Le célibat sacerdotal, une manière d'aimer avant d'être une discipline

Au troisième et dernier jour du symposium sur le sacerdoce organisé au Vatican du 17 au 19 février 2022, le Père Emilio Justo, professeur de théologie dogmatique à l’Université pontificale de Salamanque, a rappelé la légitimité du célibat sacerdotal dans l’Eglise catholique.

Le professeur espagnol a notamment assuré qu’il ne s’agissait pas simplement d’une question de discipline ou d’absence de relations sexuelles mais d’abord d’une manière d’aimer et de se donner à Dieu et à la communauté ecclésiale.

Mise en cause du célibat dans la société contemporaine

Dans la salle Paul VI et devant quelque 400 participants, le prêtre espagnol né en 1977 est d’abord revenu sur les critiques entendues quant à l’obligation du célibat dans l’Eglise latine. Il a confié en préambule qu’il s’agissait de questions «constamment soulevées» dans l’histoire. Citant un certain nombre d’arguments – l’exigence du célibat a des motivations païennes, elle n’a pas été une constante, elle limite les vocations, les traditions orientales ont des prêtres mariés, etc. -, le jeune prêtre a reconnu que des éléments plus contemporains remettaient aussi en cause le célibat, à commencer par la crise des abus commis par les clercs.

«Des arguments légitimes et éclairants côtoient des approches très contestables», a-t-il expliqué, reconnaissant qu’il était important, pour une bonne compréhension du célibat, de répondre aux questions psychologiques, sociales et pédagogiques qu’il peut soulever.

Une question «fondamentalement théologique»

Il a cependant assuré que la relation entre le sacerdoce et le célibat était une question fondamentalement théologique. «Le célibat n’est pas une question accidentelle de la vie sacerdotale», a-t-il en ce sens affirmé, «il est lié à la façon dont on comprend ce qu’est l’Eglise et ce que signifie le ministère ordonné dans l’Eglise».

Retour historique sur le célibat

Le théologien a alors dressé un bref rappel historique du célibat dans l’Eglise, revenant d’abord sur l’idée selon laquelle la règle du célibat des prêtres ne remonterait qu’au 12e siècle. En réalité, dès le 4e siècle, «certaines décisions normatives montrent que la continence sexuelle était exigée de ceux qui recevaient le ministère ordonné».

Et de citer par exemple le canon 33 du concile d’Elvire (vers 305): «Il a paru bon d’interdire absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, soit à tous les clercs employés au ministère, d’avoir des relations avec leurs épouses et d’engendrer des enfants».

Si des hommes mariés pouvaient devenir prêtre, l’exigence de la continence sacerdotale a, dès les premiers siècles de l’Eglise, été introduite. Et par ailleurs, «dans tous les cas, après l’ordination, le mariage n’est pas autorisé», a-t-il constaté.

Une explication à la continence perpétuelle

Cette continence est d’abord principalement liée à la célébration des sacrements par le prêtre. Elle exige une «pureté cultuelle» pour le service de Dieu. Dans l’Ancien Testament, les prêtres devaient conserver la «sainteté» pour pouvoir faire leur service au temple, et ainsi respecter des règles de pureté. «Les prêtres vivent dans le temple pendant leur service cultuel et sont donc séparés de leurs épouses», détaille le théologien.

Or, poursuit-il, ce lien entre service sacerdotal et pureté est repris et renouvelé par les Pères de l’Eglise. Car si le sacerdoce du Christ est «existentiel et donc permanent», la continence sexuelle du ministre ordonné devient perpétuelle.

Le prêtre n’est pas appelé à la solitude

Dans son propos d’une trentaine de minutes, le conférencier a insisté pour dire que le prêtre – célibataire – n’était pas appelé à la solitude. «La dimension ecclésiale du célibat présuppose que, dans la communauté chrétienne, le ministre ordonné aime et est aimé». Il a alors assuré que le problème spirituel le plus important de nombreux prêtres ne résidait pas dans leur renoncement au mariage et à leur propre famille, «mais dans l’absence d’une communauté chrétienne vivante dans laquelle ils peuvent se donner».

C’est sur ce don que le Père Justo a ensuite insisté. Devant les tentations individualistes, le célibat est une forme existentielle qui doit façonner la vie des ministres pour le service de la communauté et des autres.

Le célibat, pas une simple absence de relations sexuelles

«Vivre le célibat signifie aimer, d’une manière différente du mariage, mais très réelle et humaine». En ce sens, le célibat n’est pas simplement une discipline ou une simple absence de relations sexuelles mais «une manière d’aimer».

Lors de l’inauguration du symposium sur le sacerdoce, le pape François a rappelé que «le célibat est un don que l’Eglise latine conserve». Il a insisté sur le fait que «sans amis et sans prière, le célibat peut devenir un poids insupportable et un contre témoignage à la beauté même du sacerdoce». (cath.ch/imedia/hl/be)

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