Locarno: le jury œcuménique en quête de valeurs universelles

Le 74e Festival du film de Locarno se déroule du 4 au 14 août 2021 dans la cité tessinoise. Eva Meienberg, rédactrice à kath.ch a intégré, cette année, le jury œcuménique. Au-delà des qualités cinématographiques, elle recherche des œuvres qui «transmettent des valeurs de l’Evangile».

Eva Meienberg, kath.ch/traduction: Raphaël Zbinden

4’432 films de 100 pays ont été inscrits pour l’édition 2021 du Festival de Locarno. 207 d’entre eux ont été mis au programme. Après une édition 2020 qui s’est déroulée de façon virtuelle à cause de la pandémie, le festival a, cette année, bien lieu en présentiel, sous la direction du critique de cinéma zurichois Giona Nazzaro – avec des mesures strictes de sécurité sanitaire. L’écran géant a donc bien été installé sur la Piazza Grande.

Le pouvoir des images

Cette année, je participe pour la première fois au festival en tant que membre du jury œcuménique. «Le jury œcuménique?», s’interroge ma voisine lorsque je lui annonce avec enthousiasme ma participation. Il est grand temps de lire plus attentivement le règlement du jury.

Le jury œcuménique est un groupe international composé de quatre membres provenant de l’organisation œcuménique internationale «Interfilm» ou de «Signis», l’Association catholique mondiale pour la communication. Ces organisations sont issues de l’engagement réformé et catholique dans le secteur du cinéma. Les deux Eglises se sont en effet rendu compte depuis très longtemps de la force des images et de leur potentiel pour faire avancer la cause chrétienne.

Une fascination pour le monde du cinéma qui est encore bien présente aujourd’hui. Il est connu que le pape François est un inconditionnel du cinéma néo-réaliste. Et, si Mgr Joseph Bonnemain, le nouvel évêque de Coire, avait plus de temps libre, il irait sans nul doute au cinéma trois fois par semaine, comme il le faisait à Barcelone [son père était directeur d’un studio de cinéma, dans cette ville, lorsqu’il était enfant, ndlr.].

Jury international

J’attends avec impatience de rencontrer l’équipe du jury. Je connais déjà une de mes collègues, la pasteure Pascale Huber. Directrice des médias réformés alémaniques, elle est aussi notre voisine, à kath.ch, ref.ch travaillant au même étage du bâtiment de la Pfingstweidstrasse à Zurich.

J’ai hâte de rencontrer les deux autres membres, dont je viens tout juste d’apprendre les noms. Brent Rodriguez-Plate vient des États-Unis. Ce professeur de sciences des religions et de cinéma au Hamilton College (Etat de New York) s’est fait un nom grâce à ses publications à l’interface de la religion et de l’art.

Le Festival du film de Locarno est un événement internationalement reconnu | photo datant des précédentes éditions © Festival de Locarno

Anne Le Cor vient de France. Professeure de lycée, elle enseigne le cinéma, écrit des critiques de films et dirige un festival de films sur les droits humains en Provence. Cet après-midi, avant la projection du premier film, nous nous rencontrerons pour la première fois et, à partir de là, passerons beaucoup, beaucoup de temps ensemble.

Responsabilité chrétienne

Pendant dix jours, nous regarderons 17 films de la compétition internationale. Une occupation prenante, et d’autant plus intense que nous allons discuter de chaque film. Cela se fera notamment à partir de critères élaborés par «Interfilm» et «Signis«. Ils sont destinés à garantir que ce qui est estampillé «œcuménique» l’est vraiment.

Cela implique que le film réponde à des normes artistiques élevées. C’est évidemment une bonne chose, dans cet exercice de jugement d’une œuvre, que les participants soient des personnes avec une grande expérience cinématographique, qui ne se laisseront pas aveugler par les artifices.

Les films doivent transmettre des valeurs évangéliques. La responsabilité chrétienne et le développement humain doivent s’y articuler selon un mode de compréhension universelle et une expression inventive. Eh bien! J’ai hâte de débattre avec les autres membres du jury!

Le 11 août, une réception œcuménique aura lieu au «PalaCinema» de Locarno. Les responsables du diocèse de Lugano et Rita Famos, présidente de l’Église évangélique réformée de suisse (EERS), seront notamment présents.

«Des préoccupations humaines et humanistes»

Ceci dit, ma voisine n’est pas la seule à n’avoir jamais entendu parler d’un jury œcuménique. «Les jurys se sont multipliés ces dernières années», commente Charles Martig, directeur du Centre des médias catholiques alémanique (KMZ) et coordinateur des jurys de Locarno. Ils sont peu connus du public, mais dans l’industrie cinématographique, ils sont remarqués et appréciés.

Michael Sennhauser, critique de cinéma à la Radio-Télévision alémanique (SRF), le confirme et ajoute: «Je trouve que les jurys œcuméniques constituent un contrepoids important aux autres groupes d’intérêt qui décernent des prix: les jurys œcuméniques se concentrent sur les valeurs universelles, humanistes et simplement humaines des films. Ils sont donc une composante importante de l’image globale d’un festival.» (cath.ch/kath/em/rz)

Rédaction

Portail catholique suisse

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