ACAT: 40 ans de lutte contre la torture

La section suisse de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) fête ses 40 ans d’engagement, le 12 septembre 2021. Rendez-vous à l’église française de Berne, où tout a commencé. La présidente, Christine Morerod, revient sur les points fort de cette ONG œcuménique.

Christine Morerod | © ACAT-Suisse

«En mai 1981, environ 75 chrétiens se sont retrouvées à l’église française de Berne pour fonder un groupement contre la torture. Ils se sont mobilisées en écho à l’ACAT, née en France, active depuis 1974», rappelle Christine Morerod, présidente du comité de l’ACAT-Suisse.

«L’axe principal pour lequel l’ACAT s’engage, c’est un monde sans torture ni peine de mort. Durant certaines années, nous avons compté une majorité de membres catholiques. Et durant d’autres, une majorité de protestants. Mais le mouvement a toujours été très clairement œcuménique».

La torture semble moins ‘concerner’

Durant les années 1970-80, il y a eu une prise de conscience et un consensus général envers la gravité de la torture. Mais Christine Morerod relève un désintérêt croissant de la société, y compris chez les chrétiens, pour la lutte contre la torture depuis les années 2000. «C’est comme si la torture paraissait moins grave aujourd’hui. Pourtant, plaisante-t-elle, on travaille tous pour un patron crucifié, alors la torture, ça devrait nous parler».

Membre de la FIACAT (Fédération internationale des ACAT)depuis 1987, l’ACAT en Suisse compte actuellement 1’300 membres, à majorité membres privés, ainsi que des communautés religieuses. A noter qu’une vingtaine de groupes ACAT s’est constituée dans certaines villes ou paroisses, surtout en Romandie, et relaie les actions de l’ONG.

Le comité est composé de cinq personnes bénévoles et le secrétariat compte six personnes, engagées sur environs trois équivalents plein-temps.

L’ONG s’est professionnalisée

L’ONG intervient principalement par appels urgents ou pétitions signés par ses membres. Ces dernières années, elle a développé le «côté plaidoyer», en engageant un juriste. Elle participe aux visites du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture), qui est qualifié pour dénoncer les mauvais traitements et la torture, selon l’article 5 de la Déclaration des droits de l’homme.

«Notre mouvement s’est davantage professionnalisé. Nous avons élargi le domaine de la torture, incluant la peine de mort. Nous touchons également des ambassadeurs. Nous entrons en contact avec des politiciens, pour que les lois changent, lorsqu’elles permettent ou tolèrent une certaine violence. Parallèlement, si l’ACAT veut être crédible, elle doit aussi balayer devant sa porte. C’est-à-dire agir aussi en Suisse. Comme des vigiles maltraitaient des requérants, nous sommes intervenus, avec d’autres, à propos des Centres de requérants d’asile à Giffers (FR) ou à Boudry (NE), par exemple».

La prière est importante

«Pour les membres, la dimension chrétienne est très importante. La prière pour les personnes persécutées est importante, comme en témoigne la Nuit des veilleurs (26 juin). Et même si les générations qui ont créé l’ACAT disparaissent gentiment. Il faut savoir se renouveler. Nous avons aussi de nouveaux membres, plus jeunes, qui ne sont pas forcément chrétiens, mais auxquels notre action tient à cœur».

L’ACAT prend en charge des gens torturés, indépendamment de leur religion et de leur passé. Une des dernières campagnes a pris la défense des Ouïghours. Yavuz Binbay est invité pour témoigner à Berne. A Diyarbakir, en Turquie, il a fondé «SOHRAM», un centre pour les victimes de la torture, après l’avoir subie lui-même. (cath.ch/gr)

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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