Rome: de faux prêtres arrêtent de faux cardinaux

Une histoire rocambolesque s’étant récemment déroulée à Rome a été relayée par la presse internationale. Elle a mis en scène des escrocs déguisés en cardinaux, aux prises avec des policiers déguisés en prêtres.

Les visiteurs présents à la basilique Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyrs le 8 juillet ont dû être quelque peu surpris de voir un groupe de prêtres passer les menottes à des cardinaux. Les ecclésiastiques étaient en fait de vrais policiers italiens en train de démanteler un réseau d’escrocs. Les cinq hommes appréhendés avaient l’habitude de se déguiser en cardinaux pour arnaquer leurs victimes. Le groupe, qui sévissait depuis 1988, avait réussi à extorquer près de deux millions d’euros.

Une arnaque bien montée

Les carabinieri ont tendu leur piège à la basilique Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyrs, dans le centre de Rome, après avoir reçu des plaintes de deux hôtels qui se sont fait soutirer 20’000 et 75’000 euros en 2017.

Depuis plus de 30 ans, le groupe d’escrocs, âgés de 58 à 75 ans, se faisait passer pour des cardinaux ou des prêtres, se présentant comme des «intermédiaires du Vatican». Ils proposaient aux propriétaires d’entreprises en difficulté financière, principalement dans le nord de l’Italie, des prêts avantageux, soit auprès de la banque du Vatican, soit auprès d’une société financière luxembourgeoise inexistante appelée «Eurozone». Ceci sans exiger de garanties financières personnelles.

Il n’a pas été difficile pour les escrocs de se procurer les faux vêtements, car Rome compte des dizaines de boutiques de vêtements cléricaux, dont certaines sont spécialisées dans les tenues de cardinaux. Afin de faire croire qu’ils étaient de vrais prêtres et cardinaux, ils se faisaient appeler «Don Luca» ou «Don Giuseppe», et organisaient de nombreux rendez-vous à proximité du Vatican. Une rencontre a même eu lieu à l’Université pontificale grégorienne, dirigée par les Jésuites et fréquentée par un grand nombre de prêtres, de séminaristes et de religieux étudiant à Rome.

Des fraudes courantes

Selon le journal italien Il Messagero, le groupe avait également installé un faux bureau de notaire dans un immeuble du Corso Vittorio Emanuele, en utilisant une plaque et un studio d’apparence authentique pour convaincre les victimes que l’entreprise existait bel et bien.

Tout ce qui était demandé à leurs «investisseurs» était un versement initial en espèces, présenté comme une avance, que le groupe percevait avant de s’évanouir dans la nature.

Après avoir été contactée par les hôtels escroqués en 2017, la police italienne a mené une enquête de deux ans, découvrant au moins 20 arnaques différentes pour un montant de près de 1,7 million d’euros.

De telles escroqueries, en rapport avec l’Eglise, et souvent réalisée à plus petite échelle, sont courantes en Italie, relève le site américain Crux. Le diocèse de Padoue, dans le nord de l’Italie, a ainsi récemment mis en place un cours de formation pour le clergé sur la reconnaissance de la fraude et l’apprentissage des bonnes pratiques de gestion commerciale et financière. (cath.ch/ilmessagero/ag/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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