Eco-anxiété

Eco-anxiété. J’ai entendu ce mot pour la première fois le 2 octobre dernier lors d’une célébration œcuménique à la Cathédrale de Genève. Le thème de cette rencontre était l’écologie en Romandie, à tous niveaux, de GreenFaith aux organisations attachées aux Églises chrétiennes.

Eco-anxiété. Un jeune homme engagé intensément dans les questions écologiques, Benoît Ischer, écothéologien, a prononcé cette notion inconnue de mon vocabulaire. Les générations actuelles sont habitées par cette anxiété inhérente aux questions écologiques. Il suffit en effet de considérer les productions littéraires, cinématographiques et culturelles pour réaliser à quel point, Benoît Ischer a raison.

Le terme «dystopie» a succédé à celui «d’utopie». Lorsque nos artistes rêvent et inventent, ils brossent des mondes touchés par des catastrophes et cataclysmes. Des mondes dévastés, anéantis et ravagés où respirer est difficile. Le roman de Barjavel Ravage paru en 1943 faisait figure d’originalité à l’époque. Premier roman de science-fiction dystopique avant l’heure! Aujourd’hui, c’est devenu monnaie courante.

Alors que faire? Certes, prendre conscience de la gravité de la question et des enjeux écologiques. Pléthore de reportages après avoir dressé le constat alarmant s’essaie à des embryons de dénouements possibles. Cette constante présence de la gravité et de l’urgence de la situation devrait être cependant accompagnée. Accompagnée spirituellement, existentiellement, profondément. Afin que la lutte contre cette destinée funeste soit portée par plus grand, plus fort, plus invincible que nous-mêmes. Afin que l’anxiété si légitime puisse trouver un réconfort et une paix pour mieux remporter la bataille.

«L’Éternel est ce qui est venu nous dire que nous ne devons plus craindre la mort»

A l’Éternel la terre et ce qu’elle renferme, le monde et celles et ceux qui l’habitent! Savoir que l’humanité n’est ni son fondement ni sa propre fin. Savoir que le petit moment qu’occupe l’existence humaine dans l’histoire de notre planète est un souffle. Savoir également que pour l’Éternel cette brève histoire humaine est précieuse et inestimable. Qu’une attache, une relation, une union aussi incommensurable que mystérieuse nous lie à Dieu. Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui, qu’est-ce que l’être humain, pour que tu t’occupes de lui? Tu l’as fait un peu inférieur à un dieu, tu l’as couronné de gloire et de magnificence. Tu lui as donné la domination sur les œuvres de tes mains, tu as tout mis sous ses pieds.

Pour gagner contre le pire, souvent les livres et les films laissent la place à une part indicible et singulière: la volonté de retrouver les siens; le plus rien à perdre; l’énergie du désespoir et de l’espoir; la conscience de la portée du sacrifice d’une seule vie pour l’ensemble, etc. Cette étincelle qui force à transcender sa condition au prix de sa vie, à faire preuve de bravoure, à agir comme si nous ne craignions plus de mourir. L’Éternel est ce qui est venu nous dire que nous ne devons plus craindre la mort. Ainsi nous ne sauvons pas la terre uniquement à l’échelle de notre simple existence, mais pour l’aujourd’hui et le demain de l’humanité. Cette aisance, cette espèce de confiance et d’audace en la vie – cette foi – nous offrira dans nos initiatives une détermination et un cran semblables à ceux des héros qui sauvent la planète à la fin du film!

Nadine Manson

27 octobre 2021

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