Qui suis-je?

C’est mon premier article sur ce blog. Bienvenue à toutes et tous qui me lisez! Je ne savais pas quel thème choisir pour entrer en matière. Le coronavirus? Un peu trop plombant. La question du Mariage pour tous? Un peu trop proche de la votation. Les changements climatiques? Les scientifiques sont plus aptes à se prononcer sur le sujet.

Alors je vous propose, afin de faire connaissance, de vous livrer le moteur de ce qui me permet d’avancer au quotidien. Vous savez ce qui constitue le cœur de ma foi. Autrement dit, ce qui fait sens et ouvre toujours l’horizon quelle que soit la couleur de ma journée et de ma vie. Ce qui me remet debout après chaque chute. Ce qui me pousse à croire et à essayer de vivre et réfléchir sans me lasser jamais au mystère de l’univers.

En étudiant la théologie, ce sont les destins fracassés qui frappent l’imagination et la réflexion. Ces auteurs et théologien.nes qui au nom de leur espérance et foi ont encore su en témoigner au pire de leur existence: un Dietrich Bonhoeffer, résistant jusqu’à la mort au nazisme. On se sent alors comme convoquée, comme appelée à mesurer sa propre foi, son propre courage. D’où lui venaient cette résistance et cette volonté qui probablement m’auraient fait défaut dans le même cas. S’opère alors dans la tête de la nouvelle étudiante en théologie, une espèce de questionnement sur la nature de la foi: un Rudolph Bultmann y apporte des réponses. La foi c’est un saut dans le vide sans chercher à se raccrocher aux parois. Cette impression de chute que nous avons quelquefois dans notre sommeil et qui nous réveille. Terrifiant. Croire reviendrait à ce saut insupportable dans le vide.

«Le Nouveau Monde, plus lumineux, décline une théologie plus étincelante et triomphante»

Une année outre-Atlantique et l’entretien entre les théologies européennes et les américaines s’est avéré prodigue. Ce ne sont pas que les langues et les cultures qui sont différentes, mais également l’approche théologique. Chez les Européens, l’histoire a marqué. La théologie est comme habitée par une espèce de tremendum. Le mystère, l’incompréhensible, le trouble et l’inquiétude sous-tendent le discours sur Dieu. Tandis que le Nouveau Monde, plus lumineux, décline une théologie plus étincelante et triomphante, dans laquelle Dieu obtient la victoire finale.

A l’instar de la théologie du Process pour laquelle Dieu et ses créatures se partagent le pouvoir. Avec en basse continue, la perspective que le bien emporte la bataille. En soi, cette conception s’apparente à une définition de la grâce. Par grâce, de tout temps, en Christ le monde est sauvé, cela est donc valable hier, aujourd’hui et demain. O mort, où est ta victoire? O mort, où est ton aiguillon?

Les années polissant inéluctablement par leur lot d’épreuves et de joies le caillou de mon ingénuité en galet plus aguerri, la théologie est devenue une question plus intime et existentielle. Il ne s’agissait plus seulement de lire et découvrir des thèses théologiques, ces dernières devaient prendre sens et s’incarner dans mon quotidien de manière profonde.

«La foi n’est pas une acceptation de doctrines»

Un théologien, Paul Tillich, à la croisée de l’Europe et des États-Unis, m’impressionne inlassablement. Son livre, Le courage d’être, non seulement par son titre mais aussi son contenu est un voyage exigeant et minutieux en théologie systématique tout en étant une pénétrante percée dans les tréfonds de mon âme.

La foi n’est pas une acceptation de doctrines, écrit Tillich, fussent-elles chrétiennes, mais l’acceptation de la puissance même dont nous venons et à laquelle nous allons, quelles que soient les doctrines à travers lesquelles nous la recevrons. Je suis en quête du visage de cette puissance, je tente de la percevoir, je m’autorise à la formuler, je cherche celles et ceux qui ont conscience de sa présence. Voici donc brossé en quelques lignes mon pedigree … toujours en devenir.

Nadine Manson

22 septembre 2021

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