Faut-il voter au Synode ?, s’interroge le cardinal Grech

Le cardinal Mario Grech, secrétaire générale du Synode des évêques, a mis en garde sur le fait de donner «au vote une valeur qui risque de transformer l’Assemblée synodale en un parlement», lors d’un discours à l’occasion du lancement du Synode sur la synodalité, le 9 octobre 2021.

Dans la salle du Synode du Vatican, devant des laïcs, des délégués des conférences épiscopales et des membres de la Curie romaine, le cardinal secrétaire générale du Synode des évêques s’est exprimé pour clore la première séance de travail du Synode sur la synodalité, un processus qui va durer deux ans et dont la première phase débute dans les diocèses du monde la semaine prochaine.

Dans le sillage de l’avertissement que le pape François venait de faire dans son propos liminaire – «le Synode n’est pas un parlement» -, le cardinal Grech a constaté la difficulté actuelle de «vérifier le consenss» des fidèles catholiques à l’occasion des synodes et s’est interrogé sur la pertinence du vote dans l’Église catholique.

Actuellement, ce vote est utilisé lors des assemblées plénières des évêques réunis en synode. Il permet d’approuver des propositions à la majorité des deux tiers, propositions qui sont ensuite envoyées au pape. Inédit dans sa forme, le Synode sur la synodalité, qui se déroule en trois phases – locale, continentale et universelle -, doitse conclure en octobre 2023 à Rome par une assemblée plénière des évêques. Elle devrait recourir, comme à son habitude, à l’exercice du vote.

Mais le haut prélat maltais a indiqué que les choses pourraient en être autrement selon les réflexions des participants au synode. Rappelant qu’il ne souhaitait pas que ce processus n’entre dans des « dynamiques démocratiques», il a souligné que celles-ci, par l’utilisation du vote, introduisent dans l’Église «la logique de la majorité et de la minorité».

«Je me demande, et je vous demande si nous ne devrions pas réfléchir sur ce point, trouver d’autres solutions pour vérifier le consensus», a-t-il alors souligné, avançant déjà quelques pistes de réflexion pour résoudre «un problème».

«Est-il si impossible d’imaginer, par exemple, de recourir au vote sur le document final […] uniquement lorsque le consensus n’est pas certain?», s’est-il ouvertement interrogé, jugeant qu’il pourrait être «suffisant de prévoir des objections motivées au texte, éventuellement signées par un nombre approprié de membres de l’Assemblée, résolues par une discussion supplémentaire». Pour lui, le vote ne pourrait même avoir lieu qu’en «dernier ressort» et serait finalement considéré comme un outil «non désiré».

Le 7 septembre dernier, lors d’une conférence de présentation du Synode sur la synodalité, le cardinal Mario Grech, pressé par les journalistes sur la question du vote – et notamment celui des femmes – dans la phase «romaine» finale du synode, avait montré un certain agacement. Il avait mis en garde contre une attention exclusive à cette question et avait rappelé qu’il ne fallait pas aborder le synode «dans une logique de partis et de sondages d’opinions».

Vers de nouvelles modalités?

Avant de conclure son discours, le Secrétaire général du Synode a proposé une autre réflexion autour de la réception du processus synodal: «Et si, au lieu de terminer l’assemblée [d’octobre 2023, NDLR] en remettant le document final au Saint-Père, nous faisions un autre pas, celui de rendre les conclusions de l’assemblée synodale aux Églises particulières [les diocèses, NDLR] d’où est parti tout le processus synodal?», s’est-il à nouveau demandé.

Selon lui, par ce nouveau procédé, tous les catholiques, en tant que Peuple de Dieu, pourraient donner leur approbation au document final. Le pape, «recevrait un document qui manifesterait en même temps le consentement du Peuple de Dieu et du Collège des évêques», imagine-t-il, laissant aux participants toute latitude pour s’emparer de cette question. (cath.ch/i.media/hl/cmc)

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