La Fiat qui vit s'écrouler un pape 3/4

I.MEDIA prend la route et propose de revenir dans une série de quatre épisodes sur l’histoire récente des papamobiles, ces véhicules uniques utilisés pour les déplacements des pontifes. Troisième épisode avec la papamobile qui transportait Jean Paul II quand le Turc Ali Agça tenta de l’assassiner le 13 mai 1981.

Hugues Lefevre/I.Média

Si la Fiat 1107 dite «Nuova Campagnola» est sans doute la plus connue des papamobiles, c’est parce qu’elle est associée à l’un des événements les plus tragiques de la papauté au XXe siècle. Le 13 mai 1981, c’est à bord de cette voiture que se trouve le pape Jean Paul II lorsque le Turc Ali Agça lui tire dessus. Au beau milieu de la foule rassemblée place Saint-Pierre, le pontife polonais s’écroule sur le père Dziwisz, son secrétaire particulier, présent à l’arrière du 4×4.

Dans la panique la plus totale, la décapotable blanche part en trombe. Le pape, gravement blessé à l’abdomen, au coude droit et à la main gauche, est transféré dans une ambulance qui fonce ensuite à l’hôpital Gemelli. L’évêque de Rome s’en tire miraculeusement. Mais cette tentative d’assassinat marque un tournant dans l’histoire des voitures papales.

Le 13 mai 1981, Jean Paul II s’écroule dans la Fiat 1107 après que le Turc Ali Agça lui ait tiré dessus | © Keystone

Auparavant, celles-ci ne faisaient l’objet d’aucun dispositif de sécurité particulier. La «Nuova Campagnola», lancée en 1974 au salon de l’automobile de Belgrade par la firme turinoise Fiat, ne bénéficie ni de blindage ni de vitre de protection lorsqu’elle est offerte en 1980 au jeune pape polonais lors de sa visite à Turin.

Cette année-là, ce n’est sans doute pas pour ses qualités de véhicule tout-terrain qu’elle séduit le Vatican – ce modèle Fiat participera à de grandes compétitions automobiles comme le Paris-Dakar. En réalité, le Saint-Siège cherche depuis peu des voitures capables de mettre en valeur l’homme en blanc.

En 1976 en effet, à l’occasion d’une année jubilaire qui draine des milliers de fidèles à Rome, Paul VI lance la mode des 4×4 décapotables. Le premier modèle choisi, une Toyota Land Cruiser, remplit parfaitement le cahier des charges: permettre que le pape soit vu par le plus grand nombre.

Si Jean Paul Ier n’a pas le temps de s’en servir, son successeur, Jean Paul II, fait à ce type de «papamobile» – expression qu’il n’aime pas – une publicité inouïe et renvoie définitivement au placard la Sedia gestatoria, ce trône mobile porté par des hommes.

Blindage et vitres par-balles

Après l’attentat de 1981, le Vatican ne revient certes pas sur le choix de ce genre de véhicule mais les normes de sécurité sont largement relevées. Plus question de transporter le pape sans qu’il ne soit protégé. La Fiat est alors dotée d’un blindage. Des vitres pare-balles font leur apparition, laissant parfois l’étrange impression d’un pape enfermé dans une cage de verre.

Des années plus tard, le pape François souhaitera revenir sur cet esprit tout-sécuritaire. En 2014, alors qu’il s’apprête à s’envoler pour le Proche-Orient, il annonce qu’il ne souhaitera pas utiliser de voitures blindées. Son service de communication confie en effet qu’il désire «une papamobile ouverte et une voiture normale».

À Rome d’ailleurs, il n’est pas rare de voir le pontife argentin circuler dans des véhicules parfaitement banals. Cependant, lorsque le danger se fait trop grand, le pontife argentin n’échappe pas aux vitres de sécurité, quitte à subir certaines déconvenues, comme en 2017 lors de son voyage en Colombie. Ce jour-là, un coup de frein trop brutal déstabilise le chef de l’Église catholique de 80 ans qui se cogne contre la vitre de protection. Il s’en sortira avec un bel hématome… (cath.ch/imedia/hl/bh)

SCV 1
Les trois consonnes que l’on peut voir sur la plaque d’immatriculation des papamobiles: SCV 1 sont en fait l’acronyme des mots latins Status Civitatis Vaticanae, signifiant: Etat de la Cité du Vatican. C’est l’immatriculation de toutes les voitures du Vatican. Le chiffre qui suit est le n° de la voiture dans la flotte des véhicules de plus petit État du monde. La Ford Focus que le pape François a utilisée durant quelques semaines portait ainsi l’immatriculation SCV 00919 et non SCV 1 comme c’est habituellement le cas pour la voiture du pape. BH

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