Le pape aux juifs slovaques: «Vos souffrances sont nos souffrances»

«Il ne pourra pas y avoir une aube de fraternité durable sans mémoire», a déclaré le pape François, lors d’une rencontre avec la communauté juive de Bratislava le 13 septembre. Auparavant, le pontife a écouté le témoignage d’un survivant de la Shoah.

Le Mémorial de la Shoah de Bratislava est l’unique lieu où les juifs peuvent honorer la mémoire de leurs proches, a souligné le pape François dans son discours devant quelque 140 personnes. «Moi aussi, je m’unis à vous». «Car ce sont encore l’oubli du passé, l’ignorance qui justifie tout, la colère et la haine». «Combien d’oppresseurs n’ont-ils pas déclaré ‘Dieu est avec nous’, mais c’était eux qui n’étaient pas avec Dieu».

«Votre histoire est notre histoire, vos souffrances sont nos souffrances», a-t-il déclaré aux juifs présents. La mémoire, selon lui, ne peut et ne doit pas céder la place à l’oubli, «parce qu’il ne pourra pas y avoir une aube de fraternité durable sans que l’on ait d’abord partagé et dissipé les obscurités de la nuit».

Le pape a appelé la «famille d’Israël» à continuer à cultiver cette vocation d’être signe de «bénédiction pour toutes les familles de la terre». «Que le Tout-Puissant vous bénisse, afin qu’au milieu de nombreuses discordes qui polluent notre monde vous puissiez toujours être, ensemble, des témoins de paix, Shalom!»

«Pour que le passé ne se reproduise plus jamais»

Avant sa prise de parole, le pape François a écouté le témoignage de Tomas Lang, survivant de la Shoah. Né en 1942, il a perdu son père puis sa mère avant d’être caché par une infirmière dans une salle d’hôpital affichant abriter des maladies infectieuses, «pour tenir les hommes armés à l’écart». «Je regrette à perpétuité de ne pas avoir pu la retrouver plus tard pour lui dire un merci humain», a-t-il confié. 

Depuis 20 ans, Tomas Lang se consacre à l’histoire de la Shoah. «J’écris un souvenir pour l’avenir, pour que le passé ne se reproduise plus jamais». Dans la triste histoire de la Shoah en Slovaquie, s’est-il encore souvenu, le nom du chargé d’affaires de la nonciature en Slovaquie de l’époque, Mgr Giuseppe Burzio, qui a inlassablement tenté de mettre fin à l’antisémitisme du régime meurtrier de l’époque, est écrit en grosses lettres».

Cette rencontre a eu lieu sur la petite place Rybne Namestie près de la cathédrale Saint-Martin. C’est ici qu’a été fondée la communauté juive en 1871 et qu’une synagogue a été construite en 1893, avant d’être démolie en 1969 avec tout le ghetto par le gouvernement communiste.

Une mémorial noir

Aujourd’hui ,la place abrite le Mémorial de l’Holocauste en l’honneur des 105’000 juifs de Slovaquie qui ont perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale. Le mémorial comprend un mur noir, créé par l’architecte Peter Zalman en 1995, sur lequel est reproduite la silhouette de la synagogue, et une sculpture abstraite en bronze surmontée d’une étoile de David, au pied de laquelle s’est exprimée le pontife.

Au terme de cette rencontre, le Souverain pontife est rentré à 18h à la nonciature où il s’est entretenu tour à tour avec le président du parlement et le Premier ministre slovaque. (cath.ch/imedia/ah/gr)

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