Frères des Ecoles chrétiennes fête cette année son 100e anniversaire. Fon-

Neuchâtel, 29juillet(APIC) L’Institut catholique de Neuchâtel (INCA) des

dé en 1893, il a vu défiler en un siècle 12’000 jeunes gens, Suisses alémaniques dans l’ensemble, venus sur les bords du lac apprendre la langue de

Voltaire. L’Institut a certes connu des hauts et des bas, mais il n’en continue pas moins d’exister dans l’esprit de saint Jean-Baptise de la Salle,

le fondateur des Ecoles chrétiennes, écoles aujourd’hui implantées dans 79

pays des cinq continents, de la maternelle à l’université.

Avec un budget de plus de deux millions de francs et 22 employés, l’INCA

joue un rôle non négligeable dans l’enseignement en accueillant bon an mal

an, dans le cadre d’une dixième année scolaire quelque 95 jeunes âgés de 16

et 17 ans. En organisant chaque été des cours de vacances de trois semaines. Rôle éducatif, avec 33 heures de cours hebdomadaires, dont 15 consacrés au français. Avec aussi son école primaire et son jardin d’enfants,

fréquentés par des gosses de Neuchâtel et des environs. Rôle économique non

négligeable, également. L’enseignement est aujourd’hui dispensé par six

frères et 9 laïcs, dont 3 éducateurs.

L’histoire de l’unique établissement scolaire des Frères des Ecoles

chrétiennes en Suisse – la communauté, qui dépend actuellement du provincial de Paris, est présente dans le pays à Neuchâtel et à Zurich seulement,

avec deux Frères encore établis sur les bords de la Limmat – commence en

réalité en 1863, date à laquelle les premiers Frères arrivèrent à la demande du curé de la paroisse. La même année s’ouvrait une école primaire. Tout

s’enchaîne ensuite, avec l’ouverture 30 ans plus tard de l’Institut, avec

l’achat par la paroisse de l’Hôtel Fauche en 1889. Une vénérable bâtisse au

coeur de Neuchâtel qui vit séjourner Balzac et que la Congrégation rachètera en 1909. Puis, plus récemment, avec l’achat de l’abbaye de Fontaine-André, qui domine le lac, entre deux forêts et 20 hectares de terre.

Surtout pas à l’école catholique…

« Tout ne fut pas toujours facile », témoigne Frère Richard Böhi, enseignant à l’Institut et président depuis deux semaines de l’Association suisse des Frères des Ecoles chrétiennes. D’abord parce que l’établissement a

été sur le point de se fermer à plusieurs reprises, faute d’élèves, ensuite

parce qu’il faut admettre l’hostilité des milieux politiques et pédagogiques qui ne voyaient pas d’un bon oeil cette école catholique en plein bastion du protestantisme. « En 1960 encore, nos élèves se voyaient empêchés de

défiler avec les gosses des autres écoles de la ville lors des promotions

scolaires ». Sans parler des méfiances suscitées à l’égard de l’enseignement: « Ne mettez surtout pas votre enfant à l’école catholique », disait-on

à l’époque, confie aujourd’hui Frère Böhi. Qui précise: « Tout a bien changé

depuis ».

Tout a changé, même si les Neuchâtelois continuent à appeler familièrement l’endroit « le petit Vatican ». Avec l’Institut, le jardin d’enfants,

l’école primaire, l’église « rouge » ainsi nommée en raison de la couleur vive des pierres, la cure, l’Hôpital de la Providence des Soeurs, la résidence du vicaire général, le centre paroissial, le centre oecuménique de catéchèse, avec les bureaux de la JOC, de la Fédération catholique romaine

neuchâteloise et de Caritas… Tout cela regroupés dans un périmètre relativement restreint, entre la gare et le lac.

Un charisme simple: l’éducation humaine et chrétienne des jeunes

Les jeunes fréquentent l’Institut pour y apprendre le français. Pas question de parler allemand entre eux dans des endroits précis de l’école et à

des heures fixées. La punition tombe: sortie du samedi soir écourtée ou

travail écrit. Pour y apprendre le français, donc, mais aussi pour y recevoir une éducation empreinte du charisme de la Congrégation: « L’éducation

humaine et chrétienne des jeunes », même si un élève sur cinq est de confession protestante. « Ils rentrent une fois tous les quinze jours chez eux. Ce

qui veut dire qu’ils étudient, vivent, mangent et dorment à l’Institut »,

explique Frère Richard. Au bout d’un an, munis du diplôme de la maison, de

la Fédération des Ecoles privées de Suisse ou de l’Alliance française – qui

délègue de Paris des experts pour les examens -, les pensionnaires quittent

Neuchâtel. Commencent alors pour eux des apprentissages dans le secteur

commercial avant tout, mais aussi dans les différentes branches manuelles.

« Très peu poursuivent leurs études ».

La plupart des pensionnaires de l’Institut arrivent de la Suisse centrale, du canton de Lucerne, majoritairement. Issus de familles aisées, de

commerçants, d’artisans ou autres industriels: le prix annuel de la pension

suffit du reste à s’en persuader: entre 15’150 francs et 18’800 francs.

« C’est vrai, reconnaît Frère Richard, on pourrait voir là une contradiction

avec l’esprit qui nous anime: le service éducatif des pauvres. Le bénéfice

servait autrefois à soutenir la gratuité de l’école primaire. Nous sommes

aujourd’hui dans les chiffres rouges et le seul moyen d’en sortir est

l’aggrandissement de l’Institut pour un plus grand accueil. Un projet ».

L’Institut ne reçoit aucune subvention. Seules les pensions payées alimentent les frais. Et le paiement des salaires des laïcs qui sont de plus en

plus nombreux à enseigner dans les établissments des Frères des Ecoles

chrétiennes. A Neuchâtel comme ailleurs. En raison du manque de vocations.

Le réveil des laïcs

Manque de vocations? Les chiffres parlent d’eux-mêmes: « Nous étions

16’000 il y a 30 ans. Notre Congrégation ne compte plus guère que 8’000

Frères, dont encore près de 1’300 en France et une vingtaine en Suisse.

D’où la nécessité d’ouvrir nos établissements à des enseignants laïcs. Avec

les problèmes de salaires que cela suppose », constate Frère Richard. Qui se

souvient: « Un responsable de nos écoles en France estimait un jour que 125

établissements sur sol français allaient devoir fermer leurs portes par

manque de Frères. Les laïcs se sont réveillés. Ils ont senti le besoin

d’une formation lassalienne afin de poursuivre l’oeuvre dans l’esprit et le

charisme de la Congrégation. C’est alors que nous avons décidé la création

de cours sur deux ans pour une formation dans ce sens ».

Avec succès. Patrice Ettlin, 20e directeur de l’Institut catholique de

Neuchâtel, est passé par là. L’établissement est aujourd’hui reconnu pour

la grande valeur de son enseignement, qui répond à l’esprit du fondateur,

saint Jean-Baptiste de la Salle, en développant globalement la personnalité

des jeunes par la réflexion et l’action sociale directe. En misant aussi

sur l’esprit d’ouverture. Le sens des solidarités. (apic/pr)

ENCADRE

750 écoles dans 79 pays

Les chiffres suffisent à eux seuls pour démontrer l’importance de la

Congrégation des Frères des Ecoles chrétiennes dans le domaine de l’enseignement: 750 écoles, de la maternité à l’université, réparties dans 79

pays, 23 sur le continent Américain, 17 en Europe, 20 en Afrique, 4 au Proche-Orient, 3 en Orient, 8 en Asie et 4 en Océanie. Les statistiques 1989

faisaient état de 8’262 Frères, de 36’921 professeurs civils pour un total

de 685’533 élèves. Sans compter les quelque 121’634 gosses qui bénéficient,

dans la rue ou ailleurs, d’un soutien éducatif, sans parler non plus des

744 autres oeuvres diverses auxquelles participe la Congrégation. (apic/pr)

ENCADRE

Université de Bethléem: coexistence entre musulmans et chrétiens

Sans doute la plus connue des Ecoles tenues par la Congrégation, l’Université de Bethléem, fondée par le pape Paul VI en 1967 pour que les chrétiens restent sur place, accueille actuellement 1’800 étudiants, dont 56%

de femmes, mais surtout 65% de musulmans contre 35% de chrétiens. L’Université, dont le budget annuel se monte à 3 millions de dollars, reçoit des

dons d’un peu partout, et notamment des diocèses de Cologne et de New York,

particulièrement généreux. Elle est en outre en partie financée par des

pays arabes. Son importance n’est plus à démontrer. Peu après les récentes

élections du Sénat des étudiants de l’Université palestinienne, Yasser Arafat en personne téléphonait au recteur Anton de Roeper, afin de le féliciter du bon travail accompli, confie Frère Richard Böhi, qui est également

secrétaire de l’Association suisse qui oeuvre en faveur de l’Université de

Bethléem. (apic/pr)

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