Remettre au lendemain?

Nous vivons une époque où nous remettons sans cesse au lendemain ce que nous pourrions faire le jour même. Cela s’appelle la procrastination. Nous devons prendre des mesures rapides pour lutter contre le changement climatique et la population rejette la loi sur le CO2. Les adultes qui le peuvent doivent massivement se faire vacciner, mais beaucoup hésitent, attendant qu’une 4è vague du Covid 19 vienne perturber notre vie sociale en septembre. Comment expliquer ce double phénomène?

En premier lieu parce que les menaces liées à ces crises sont diffuses, favorisant l’espoir pour beaucoup de passer «à travers les gouttes». Les conséquences dramatiques du réchauffement se feront sentir dans 10 ou 15 ans. D’ici là il nous faut investir massivement dans les énergies renouvelables et les activités sans carbone. L’Europe a pris des décisions de principe. Mais qu’en sera-t-il dans la pratique, une fois les lobbys intervenus, si le courage personnel et collectif manque? Nos concitoyens ont montré par leur votation qu’ils n’étaient pas prêts à changer de comportement aujourd’hui. La menace est encore lointaine.

Il en est de même pour le Covid 19. La priorité est aux vacances et aux activités de divertissement. Les demandes publiques de maintenir ses distances et de porter le masque dans les lieux fermés sont contournées dans les bistrots, sans parler des discothèques. Beaucoup se donne l’illusion que tout est revenu comme «avant».

Comment lutter contre cette procrastination? Tout d’abord par une bonne information et par l’éducation. Quand j’étais professeur et sauf cas de force majeure, j’étais inflexible sur les dates de remise des travaux. Le rôle des autorités est de fixer des délais pour certaines tâches. Le silence aujourd’hui de la Confédération au sujet de la vaccination est une erreur.

«Si l’on aime ses proches, on les protège du virus en se vaccinant et on cherche à préserver leur vie future en luttant de façon éclairée contre le changement climatique.»

Un deuxième moyen de lutte est la détermination claire des priorités. En matière de Covid 19, après la protection des aînés et des personnes fragiles, les priorités sont le retour à une vie sociale riche de rencontres et donc la généralisation de la vaccination. Sans celle-ci, une rentrée en présentiel ne pourra se faire, par exemple dans les Hautes Ecoles et les collèges sans risque important pour les étudiant(e)s. Et nous n’échapperons pas au passeport sanitaire dans les lieux publics.

En matière de changement climatique la priorité est à la fin des énergies fossiles et aux économies d’énergie. Des moyens financiers massifs tant publics que privés doivent être utilisés à cette fin. A quoi nous serviront nos fortunes accumulées si nous suffoquons dans nos villes ou si nos campagnes sont dévastées par la pluie ou la sécheresse?

Quelle place peut avoir la Foi dans tout cela? Le commandement de l’amour de Dieu est premier mais il est inséparable de l’amour du prochain. Si l’on aime ses proches, on les protège du virus en se vaccinant et on cherche à préserver leur vie future en luttant de façon éclairée contre le changement climatique. La Foi est inséparable de la charité et donc de la recherche du bien commun.

En disant cela, je pense à une réflexion faite à un nouveau prêtre qui venait de s’installer dans notre unité pastorale. Il voulait mettre sur pied des axes d’évangélisation pour apporter Dieu à nos frères et sœurs. Je lui ai fait gentiment remarquer que Dieu était déjà au cœur de nos frères et de nos sœurs et que la priorité était de Le reconnaître d’abord en les rencontrant et en les écoutant. Dieu est présent dans nos vies jusqu’à nos derniers jours et c’est ce qui les rend si précieuses et si dignes de respect au quotidien.

Jean-Jacques Friboulet | Mercredi 28 juillet 2021

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