Pékin: les chrétiens doivent faire profil bas pendant les Jeux

Alors que les Jeux olympiques d’hiver débutent le 4 février 2022, les responsables des Églises chrétiennes de Pékin se préparent à faire profil bas. Ils veulent éviter d’entrer en conflit avec les autorités chinoises, relaie Portes Ouvertes, une organisation de soutien aux chrétiens persécutés.

«Nous savons que nous ne devons pas être ‘actifs’ pendant ce genre d’événement, déclare le pasteur Huang* de Pékin. Nous savons comment nous devons nous comporter pendant cette période. Et la règle c’est de faire profil bas.»

Selon Zhang Wei*, un contact local de l’ONG protestante Portes Ouvertes, «lors d’événements majeurs comme celui-ci, les ecclésiastiques sont avertis de se ‘tenir à carreaux’, de ‘se taire’ et de ‘rester invisible dans le domaine public’». Si les Églises ne se conforment pas à cette règle, leurs réunions risquent d’être interrompues.

Rappel des «limites»

Lors des célébrations de la fête nationale de la République populaire de Chine, en 2021, les autorités chinoises appelaient également régulièrement les responsables des Églises domestiques pour leur rappeler leurs «limites». Les réunions en petits groupes étaient tolérées, mais les événements religieux de plus grande envergure déconseillés.

Les ecclésiastiques soupçonnés de mener des activités autres que les services dominicaux réguliers et discrets peuvent avoir ce que l’on appelle des «invitations pour le thé» avec des responsables locaux du parti.

«Pour les croyants ordinaires, les conséquences peuvent être de simples avertissements ou l’enregistrement de leur carte d’identité», explique Zhang Wei. «Pour les dirigeants et les ecclésiastiques, cela peut signifier de longs interrogatoires, des détentions d’une nuit et des amendes».

Les conséquences peuvent être plus graves si les Églises résistent aux autorités et causent des «troubles». Un pasteur ou un prêtre peut être placé en détention administrative pour une durée de quelques jours à deux semaines.

Volonté de contrôle des chrétiens

Comme le gouvernement considère que le christianisme est d’origine occidentale, il y voit, de manière générale, une menace d’infiltration étrangère. Les Églises officiellement accréditées ont reçu l’ordre de hisser le drapeau chinois à côté de la croix et d’adapter leurs enseignements aux «principes socialistes chinois».

On continue de rapporter des cas de démolition d’églises dans certains endroits du territoire. Des centaines de croix, sur des bâtiments religieux, ont été détruites, souvent sans aucun avertissement.

Les autorités ne peuvent toutefois pas agir frontalement contre les chrétiens, en raison de leur grand nombre en Chine, souligne Philippe Fonjallaz, directeur de Portes Ouvertes Suisse. On estime qu’environ 100 millions chrétiens vivent dans le pays. Le gouvernement essaie plutôt de faire pression pour que le christianisme se soumette à l’idéologie communiste en place. (cath.ch/com/rz)

*noms modifiés

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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