Devant le pape, l'archevêque de Chypre critique la Turquie

La Turquie a développé «un plan de nettoyage ethnique» à Chypre, a dénoncé l’archevêque orthodoxe de Chypre Chrysostome II devant le pape François qui rencontrait le 3 décembre le Saint-Synode orthodoxe de Chypre. Le chef orthodoxe a par ailleurs sollicité l’aide du pape pour récupérer des biens culturels religieux perdus après l’invasion turque de 1974.

Pour débuter le deuxième jour de son voyage à Chypre, le pape François a prononcé un discours devant le Saint-Synode orthodoxe de Chypre. Accueilli par Chrysostome II, l’archevêque orthodoxe de l’île, le pape François a d’abord écouté le propos particulièrement engagé de l’archevêque orthodoxe sur les relations houleuses avec les Turcs.

«La Turquie nous a attaqués férocement et s’est emparée de 38% de notre patrie par la force des armes», a commencé par raconter le chef de la communauté orthodoxe, revenant sur les événements de 1974 où l’île finit par être séparée en deux, entre la communauté chypriote turque au nord et la communauté chypriote grecque au sud.

Un «nettoyage ethnique»

Parlant de «nettoyage ethnique», Chrysostome II a déploré les «200’000 habitants chrétiens qui ont été expulsés de leurs foyers paternels avec une barbarie incroyable» et ont été « remplacés par plus du double de colons arrivés du fin fond de l’Anatolie, détruisant ainsi notre culture classique».

En outre, a-t-il repris, «ils ont confisqué nos églises byzantines historiques, avec leurs mosaïques ecclésiastiques byzantines intemporelles et inestimables, les icônes des saints qui nous introduisent dans le mystère et manifestent notre très haut niveau culturel ».

Il a alors comparé l’action des Turcs à la «barbarie sanglante d’Attila», détruisant la culture grecque et chrétienne qui s’épanouissait et fructifiait.

Dans ce «Golgotha national et ecclésial», le chef de l’Église orthodoxe de Chypre a demandé «le soutien actif» du pape François pour intervenir dans le processus de récupération des biens culturels religieux. Il a alors cité l’action de Benoît XVI qui, en son temps, avait «servi de médiateur avec le gouvernement allemand» et avait contribué à ramener «500 fragments de notre culture byzantine, que des archéologues turcs avaient transportés à Munich».

La veille, le pape François avait évoqué ce douloureux problème

Dans son discours prononcé quelques minutes plus tard, le pape François n’est pas revenu directement sur les déclarations de l’archevêque de Chypre. Mais la veille, lors d’un discours devant les autorités politiques de l’île, le pontife avait consacré quelques mots à ce douloureux problème.

Il avait en effet plaidé pour «la sauvegarde du patrimoine religieux et culturel et la restitution de ce qui est particulièrement cher à la population, comme les lieux ou au moins le mobilier sacré».

En 2010, lors du voyage de Benoît XVI sur l’île – une première dans l’histoire de la papauté -, le même patriarche Chrysostome II avait déjà condamné les «attaques barbares» des occupants turcs et dénoncé leur politique de «purification ethnique» contre les chrétiens. (cath.ch/imedia/hl/bh)

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