'Traditionis custodes': «J’en ai pleuré», avoue Mgr Vitus Huonder

A l’occasion de ses 50 ans de sacerdoce, Mgr Vitus Huonder, évêque émérite de Coire, a réaffirmé son credo traditionaliste. «J’ai pleuré» à la lecture de Traditionis custodes du pape François qui restreint l’usage de la messe tridentine, avoue-t-il. Il affirme ne plus vouloir célébrer la messe selon le rite de Paul VI.

Raphael Rauch, kath.ch / traduction adaptation Maurice Page

Dans une très longue interview, Mgr Huonder qui s’est installé à sa retraite dans un internat de garçons de la Fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX) à Wangs (SG), affirme son adhésion à la messe traditionnelle. Pour lui, la FSSPX de Mgr Lefebvre est un «modèle pour l’Eglise» et non pas une «communauté schismatique».

À l’occasion de son jubilé d’or de prêtrise, Vitus Huonder a accordé une interview à un membre de la FSSPX. Il révèle entre autres que l’instruction du pape Traditionis Custodes, «m’a rendu très inquiet et triste. Oui, j’ai pleuré.» Il espère que d’autres évêques et cardinaux reconsidéreront toute cette affaire et se rapprocheront du pape pour lui en parler. «C’est leur devoir, car il ne s’agit pas seulement d’une loi ecclésiastique, d’un décret. Il s’agit du cœur même de la foi !», insiste-t-il.

Installé dans une maison de la FSSPX

Vitus Huonder a été évêque de Coire de 2007 à 2019. Le fait qu’un évêque de l’Église catholique ait choisi un institut de la FSSPX comme résidence pour sa retraite avait suscité l’indignation en 2019. Le diocèse de Saint-Gall, sur le territoire duquel se trouve l’institut Sainte Marie de Wangs, avait pris ses distances.

Mgr Huonder s’en explique. En 2014, Rome lui a demandé s’il était d’accord de s’engager pour le dialogue avec la FSSPX. «J’ai accepté, ce fut pour moi un grand défi.» Il a alors pris les contacts et a acquis une connaissance plus approfondie de la problématique de la tradition et de la Fraternité de Mgr Lefebvre. Poursuivre cette tâche, une fois arrivé à la retraite lui a paru logique et légitime. Selon lui, le pape François, aurait même dit à un prêtre: «Il a bien fait».

L’ancien évêque de Coire souligne: " Je ne suis pas ici par orgueil, mais vraiment parce que j’y vois une responsabilité très importante qui m’incombe en tant qu’évêque catholique, et qui exige de moi que je témoigne devant notre Mère, l’Église, et devant la Fraternité de mon profond attachement à la tradition. (…)

Je suis très heureux. J’ai tout l’environnement religieux qui me soutient vraiment, qui m’aide à vivre intensément la foi, même en tant qu’ancien évêque.» Il est également bon que les jeunes le maintiennent «sur le qui-vive» – ce qui n’est pas toujours facile, «car j’ai du mal à marcher». A propos de l’institut sainte Marie, le prélat note qu’»avoir une telle école catholique dans un diocèse, c’était mon rêve à l’époque. On ne trouve plus ça dans nos régions.»

La FSSPX n’est pas schismatique

Et à propos d’une visite au séminaire de la FSSPX de Zaitzkofen, en Allemagne, Mgr Huonder persiste et signe: «J’y ai vu comment les prêtres sont formés. J’ai alors dit au recteur : «Nous avons ici le modèle de l’Église. Ceux qui occupent des postes à responsabilité dans l’Église devraient s’inspirer de ce qui se passe dans la fraternité.»

Vitus Huonder ne voit pas la FSSPX comme un mouvement schismatique: «Ce qui est fait et réalisé ici est dans la norme catholique, et devrait l’être aussi pour les autres.» Il affirme avoir eu «quelques contacts avec le Saint Père, également en ce qui concerne la Fraternité.» Le pape lui aurait dit à plusieurs reprises: ‘ce n’est pas une communauté schismatique’.

Critique de la réforme liturgique

Vitus Huonder critique la réforme liturgique «parce que certains textes ont été raccourcis, supprimés: Des prières qui sont très importantes pour le prêtre. Maintenant, je peux le vivre chaque jour dans le rite traditionnel. Cela renforce le prêtre, cela renforce surtout la foi, cela renforce la dévotion à la Sainte Messe. Le prêtre se tient réellement devant Dieu, devant Jésus, et pas simplement devant une communauté. Je peux le vivre à nouveau dans le rite traditionnel, et c’est si précieux et si intemporel que je ne voudrais pas qu’il en soit autrement.»

Il ne veut plus célébrer le Novus Ordo: «Je ne pourrais plus le faire, parce que lorsque vous vous immergez dans la Sainte Messe traditionnelle, vous arrivez simplement à ce point où vous sentez qu’il ne peut en être autrement.» (cath.ch/kath.ch/rr/mp)

Rédaction

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