Kaboul: les activités sociales et humanitaires sont à l'arrêt

La conquête de Kaboul par les talibans, le 15 août 2021, et le départ du chef de l’État, Ashraf Ghani, ont interrompu toutes activités sociales et humanitaires. Parmi les organisations étrangères présentes depuis plusieurs années en Afghanistan, on trouve le Centre d’accueil de jour pour enfants de Kaboul (PBK). Son président, le religieux italien Matteo Sanavio, décrit l’incertitude de la situation.

Vatican News/Traduction et adaptation: Davide Pesenti

À Kaboul, la passation de pouvoir s’est faite – pour l’instant – sans effusion de sang. La situation reste toutefois chaotique et incertaine. La crainte que voir apparaître certains règlements de comptes restés en suspens est forte. Des réunions de crises sont en cours à tous les niveaux pour établir des relations diplomatiques avec le nouvel Afghanistan.

Pendant que la diplomatie est au travail, le changement soudain de la situation a contraint l’interruption de toutes les activités sociales et humanitaires sur place. Si une partie du personnel étranger a été, ou sera prochainement rapatriée, l’avenir des collaborateurs restés sur le terrain, ainsi que de ses structures d’aide à la population afghane, est plus que jamais incertain.

Père Matteo, après la conquête de Kaboul par les talibans, que va devenir le centre pour enfants PBK, dont vous êtes le président?
Malheureusement, les nouvelles qui nous parviennent d’Afghanistan, et surtout de la capital Kaboul, sont très négatives.

«Nous espérons qu’après ce premier moment de crise, où on voit que des ténèbres, une lueur puisse apparaitre.»

La ville est dans le chaos et pratiquement seuls les rapatriements ont lieu, de sorte que toutes les activités caritatives qui avaient lieu auparavant ont dû être temporairement suspendues.

Dans une telle situation difficile, y a-t-il toutefois un espoir de réactiver rapidement les canaux humanitaires?
Nous espérons qu’après ce premier moment de crise, où l’on ne voit que des ténèbres, une lueur apparaissent et que nous puissions reprendre nos activités auprès des enfants handicapés de la ville de Kaboul.

Depuis combien d’années êtes-vous actifs à Kaboul?
«PBK – Pro-Kabul Children» est une association unique dans l’histoire de l’Église. Nous sommes présents à Kaboul depuis 2006. Nous avons donc déjà 15 ans d’expérience sur le terrain. Notre association a été fondée suite à l’appel du pape Jean Paul II: «Sauvez les enfants de Kaboul». Un appel qu’il avait lancé lors du message de Noël 2001.

Un prêtre guanellien, le père Giancarlo Pravettoni, a répondu à cette exhortation du pape, en la communicant à diverses congrégations religieuses. À l’époque, 14 congrégations masculines et féminines ont répondu positivement à cet appel. Ils ont commencé à penser à une réponse immédiate à donner aux enfants de Kaboul à travers un projet qui puisse aussi avoir un certain avenir.

A ce propos, quelles sont les activités que vous proposez dans votre centre de jour pour enfants?
Dès sa fondation, notre association s’est donnée comme objectif de rassembler et prendre soin des enfants les plus faibles, c’est-à-dire de ceux qui sont handicapés. Pendant ces 15 dernières années d’activité, nous avons créé, formé et organisé une école pour les enfants handicapés mentaux de Kaboul.

Habituellement, les d’enfants sont atteints du syndrome de Down ou d’handicaps mentaux pas trop importants. Notre école est préparatoire aux écoles primaires.

«Nous espérons reprendre nos activités d’ici quelques mois. Mais les choses ne s’annoncent pas simples.»

Après une année très difficile en raison de la pandémie, au cours de laquelle notre école a été ouverte et fermée à plusieurs reprises, nous avons réussi à rouvrir il y a juste quelques semaines.

Malheureusement, il y a eu cette escalade de la situation politique qui nous a obligés à fermer nos portes à nouveau et, par conséquent, à repenser notre service. Nous espérons cependant pouvoir reprendre nos activités d’ici quelques mois. Mais disons que les choses ne s’annoncent pas roses.

À la lumière de la précédente gestion de l’État afghan par les talibans, considérez-vous que votre activité pourrait aujourd’hui être en danger?
Il faudra essayer maintenant de voir comment les talibans se présentent, quelles formes de relations ils instaurent et comment ils entrent en contact avec des associations comme la nôtre. Il semble qu’ils aient dit qu’ils ne voulaient pas bloquer les activités éducatives et sociales. Mais je pense que, pour l’instant, le dialogue avec ces personnes est assez complexe et difficile. (cath.ch/catt.ch/vatnews/dp)

Davide Pesenti

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