Abbé Jean-René Malaba – Eglise Notre-Dame de l’Assomption de Saignelégier
Frères et sœurs dans le Christ Jésus,
Le baiser de Judas, l’agonie de Gethsémani, les coups de fouet, les moqueries de soldats, le jugement inique, la montée au calvaire, les clous, la soif du mourant et finalement la croix qui se dresse avec ce corps transpercé, sont autant d’évocations dans ce récit de la Passion qui ne peuvent laisser de glace le cœur le plus fermé.
Et pourtant, ce qu’il y a peut-être de plus déchirant, c’est ce cri tragique que la souffrance a arraché à Jésus : ››Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?’’
Le Christ a connu l’abandon absolu
Le cri d’un homme : ce qui rend insupportable la souffrance, c’est lorsqu’elle se vit dans l’abandon et la solitude. Sans le réconfort d’une main qui caresse un front brûlant. Personne ne voudrait mourir seul, comme un chien, abandonné de tous.
Et pourtant, le Christ a connu l’abandon absolu : abandonné de ses apôtres. Ce qui, à la rigueur, peut encore se comprendre tellement ils avaient peur.
Abandonné de la foule qui l’avait acclamé. Ce qui ne peut pas étonner. La foule est versatile, c’est bien connu.
Mais abandonné de son Père! On ne peut pas le comprendre. Au lieu de ce ciel lumineux, le jour de la Transfiguration, voici le ciel sombre et fermé de Gethsémani. Et, elle s’est tue, cette voix merveilleuse du Père qui disait si chaleureusement : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ».
C’est alors que monte vers le Père ce cri d’un homme, cet SOS tragique qui jaillit de la peur viscérale de tout homme devant la mort. C’est le cri épidermique d’un homme. Pas un surhomme, mais un homme tellement semblable à nous. Un homme qui connaît ces moments terribles où les plombs sautent, où la raison se tait pour laisser crier des entrailles à vif.
Il a crié avec tous ses frères et sœurs
Mais, c’est aussi le cri d’un frère : nouvel Adam, premier des cordées de l’humanité, le Christ est venu partager la condition humaine jusque dans sa forme la plus aiguë : la souffrance dans le silence de Dieu. Et il a crié alors avec tous ses frères et sœurs qui connaîtront ce drame après lui :
Et depuis que le Christ a poussé ce cri pathétique, tous les humains ont désormais le droit de le dire, sans être sacrilège, sans offenser le Père : ››Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?’’. Alors tombera dans leur cœur la paix ; mais aussi la capacité de dire comme Jésus: « Mais que ta volonté, à toi Père, soit faite ». Il se remettait ainsi entre les mains du Père.
Frères et sœurs en Christ, ces derniers mots pleins de confiance du Christ en croix devraient être aussi les derniers mots de toute vie chrétienne : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Puissions-nous être capables de les prononcer lorsque l’heure sera venue pour nous de passer de ce monde au monde du Père. Amen !
DIMANCHE DES RAMEAUX ET DE LA PASSION DU SEIGNEUR
Lectures bibliques :
Procession des rameaux : Luc 19, 28-40
Messe : Isaïe 50, 4-7; Psaume 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a; Philippiens 2, 6-11; Luc 22, 14 – 23, 56
https://www.cath.ch/homelie-du-10-avril-2022-lc-22-14-23-56/