Symposium sur le prêtre: la présence de Tony Anatrella jette un froid

Soupçonné d’abus sexuels et interdit de ministère, le Père Tony Anatrella, qui a toujours nié les faits qui lui sont reprochés, assiste au symposium sur le sacerdoce organisé au Vatican du 17 au 19 février 2022. L’organisation assure qu’il n’a pas été invité et qu’il s’est inscrit librement à l’événement organisé dans la salle Paul VI du Vatican.

Alors que l’Église entend lutter contre les abus commis en son sein, la présence de ce prêtre de 81 ans sanctionné par l’archevêque de Paris en 2018 et sous le coup d’un procès canonique depuis 2021 interroge certains des quelque 400 participants. 

«Stupéfaction» et «consternation». Tels sont les termes utilisés par un évêque participant au symposium en constatant la présence du père Tony Anatrella à ce colloque international. Le prêtre et psychanalyste, autrefois surnommé le «psy de l’Église», a bien assisté à la première journée de ce symposium introduit par le pape François. Il est également présent au deuxième jour du colloque a pu constater I.MEDIA, le 18 février.

Interrogé sur la venue du prêtre français, le cardinal Marc Ouellet, qui l’a croisé dans le hall de la Salle Paul VI, a insisté sur le fait qu’il ne s’était pas occupé des inscriptions et que le Père Tony Anatrella n’avait pas été invité. Du côté du Saint-Siège, on rappelle que le symposium n’a pas été organisé par le Vatican mais par le Centre de recherche et d’anthropologie des vocations. La gestion des inscriptions et la distribution des badges a elle été gérée par une société italienne externe.

«Est-ce une provocation de sa part ?», se demande un prélat assistant au symposium. «L’organisation aurait pu lui dire que, compte tenu des circonstances, il valait mieux ne pas venir », souffle-t-il encore, dénonçant une «insouciance» qui relève des pratiques de «l’ancien monde» que l’Église cherche pourtant à éradiquer. Un autre évêque juge la situation «totalement incongrue» tandis qu’un autre reconnaît qu’on ne peut empêcher personne de s’inscrire à ce genre d’événements.

Un procès canonique en cours

En 2018, Mgr Michel Aupetit, alors archevêque de Paris, avait pris des sanctions contre le prêtre après une enquête préliminaire. Interdit de ministère, il ne peut plus confesser ni accompagner spirituellement des fidèles. Il lui est en outre demandé de renoncer à toute intervention publique et à l’exercice de toute activité thérapeutique. Une décision tardive mais forte, alors que d’anciens patients du prêtre-thérapeute l’accusaient d’avoir pratiqué des thérapies corporelles visant à les «guérir» de leur homosexualité et ayant conduit à des abus sexuels.

En 2007, trois procédures n’avaient pas abouti auprès de la justice civile, la prescription étant invoquée dans deux des trois cas. En 2019, une nouvelle plainte d’une victime – mineure à l’époque des faits qui se seraient déroulés en 1974 – a été déposée auprès de l’Église.

En 2021, le diocèse de Paris a engagé un procès canonique à son encontre sans que le détail des faits qui lui sont reprochés ne soient connus, la procédure restant secrète. Le Père Tony Anatrella a toujours rejeté les accusations, estimant être la victime d’une cabale. (cath.ch/imedia/hl/mp)

I.MEDIA

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