Al-Sistani, Biden, Modi, Hiéronymos... dix rencontres du pape en 2021

Après la paralysie générée par la pandémie en 2020, un relatif retour à la normale s’est opéré cette année au Vatican en termes d’audiences avec le pontife. Chefs d’État et responsables religieux ont de nouveau été reçus par le pape François en 2021. L’évêque de Rome s’est également déplacé en Italie et à l’étranger pour des rencontres importantes. I.MEDIA en a sélectionné dix.

20 février: le pape sort du Vatican pour visiter Edith Bruck

Sans prévenir, le pape François a fait sa première sortie de l’année hors du Vatican pour se rendre chez la poétesse Edith Bruck, survivante de la Shoah. Dans son appartement, l’intellectuelle juive lui a raconté «l’expérience de l’enfer des camps de concentration » nazis où elle est passée pendant son enfance, et où une grande partie de sa famille a péri. Les deux octogénaires ont aussi discuté de la société actuelle frappée par la pandémie et ont évoqué le sort des personnes âgées.

6 mars: le pape rencontre en Irak le chiite Al-Sistani

Une rencontre inédite dans un voyage historique. Ainsi pourrait-on qualifier la visite du pape François au grand leader chiite Al-Sistani dans sa ville de Nadjaf. Premier pontife à se rendre en Irak, le pape argentin a tenu à rencontrer l’ayatollah, une manière de manifester son désir de dialogue avec l’islam chiite après avoir réussi à nouer un dialogue étroit avec une partie du monde sunnite.

Pour le Père Christopher Clohessy, éminent spécialiste de l’islam chiite, par cette rencontre, le pape a envoyé aux chiites le message selon lequel ils ne sont pas oubliés et qu’ils « font partie intégrante du processus de dialogue et de paix dans le monde ».

1er avril: le pape se rend chez le cardinal Angelo Becciu pour la Cène

C’est sans doute l’un des gestes les plus spectaculaires de cette année 2021. En se rendant discrètement le Jeudi-Saint chez le cardinal Angelo Becciu, le pape François crée la stupéfaction. Il faut dire que l’ancien «numéro 3» de la Curie romaine avait été démissionné manu militari par le pontife quelques mois plus tôt sur fond de corruption dans le cadre de l’Affaire de l’immeuble de Londres.

Le Saint-Siège ne donnera aucune explication à cette visite privée ayant eu lieu le jour de la célébration de la Sainte Cène, une messe durant laquelle le célébrant est amené à laver les pieds de plusieurs membres de l’assemblée comme le Christ le fit avec ses disciples.

Quelques semaines plus tard, la convocation du cardinal Becciu au procès de l’immeuble de Londres aux côtés de neuf autres accusés marquera un tournant dans l’histoire de la justice vaticane.

12 septembre: le pape rencontre finalement Viktor Orban

N’est pas tant mémorable la rencontre du pape et de Viktor Orban elle-même, survenue presque en catimini le 12 septembre dans l’aéroport de Budapest, mais bien plutôt l’incertitude qui a régné autour de son organisation. Les deux hommes aux discours opposés en matière de politique migratoire ne se sont certes jamais critiqués publiquement.

Mais la paix courtoise a semblé vaciller en amont du voyage du pontife en Hongrie lorsqu’il a affirmé ne pas savoir s’il allait rencontrer le Premier ministre à Budapest. Problème: la rencontre avec Orban avait déjà été officialisée. L’impair est finalement corrigé et l’entrevue a bien lieu.

Pendant celle-ci, le Premier ministre hongrois apparaît presque effacé derrière le président Janos Ader. Loin d’être houleuse, la discussion entre les deux parties porte sur des thèmes de convergences entre le Saint-Siège et le gouvernement hongrois: la famille et l’environnement.

1er octobre: la dernière d’Angela Merkel au Vatican

Sur le départ après 16 ans au pouvoir, la chancelière allemande Angela Merkel a été reçue par le pape François lors d’une quatrième et dernière audience le 1er octobre. En pleine tournée d’adieu, la dirigeante et le pontife se sont retrouvés six jours plus tard pour un sommet interreligieux à Rome où elle fut la seule personnalité politique à s’exprimer.

Deux rencontres qui ont témoigné des liens d’estime qui unissent le pontife et celle qui faisait partie, selon un proche du pape, des dirigeants politiques qui ont toqué à la porte du Saint-Siège «en recherche de sagesse plus que d’une caution».

Plus tard, le pape ne manquera pas de rendre hommage à la dirigeante dans la presse, la décrivant comme un des «grands leaders qui entreront dans l’histoire» puis comme un modèle de leadership féminin.

29 octobre: le pape reçoit le catholique Joe Biden

La visite au Vatican de Joe Biden, second président catholique de l’histoire des États-Unis, était attendue et scrutée dans un contexte de fortes tensions aux États-Unis autour du débat sur la cohérence eucharistique – c’est-à-dire la possibilité de refuser la communion à une personnalité politique qui, comme Joe Biden, soutiendrait l’avortement.

La rencontre sera particulièrement longue – 75 minutes – et cordiale. À l’issue de l’audience privée avec le pape François, Joe Biden déclare que la question de l’avortement n’a pas été abordée. Il répond par l’affirmative à des journalistes lui demandant si le pape l’a autorisé à continuer à communier.

30 octobre: au Vatican, Narendra Modi invite le pape en Inde

Le Premier ministre indien a lui aussi profité de la tenue du G20 à Rome pour faire un saut par le Vatican. Son audience avec le pape François, annoncée au dernier moment, a été peu commentée – principalement occultée par le passage tonitruant de Joe Biden la veille. Les photos officielles de l’audience – longue de presqu’une heure – montrent les deux chefs d’État souriants. Narendra Modi rapportera que la rencontre était «très chaleureuse».

L’homme d’État indien a, lors de cette première rencontre avec l’évêque de Rome, remis officiellement au pape une invitation à se rendre en Inde. Une nouvelle qui répond après plusieurs d’années d’attente au souhait exprimé par le pape d’effectuer un voyage dans la péninsule indienne.

Lors de la rencontre, la question des persécutions religieuses commises au nom de la doctrine ethnoreligieuse du parti de Narendra Modi n’a pas été évoquée. 

12 novembre: le pape va à Assise pour rencontrer 500 pauvres

Le pape des pauvres dans la ville du Poverello à la rencontre de 500 pauvres. Pour célébrer la Journée mondiale des pauvres, le pape François s’est rendu pour la cinquième fois de son pontificat à Assise. Là, 500 personnes vulnérables venues de toute l’Europe l’attendaient pour passer un temps fraternel et de prière dans la basilique Sainte-Marie-des Anges.

Dans cette grande église qui a la particularité d’abriter la Portioncule, cette petite chapelle que saint François avait remise en état, le pontife a surtout écouté le témoignage de ceux qui, selon lui, doivent être le cœur de l’Église.

26 novembre: Quand Emmanuel Macron et le pape se tutoient

Sur le fond, peu d’éléments ont filtré de cette deuxième rencontre au Vatican entre le président français et le pape François. Mais c’est l’étonnante proximité affichée qui a marqué les observateurs à l’issue de l’audience d’une heure.

Sur des images-vidéos diffusées par le Saint-Siège, on voit les deux hommes tout sourire et on les entend se tutoyer. «Je t’ai fatigué avec toutes ces histoires», lâche par exemple le dirigeant français au pape qui lui répond du tac au tac : «Tu ne m’as pas fatigué».

4 décembre: le pape François demande « pardon » devant Hiéronymos II

Lors de son voyage en Grèce, le pape est accueilli avec une certaine fraîcheur devant l’archevêché orthodoxe d’Athènes – un prêtre âgé lui lançant même en grec: « Pape, tu es hérétique ! ». Sur une terre orthodoxe encore traumatisée par l’attitude des Latins à certains moments de l’histoire, le pape est venu demander pardon.

Reçu par Hiéronymos II, ce dernier lui suggère dans son discours d’avoir le courage et l’honnêteté de considérer les signes manquants et les omissions de ses prédécesseurs, notamment au moment de la résistance civique sous l’emprise ottomane en 1821. Comme Jean Paul II l’avait fait 20 ans plus tôt, François en Grèce est allé à Canossa. (cath.ch/imedia/cd/hl/mp)

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