes? (190293)
Evelyne Graf / Agence APIC
Zurich, 19février(APIC) L’Eglise orthodoxe-serbe de Suisse (SOK) ne parvient pas à obtenir des locaux pour son « école de langue et de culture de
la patrie ». Ses recherches se sont heurtées jusqu’à présent au refus des
autorités scolaires de Suisse-alémanique à l’exception de Berne. Discrimination pour les enfants des quelque 100’000 serbes vivant en Suisse? Des
questions techniques, financières ou de personnel sont officiellement évoquées. « On nous fait comprendre qu’une demande de parents ou d’institutions
serbes a peu de chances d’être acceptée dans la situation actuelle », rétorque la communauté orthodoxe qui voit les vraies raisons du refus dans
l’image négative attribuée aux Serbes dans la guerre civile en ex-Yougoslavie.
Pour de nombreux parents, les cours de langue et de culture serbes organisés par les autorités consulaires de la Fédération Yougoslave pour les
enfants et les jeunes sont le début d’un véritable endoctrinement. « Ces autorités étaient autrefois communistes, elles sont maintenant orientées par
le nationalisme », déplorent-ils. Raison pour laquelle ils ont demandé à
l’Eglise orthodoxe-serbe à Zurich de donner un enseignement à leurs enfants
indépendamment de toute idéologie. Selon l’Office fédéral des étrangers,
les Serbes sont plus de 100’000 à vivre en Suisse dont environ la moitié
dans la région zurichoise.
Mme Bisiljka Milakara, consul de la République fédérale Yougoslave à Zurich rejette les accusations d’endoctrinement. Les cours d’histoire et de
littérature serbe servent à la formation de l’identité nationale des enfants. Après la chute de l’idéologie marxiste, les hommes ont faim d’un
nouvel idéal, de nouveaux modèles. La foi et l’Eglise orthodoxes jouent
également un grand rôle pour cela. « Je me féliciterais de pouvoir collaborer avec l’Eglise orthodoxe serbe dans le domaine des écoles », explique-telle.
De son côté, le Père Drasko Z. Todorovic, curé et vicaire épiscopal de
l’Eglise orthodoxe serbe à Zurich précise que la SOK a effectivement refusé
une demande du Consulat général de la Fédération yougoslave. Elle reproche
aux autorités consulaires le refus de Belgrade de reconnaître les écoles
existantes placées sous le patronage de l’Eglise orthodoxe-serbe.
Entretemps, les cours « de remplacement » de l’Eglise rencontrent un écho
positif. « Les locaux de cours que nous avons dans notre centre paroissial
de la Zollikerstrasse à Zurich ne vont plus suffire pour répondre à la demande. Nous sommes heureux de pouvoir utiliser également des salles que la
paroissse catholique-romaine du St-Rédempteur met à notre disposition gratuitement », remarque le Père Todorovic. Les locaux actuels ne suffisent pas
pour les quelque 120 éleves de la première à la huitième année. D’où la nécessaire recherche par la communauté serbe-orthodoxe d’un hébergement définitif pour son école. Mais ses demandes auprès des autorités scolaires de
Zurich, Bâle et de la région de Baden-Wettingen se sont heurtées à un refus. Parce que, dit-on, les écoles sont fermées le samedi après-midi,
c’est-à-dire au moment où la SOK veut donner ses cours. Une exception cependant à ce concert de refus: à Berne une école de ce genre a pu être ouverte en automne dernier dans les locaux d’une école suisse.
« La recherche est particulièrement difficile. Partout nous nous heurtons
à un refus direct ou on nous fait comprendre qu’une demande de parents ou
d’institutions serbes a peu de chances d’être acceptée dans la situation
actuelle », regrette la SOK qui pense que la guerre civile en ex-Yougoslavie
est la vraie raison de ces refus.
Un avis que ne partage pas Ulrich Keller, président du cercle scolaire
de Zurich-Berg. Selon lui, le refus est dicté par des raisons financières
et de personnel. La décision négative « n’a rien à faire avec la situation
politique en ex-Yougoslavie, mais avec les possibilités que les autorités
scolaires peuvent offrir. La neutralité politique ne vaut pas seulement
pour l’enseignement scolaire, mais aussi pour les autorités scolaires »,
ajoute-t-il.
L’Eglise orhodoxe ne peut que rappeller qu’en octobre 1991 elle avait
fait une déclaration officielle pour condamner la violence comme moyen
d’action politique… (apic/eg/mp)
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