Un film sur « France 2 » fait le point
Paris, 14juin(APIC) Un film de Francis Bouchet, intitulé « Prêtres ouvriers, prêtres oubliés » évoquera dimanche matin sur « France 2 » à 10 h 30 la
réalité ancienne et actuelle des prêtres-ouvriers.
Qui parle encore des prêtres-ouvriers? Qui sait qu’il en reste encore
environ 500 en France? Et pourtant 1993 est l’année du cinquantième anniversaire de leur création, « un événement religieux le plus important de
puis la Révolution française » , disait alors le Père Marie-Dominique Chenu,
célèbre théologien dominicain français.
Deux prêtres ouvriers témoigneront de leur expérience dans le film de
Francis Bouchet. André Depierre, qui a passé toute sa vie à Montreuil avec
les ouvriers du « ghetto païen de Paris », et Hervé Bienfait, pompiste au
port de pêche du Havre, qui a choisi un mi-temps par souci de partager le
travail manuel avec d’autres.
Une histoire tourmentée
En 1943 parait un petit livre au grand retentissement, « France, pays de
mission? ». Le livre souligne l’étendue de l’écart croissant de l’Eglise
catholique avec le monde ouvrier. Les auteurs, les abbés Godin et Daniel,
des aumôniers jocistes, parlent d’expérience. Quelques semaines plus tard,
boulversé par ce cri d’alarme, le cardinal Suhard, archevêque de Paris, déjà fondateur de la Mission de France, institue dans son diocèse une Mission
de Paris; il n’est pas question alors de prêtres au travail, mais seulement
de prêtres agissant en milieu populaire, hors des structures paroissiales.
Bientôt cependant quelques uns de ces prêtres, pensant qu’il faut aller audelà, demandent à leur archevêque l’autorisation de s’embaucher comme ouvriers: c’est le véritable départ de l’expérience.
L’interdiction de Rome
En 1954, malgré les démarches de l’épiscopat français, le pape Pie XII
met un terme à l’expérience. Cette décision de Rome entraîne une véritable
crise et un émoi considérable, non seulement parmi les prêtres au travail
mais au sein de l’Eglise de France. Beaucoup d’évêques, tout en reconnaissant le besoin d’ajustement au vu de l’expérience, considèrent que celle-ci
répond à une absolue nécessité pastorale. Le cardinal Liénart, évêque de
Lille, déclare au nonce apostolique: « Il ne fait aucun doute que l’opinion
publique, dans son ensemble, concluera que l’Eglise abandonne le monde des
travailleurs ». Les prêtres-ouvriers ont de leur côté le sentiment d’être
mis devant le choix entre deux fidélités, à l’Eglise catholique ou à la
classe ouvrière. Dans un extrême déchirement, sur une centaine de prêtres,
près de soixante décident de rester au travail. En 1965, dans un climat
post-conciliaire détendu, Paul VI autorise l’épiscopat français à recourir
à nouveau au ministère de prêtres au travail. Sans faire l’unanimité, bien
problématique dans ce domaine, il semble que la formule semble avoir trouvé
son point d’équilibre. (apic/theo/ba)
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