APIC – Portrait
Gabriele Brodrecht, agence APIC
Coire, 20septembre(APIC) L’enfant court vers lui et le fait presque trébucher. Mais il l’attrappe et rit avec lui – on ne renverse pas si facilement l’évêque de Coire que beaucoup auraient volontiers vu moins inébranlable -. Wolfgang Haas, le plus contesté et le plus connu des évêques suisses.
Sans aucune timidité, l’enfant prend sa main en toute confiance. Certains n’ont pas cette même confiance envers l’évêque qui se mèle maintenant
aux gens dans la cour du couvent d’Einsiedeln. Les deux nouveaux évêques
auxiliaires que le pape a placé à ses côtés, viennent d’être installés solenellement dans leurs fonctions. Un pas vers l’apaisement d’un conflit qui
depuis des années, n’occupe pas seulement les médias. La nomination en 1988
de Mgr Wolfgang Haas comme évêque auxiliaire avec droit de succession et
son accession surprise deux ans plus tard comme évêque de Coire a provoqué
d’innombrables protestations et discussions, jusqu’au danger de division de
l’Eglise en Suisse.
En fait, chacun a son opinion, – la plupart du temps définitive – à propos de l’évêque. Les uns le défendent comme champion de la « vraie foi »; les
autres tiennent prête une longue liste de reproches: sur son attitude ultra-conservatrice, sur sa fidélité au pape et au droit canon, sur ses décisions dans les questions de personnel ou du séminaire St- Luzi. On croit
savoir qui’il est arrogant et incapable de dialoguer.
Pas tout à fait comme on le pense
Les gens tiennent souvent Mgr Haas pour un véritable monstre – jusqu’à
qu’ils le rencontrent une fois, soupire l’évêque. Ils remarqueront alors
qu’il est en fait tout autre – un homme joyeux et plein d’humour, qui va
volontiers vers les gens et ouvre la discussion, qui se réjouit de la diversité de la nature – qui est plus multicolore que verte -. Conservateur,
il l’est certes, mais cela n’a rien à faire avec des boîtes de conserves.
Qui connaît vraiment les textes du Concile remarque que Mgr Haas ne représente pas autre chose…
Il sait d’ailleurs exactement ce qu’il veut protéger et défendre. La
conversation avec lui conduit à la notion de vérité, comment elle est
conservée dans l’Eglise et comment Dieu la révèle dans l’Evangile et dans
le Christ. « Cette vérité rend libre et conduit au salut » et pour lui il en
est de même pour le salut des âmes. Mgr Haas le dit simplement, certainement pas à partir d’une théologie compliquée, mais à partir de sa spiritualité mariale. « Maria duce obviam Christo », telle est sa devise « sous la direction de Marie vers le Christ ».
Le fait qu’il désire conduire les hommes aux pensées surnaturelles, au
respect de la volonté et les commandements de Dieu et à une foi simple et
joyeuse, l’expose au danger qu’on se moque de lui comme quelqu’un de « démodé ». Il y est finalement un peu habitué: les plaisanteries de carnaval et
les « witz » lui ont collé toutes les étiquettes possibles de mysogine à exorciste.
« Mgr Haas frappe de nouveau » a dit un jour de l’évêque un slogan qui lui
reproche de frapper avec une vérité infuse, une vérité qui place sur le
même plan le témoignage profond de la foi avec n’importe quel paragraphe du
droit canon… Dans la discussion, il sait toujours – lui qui considère le
nouveau Catéchisme comme un cadeau merveilleux – faire très bien la
différence et s’exprime souvent avec prudence et circonspection.
Certes il suit très clairement sa ligne et pense continuer à le faire « la décision finale appartient toujours à l’évêque diocésain, cela personne
ne peut le lui enlever ». Des opinions différentes, mais aussi du respect
ont été jusqu’à présent perceptibles dans de bonnes discussions avec les
évêques auxiliaires. Mgr Haas espère d’eux qu’ils servent de médiateurs
mais qu’ils affirment clairement qu’il est l’évêque diocésain. Et aussi
longtemps que le pape ne le rappelle pas, il entend rester fidèle à sa mission ecclésiale – « non pas par fierté, mais parce que je veux m’attaquer à
ce défi ». Même si cela ne sera peut-être pas toujours plus facile et même
si certains ne voient de solution dans l’affaire Haas qu’avec son éviction
remarque mi-fatécieux l’évêque en faisant le geste de couper la tête.
« Je suis comme je suis »
Il n’a encore jamais craint les débats avec les autres opinions – que
l’on m’accepte ou pas. Il dit simplement ce qu’il pense « Je suis comme je
suis », estime l’évêque de Coire qui relie moins le conflit avec sa propre
personne qu’avec ce pour quoi il s’engage. Il n’attend plus rien du dialogue s’il conduit à un faux compromis au lieu de mener à la vérité. Il n’est
pas intéressé au pouvoir, pas plus que monarchiste. Il entretient simplement des contacts cordiaux avec la maison princière du Liechtenstein.
A Schaan, au Liechtenstein, les parents de l’évêque tenaient un magasin
d’objets d’art. Aujourd’hui encore, Wolfgang Haas sait se réjouir des belles choses et enfant il aimait bien dessiner, peindre et modeler. Mais
Wolfgang, né en 1948 et qui a grandi à Nendeln, préférait encore jouer au
prêtre pour sa grand-mère alitée. Il a ressenti très tôt l’amour de l’Eglise. Il a toujours eu un bon abord de la confession et il lui tient à coeur
encore aujourd’hui de rendre ce sacrement proche des hommes.
« Plus gentil que les autres enfants », il ne l’a pas été. Il considère
juste cette opinion courante sur lui-même. L’ancien chancelier diocésain
s’oppose par contre à une autre opinion selon laquelle il aurait travaillé
très activement pour obtenir le siège d’évêque. Il a toujours aimé être
prêtre et aurait très bien pu imaginer le rester. « Le célibat n’est pour
moi pas seulement un devoir – je sais ce à quoi je renonce, mais je sais
aussi ce que je gagne ». Dans toute son évolution il voit une certaine
continuité. Ainsi il a eu déjà tôt un intérêt pour le droit canon et à Rome
où il a étudié, cela lui a plu encore davantage.
La résistance contre lui a aussi de la continuité et on peut se demander
comment il y résiste finalement. Il n’est pas du tout un évêque imperméable
sur qui toute la souffrance des hommes glisse simplement, souligne-t-il. Et
s’il ne répond pas à une lettre c’est parce que depuis sa nomination à Coire, l’ordinariat a reçu plus que correspondance qu’un autre pendant quinze
ans. Les prêtres qui invoquent sa personnalité pour demander un changement
de diocèse le déçoivent particulièrement: « On n’est pas prêtre contre un
évêque, mais par la volonté du Christ! »
Rien n’apparaît de ce poids. Il n’a perdu ni son humour ni son apétit
est ses soucis n’ont pas entamé son sommeil (y compris la sieste). Il ne
« veut pas dissimuler » qu’il mange volontiers de bonnes choses comme la
tourte fôrêt noire. Mais il tient pour une grâce particulière d’avoir un
bon sommeil.
Cependant il n’existe pas que des souffrances physiques ou morales, mais
aussi des souffrances spirituelles », remarque-t-il. Lorsque qu’il parle du
tapis humain couché devant la cathédrale de Coire lors de sa nomination et
qui symbolisait la maxime « celui qui passe sur nous, nous oublie » j’entends
dans sa voix de la souffrance et de la déception. Il admet volontiers qu’il
fasse aussi des erreurs et que l’appel à la conversion vaut pour tous.
Il regrette d’avoir si peu d’occasions de rencontrer vraiment les gens.
Il se réjouit certes des rencontres avec les jeunes comme à Denver, mais en
beaucoup d’endroits, il n’est pas accepté pour donner la confirmation. Il
est prêt aussi à aller dans les paroisses pour discuter dans un cadre plus
restreint. Pourquoi ne pas lui adresser la parole aller vers lui comme cet
enfant à Einsiedeln?. Mgr Haas voudrait bien une fois laisser toutes les
discussions de politique ecclésiale derrière lui et pouvoir faire comprendre aussi à ses critiques que « l’évêque vous aime et veut être là pour
vous. » (apic/gbr/mp) (traduction Maurice Page)
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