«Quel avenir voulons-nous?»

«Quel avenir voulons-nous?» C’est sous ce titre qu’au tournant du siècle, il y a donc 20 ans, les Eglises catholique et protestante de Suisse ont mené une large consultation de la population sur l’avenir social et économique de la Suisse. Cette consultation s’est terminée le premier septembre 2001 par la remise du message des Eglises au président de la Confédération d’alors, le conseiller fédéral Moritz Leuenberger. Les paroisses étaient invitées à se saisir de ce message au Jeûne fédéral 2001.

Quel avenir voulons-nous, ensemble, habitantes et habitants de la Suisse? la question reste pertinente quand on voit les dérapages de certains débats, comme ce fut le cas lors des votations de juin dernier touchant à l’avenir de la production alimentaire dans notre pays. Or, si nous reprenons certains thèmes abordés il y a 20 ans, des résonnances avec les questions posées aujourd’hui sont frappantes.

Dans le chapitre de leur message consacré à l’économie, les Eglises rappellent en 2001 que l’objectif premier de l’économie n’est pas l’accroissement du profit, mais le développement de la personne humaine et de la vie sociale. Rien de surprenant, une telle prise de position est attendue des Eglises. Mais les réponses à la consultation ont souligné l’impact de l’humain sur son environnement naturel (disparition d’espèces, produits nocifs dans l’air, réchauffement du climat, risques liés au traitement industriel des animaux). Cela amena les évêques et le Conseil de l’Eglise évangélique réformée de Suisse à demander qu’on donne «plus de poids aux considérations écologiques dans les décisions économiques et politiques».

Cet exemple parmi d’autres montre que le travail effectué il y a vingt ans par les Eglises reste partiellement pertinent. Que ce soient les migrations, la place de la famille dans la société, le travail ou les relations entre la Suisse et l’Europe, on trouvera encore dans le message de 2001 des interpellations qui font échos aux débats d’aujourd’hui.

«Les Eglises ont peut-être encore le crédit nécessaire pour inviter tous les acteurs à se mettre autour de la table»

Mais surtout, l’invitation à débattre, à dialoguer, à chercher avec d’autres le bien commun reste d’actualité! Comme le soulignait encore mi-août la conseillère fédérale Karin Keller Sutter devant la Société des étudiants suisses, le dialogue vaut mieux que l’invective pour trouver des solutions. Là est sans doute la grande force de la consultation menée alors par les Eglises: faciliter les échanges et le dialogue, interroger les individus comme les associations sur ce qu’ils et elles souhaitent comme avenir pour leur pays. L’objectif n’était pas de trouver un commun dénominateur entre toutes les réponses, mais de les examiner à l’aune des valeurs portées par les Eglises. C’est ainsi que le fil rouge se dessine, construire le bien commun, formuler des propositions qui contribuent à sa réalisation.

Les Eglises ont perdu leur rôle dominant au sein de la société. Leurs voix se mêlent à toutes les autres. Mais elles ont peut-être encore le crédit nécessaire pour inviter tous les acteurs à se mettre autour de la table pour chercher de bonne foi le bien commun. L’urgence face au mal-développement qui perdure, au dérèglement climatique, à la perte de biodiversité et à la pandémie invite à un sursaut citoyen pour construire la «grande transition» vers une économie et une société où chacun peut vivre dignement et en compatibilité avec les cycles physiques et biologiques qui rendent la vie possible sur terre. La question de l’avenir est plus brûlante que jamais!

Jean-Claude Huot et Paul Dembinski

29 septembre 2021

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