Nouvel orgue de choeur pour la basilique Notre-Dame de Neuchâtel

La basilique Notre Dame de Neuchâtel disposera cet automne d’un nouvel orgue de choeur. Assemblé depuis le 26 juillet 2021, l’instrument prend progressivement forme. Avant de prendre vie, lorsque l’air soufflera dans ses tuyaux.

«Il faut que je trouve rapidement un menuisier qui puisse nous fournir une cinquantaine de cales de sapin pour pouvoir installer notre orgue de choeur bien d’aplomb», explique Yves Pillonel entre deux coups de téléphone portable.

Dans la nef de la basilique Notre-Dame de Neuchâtel, la cheville ouvrière du projet accompagné de ses deux camarades, l’organiste Damien Savoy et le chef de choeur Quentin Gaillard, suivent avec attention le montage de ›leur’ orgue de choeur. L’instrument est arrivé d’Espagne deux jours plus tôt en pièces détachées soigneusement emballées dans des dizaines de grandes caisses déposées dans la nef.

Quatre ouvriers de la manufacture Joaquin Lois Cabello s’activent à l’installation du buffet de chêne. Un coup de marteau par là, un coup de scie par ici, quelques tours de vis, l’objet prend forme peu à peu, entre deux solides colonnes de pierre rouge, dans le transept gauche de la basilique.

Pour l’heure les tuyaux dorment encore sagement dans leurs coffres. L’orgue devrait être opérationnel d’ici la fin de l’été. Sa bénédiction par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF, est prévue le 3 octobre 2021.

Le rêve d’un organiste

Au départ cet orgue est le rêve d’un organiste, admet Damien Savoy. Titulaire du grand orgue de ›l’église rouge’ depuis 2010, il rêvait d’un second instrument de choeur pour mieux répondre aux besoins liturgiques. «Lorsque la chorale chante dans la nef, elle s’accompagnait d’un instrument électronique peu valorisant pour l’organiste et les chanteurs.»

La deuxième envie est de pouvoir jouer un répertoire baroque. «Construit en 1929, le grand orgue est un instrument remarquable, mais il convient surtout pour la musique romantique du XIXe et XXe siècle. Un orgue de style ›alsacien’ permet de mieux aborder des pièces d’autres époques, tels celles de Bach ou Haendel.»

Financé par une association

En 2013, avec Quentin Gaillard et Yves Pillonel, ils abordent le conseil de paroisse. L’intérêt du projet est admis, mais à la condition que la paroisse ne soit pas sollicitée pour le financer. Avec la séparation Eglise-Etat qui prévaut à Neuchâtel, les paroisses n’ont en effet pas les ressources pour assumer un tel investissement.

Le projet sera donc porté et financé par une association créée ad hoc en 2016: ›Orbachoeur’. Les trois camarades s’y lancent: élaboration d’un cahier des charges, contacts avec les facteurs d’orgues, recherche de fonds, publicité, démarches officielles… la tâche est d’envergure. Ils trouvent un mentor en la personne de Guy Bovet, ancien organiste titulaire et ancien professeur à la Haute École de musique de Bâle.

Un facteur d’orgue espagnol

«Après avoir défini l’instrument souhaité, nous avons contacté une dizaine de facteurs d’orgues, en Suisse et en Europe pour sonder leur intérêt à le construire. Trois ont ensuite été retenues pour un appel d’offre. Finalement, notre choix s’est porté sur la manufacture espagnole Joaquin Lois Cabello. Située à Tordessilas, au nord du pays, l’entreprise bénéficie d’une excellente réputation. En Suisse, elle a déjà construit l’orgue du temple de Serrières en 2008», explique Damien Savoy.

Un budget de 345’000 francs

«Le budget de 345’000 francs a été réuni grâce à des dons de paroissiens, de particuliers et d’entreprises. Nous avons aussi eu le soutien de fondations, de la fondation Göhner et de la Loterie romande. Nous avons pu le réunir en environ un an», se félicite Yves Pillonel. Le montant comprend l’achat de l’instrument et les quelques aménagements de l’église: refection du sous-bassement, déplacement des bancs, pose d’une porte vitrée. L’association restera propriétaire de l’instrument, la paroisse en gérera l’usage et s’occupera de l’entretien courant. «Nous tenions à ne pas peser sur les finances de la paroisse. De peur qu’on nous reproche de nous payer un cadeau de luxe», souligne Yves Pillonel.

Un artisanat de qualité

Avec ses deux rangs de touches noires finement ciselées, et ses délicats leviers articulés en bois, le clavier témoigne d’un artisanat de grande qualité. Notre orgue est entièrement mécanique, sans aucune commande électrique, hormis bien sûr la soufflerie», se félicite Quentin Gaillard. L’instrument compte quatorze jeux sur deux claviers et un pédalier. Avec des jeux baladeurs permettant d’augmenter les possibilités de l’orgue en employant un même registre sur deux plans sonores.

Malgré les immenses possibilités des instruments électroniques actuels, construire un orgue selon les méthodes traditionnelles, quasiment exclusivement à la main continue de faire sens. «Du buffet en chêne, au clavier en passant par la tringlerie et les tuyaux, la manufacture Joaquin Lois Cabello fabrique tout elle-même», admire Yves Pillonel.

Un buffet sobre et beau

L’orgue de choeur de la basilique Notre Dame de Neuchâtel, assemblée en atelier avant son transport | DR

Au delà de ses qualités musicales, un orgue se remarque aussi par sa qualité esthétique. «Le style du buffet est sobre et classique et rappelle celui du grand orgue. Les tuyaux disposés en ordre concave doivent permettre de laisser passer la lumière de la rosace située derrière. Les services cantonaux du patrimoine ont eu leur mot à dire. Nous avons rejeté l’idée d’un meuble baroque en ›faux vieux’, l’intérieur de la basilique néo-gothique étant déjà assez chargé . Il en a été de même pour un meuble de style contemporain.»

Sous l’oeil de Marie et Joseph

Sous l’oeil attentif de la statue de la Vierge – celle qui a accueilli le pape François lors de sa visite à Genève en 2018 – et de saint Joseph, les quatre artisans s’activent avec concentration, mais sans précipitation. Après le corps principal, la partie supérieure et ses arcs concaves s’emboîtent harmonieusement.

«J’ai trouvé un cousin qui a une menuiserie au Landeron. Il pourra nous faire les cales, mais pas avant demain», annonce fièrement Yves Pillonel. (cath.ch/mp)

Événements autour de l’inauguration
L’inauguration officielle aura lieu le premier week-end d’octobre. Un concert de l’orchestre Musiques des lumières et de l’ensemble vocal de la collégiale de Neuchâtel, rassemblera les amateurs le samedi 2 octobre à 20h. Mgr Morerod, évêque du diocèse, bénira l’instrument lors de la messe dominicale le 3 octobre à 18h. Enfin un deuxième concert d’inauguration se déroulera le samedi 16 octobre à 20h. Programme détaillé sous orbachoeur.ch

Maurice Page

Portail catholique suisse

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