Évangile de dimanche: Deviens jardinier de tes frères et sœurs

A l’époque de Jésus, on croyait que les maladies, les accidents et les malheurs étaient voulus par Dieu pour punir les pécheurs. Une situation difficile est posée à Jésus, dans l’Évangile de ce dimanche.  

Deux faits divers qui devaient faire la une de l’actualité: une tour qui s’écroule causant la mort de 18 personnes et un massacre de Galiléens ordonné par Pilate alors qu’ils offraient des sacrifices. Deux événements parmi d’autres qui posent le problème du mal. Jésus va prendre ses distances face à l’interprétation courante devant le malheur. Il questionne ses auditeurs: «Pensez-vous que ces victimes étaient de plus grands pécheurs que vous? Pas du tout!» ajoutera-t-il. Voilà de quoi faire voler en éclats toute une pensée bien affirmée, rassurant jusque-là celles et ceux qui se prétendaient être des justes. Alors, à qui la faute? D’où vient le mal?

Mais Jésus ne s’arrête pas à cette réponse. Il renvoie ses interlocuteurs à eux-mêmes, les invitant à une conversion, sous peine de mort. «Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même!» Dieu est ainsi convoqué à la barre. Sa défense nous surprend. Elle est inattendue. Devant le mal, Il nous dit qu’une chose: changez vos cœurs, convertissez-vous. Changez vos regards sinon vous n’échapperez pas au non-sens de la mort, ni peut-être au non-sens de vos vies.

Il ne faut croire ni au châtiment divin, qui nous jette dans la solitude de notre culpabilité, ni au destin, à la fatalité, au hasard qui, là encore fait de nous des êtres seuls jetés au milieu d’événements qui nous dépassent et qui nous broient. Arrêtez d’être victimes, nous dit Dieu, devenez acteurs de vos vies et de celles de vos sœurs et de vos frères.

«Le jardiner, c’est chacune et chacun de nous. Appelés à bêcher encore, à cultiver l’espérance, à mettre l’engrais de la fraternité, de l’accueil, du partage»

Ce matin encore, je visitais un jeune détenu, effondré en regardant sa vie. Pulvérisé par un passé vécu dans la violence, il est perdu. Il n’a ni horizon, ni avenir… Rien pour espérer un souffle nouveau. «Même Dieu me laisse tomber» me disait-il dans un aveu déchirant. Et si nous envisagions ensemble que tout peut renaître. Un commencement prometteur s’ouvre à toi si tu te risques à la patience. C’est bien l’image du jardiner dont nous parle l’Évangile.

Ce jardinier qui prend soin du figuier trace un chemin original et pertinent. S’il est question de la patience de Dieu devant nos résistances, il s’agit d’abord de la confiance à la terre de ce jardiner. Confiance à l’humilité, confiance au potentiel caché trop souvent en tout humain, confiance à la vie. Le jardiner, c’est chacune et chacun de nous. Appelés à bêcher encore, à cultiver l’espérance, à mettre l’engrais de la fraternité, de l’accueil, du partage, du dialogue, de l’aumône et de la prière.

Communauté de jardiniers invités à prendre soin de toutes et de tous! Quelle belle image de l’Église! Rappelons-nous Adam dans le jardin d’Éden. Souvenons-nous aussi de Jésus, au matin de Pâques, que Marie-Madeleine prendra pour un jardinier.

Se convertir au Christ nous tourne vers les autres pour qu’ensemble, en prenant soin de chacune et de chacun, comme des jardiniers confiants nous ferons de notre terre un lieu de paix et de justice.

Bernard Miserez | Vendredi 18 mars 2022


Lc 13, 1-9

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens
que Pilate avait fait massacrer,
mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
    Jésus leur répondit :
« Pensez-vous que ces Galiléens
étaient de plus grands pécheurs
que tous les autres Galiléens,
pour avoir subi un tel sort ?
    Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de même.
    Et ces dix-huit personnes
tuées par la chute de la tour de Siloé,
pensez-vous qu’elles étaient plus coupables
que tous les autres habitants de Jérusalem ?
    Eh bien, je vous dis : pas du tout !
Mais si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de même. »
    Jésus disait encore cette parabole :
« Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne.
Il vint chercher du fruit sur ce figuier,
et n’en trouva pas.
    Il dit alors à son vigneron :
›Voilà trois ans que je viens
chercher du fruit sur ce figuier,
et je n’en trouve pas.
Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’
    Mais le vigneron lui répondit :
›Maître, laisse-le encore cette année,
le temps que je bêche autour
pour y mettre du fumier.
    Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Sinon, tu le couperas.’ »

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