Un dossier d'abus incrimine les dominicains polonais

La province polonaise des dominicains a présenté un rapport de 260 pages sur les violences psychologiques, sexuelles et physiques exercées par l’un de ses propres religieux. Le Père Pawel M., qui aurait violé plusieurs femmes, à la fin des années 1990, est en détention provisoire.

Sous la direction du Père Pawel M., la communauté dominicaine de Wroclaw présentait, à la fin des années 1990, «toutes les caractéristiques permettant de la qualifier de secte», indique dans son rapport la commission d’experts composée de cinq laïcs et de deux ecclésiastiques. La commission d’experts nommée par les Dominicains a auditionné des dizaines de personnes depuis avril. «Le Père Pawel M. a causé des souffrances à des adultes qui le considéraient comme leur chef spirituel», indique le rapport, publié le 15 septembre 2021 à Varsovie.

Rien n’a été fait pendant de nombreuses années

Plus grave encore, les experts reprochent aux dirigeants de l’ordre de n’avoir pris aucune mesure contre le prêtre pendant plusieurs années, alors que de nombreuses victimes s’étaient adressées à eux. Ils critiquent la formation intellectuelle et spirituelle insuffisante des frères et les nombreuses déficiences de la structure interne de l’ordre.

Le supérieur de la province polonaise de l’ordre, le Père Pawel Kozacki, a présenté des excuses lors d’une conférence de presse. Les Dominicains veulent aujourd’hui réparer les dégâts et les erreurs, a-t-il affirmé.

Pas d’abus sur mineurs, mais sur des adultes

Le supérieur a tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas d’une question de pédophilie. Les abus spirituels, pastoraux, juridiques et sexuels concernaient des adultes. Pawel M., qui aurait violé plusieurs femmes, est en détention provisoire depuis mars 2021. Une religieuse l’avait dénoncé pour agression peu de temps auparavant.

Entre-temps, le dominicain fait également l’objet d’une procédure canonique. L’ancien provincial, le Père Maciej Zieba, qui aurait ignoré les indices de ces crimes, est décédé en décembre 2020.

Le primat de l’Église catholique en Pologne et commissaire à la protection de l’enfance, l’archevêque Wojciech Polak, a exprimé sa sympathie et son soutien aux personnes touchées. «Nous tous, dans l’Église, devons tirer les conclusions du travail de la commission et, surtout, prendre ses recommandations à cœur afin de nous ranger clairement du côté des personnes lésées et de protéger efficacement les plus vulnérables», a-t-il déclaré. (cath.ch/kna/mp)

Maurice Page

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