Thurgovie: Les paroissiens révoquent leur curé

Dans certains cantons suisses, les citoyens catholiques disposent du droit d’élire leur curé. La plupart du temps la chose se passe sans problème. Mais le 13 février 2022, les paroissiens de Tobel (TG) ont décidé de ne pas renouveler le mandat de leur prêtre. Leo Schenker devra donc quitter à fin juillet la charge qu’il occupait depuis 1999.

Dimanche dernier, les paroissiens de Tobel ont déposé dans l’urne plus de bulletins blancs (108) que de bulletins portant le nom de leur curé en exercice (76). Selon le nouveau droit électoral de l’Eglise catholique de Thurgovie, les votes blancs ne sont pas éliminés, mais comptent pour le calcul de la majorité absolue. Leo Schenker n’a donc pas franchi cet obstacle et devra quitter fin juillet le poste qu’il occupe depuis 1999, rapporte le site duTagblatt.

Les problèmes ne sont pas nouveaux

«Ce résultat montre clairement que la majorité de nos paroissiens ne veulent plus de ce pasteur», a commenté le président de paroisse Norbert Weber. Il s’attendait à ce que les paroissiens donnent un avertissement à leur curé, mais il ne pensait pas qu’ils le révoqueraient.

Leo Schenker n’a jamais fait l’unanimité dans sa paroisse. «Moi et mes prédécesseurs avons souvent entendu des voix critiques, il y a aussi eu des départs à cause du curé.» Un avis partagé par Urs Brosi, secrétaire général de la corporation ecclésiastique cantonale: «De mon point de vue, la raison de la non-réélection n’est pas à chercher dans un événement spécifique, mais dans le caractère particulier du prêtre. Dans le contact social, il ne cesse de se heurter aux gens.»

Un nouveau système

Urs Brosi précise que la révocation a été rendue possible par la nouvelle réglementation électorale. Auparavant, au moins 20% des paroissiens auraient dû demander une élection par les urnes, sinon un curé était simplement confirmé dans sa fonction par une élection tacite. Désormais, les curés et les responsables de paroisse doivent se soumettre à une élection générale tous les quatre ans. Ce qui a été le cas, pour la première fois, le 13 février 2022.

Il faut retenir également une autre particularité: lors de l’élection ecclésiastique inscrire simplement un autre nom, comme lors d’une élection politique, n’est pas possible. En effet l’évêque doit attester en amont de l’éligibilité des candidats. Il n’est donc pas possible de présenter des candidats opposés.

«Avec moi on peut discuter de tout»

Contacté par kath.ch, Leo Schenker réfute les reproches concernant son manque de compétences sociales: «Ce n’est pas vrai du tout. Avec moi, on peut parler de tout». «Je me plais beaucoup ici. Je n’ai aucun problème avec les gens. Et je trouve pénible que tout le monde parle maintenant des élections de dimanche.»

Le curé  qualifie le nouveau système électoral «d’un  peu spécial». «Écrire oui ou non aurait été plus clair». Ainsi, selon lui, personne n’aurait accidentellement oublié ou négligé de remplir son bulletin de vote, mais chacun aurait voté de manière plus délibérée. Il n’envisage cependant pas de faire recours, ce qui serait «en fin de compte, seulement contre-productif».

Dans le système dual, qui a cours en Thurgovie, la responsabilité du personnel incombe à la paroisse ecclésiastique en tant qu’employeur et à l’évêché qui accorde la mission canonique. Bien que la collaboration avec l’intéressé se soit parfois révélée difficile, des discussions auront lieu dans l’espoir d’une solution à l’amiable, a précisé à kath.ch le porte-parole du diocèse de Bâle, Hansruedi Huber.

«A 58 ans, je suis à un âge critique. Je me sens trop jeune pour prendre ma retraite et trop vieux pour être muté, relève Leo Schenker. J’aimerais rester curé ici ou déménager dans un autre bel endroit, par exemple dans une chapellenie à la campagne». (cath.ch/tg/kath.ch/mp)

Maurice Page

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