Homélie du 17 avril 2022, Pâques (Jn 20, 1-9)

Abbé Jean-Claude Dunand – Église Saint-Jean-Baptiste, Gland


Au début de la célébration, Joséphine avec les enfants de la communauté est arrivée avec le cierge pascal, allumé pour la première fois hier soir, à la Veillée pascale à Nyon. Merci !
Cette veillée ne pouvait pas commencer avant la tombée de la nuit : c’est la proclamation du mystère pascal : la victoire du Christ sur les ténèbres, le mal et la mort. Pour entrer dans la compréhension de ce mystère et en saisir toute sa portée, évoquons trois réalités.

– La première : Jésus est vraiment ressuscité. Après avoir été mis à mort, son Père l’a ramené à la vie.

– La deuxième : si le Christ est ressuscité, nous aussi, nous ressusciterons. Le Christ en a fait la promesse quand il a déclaré : « La volonté de Celui qui m’a envoyé, [c’est] que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. »

La troisième réalité : non seulement nous ressusciterons à la fin des temps, mais dès maintenant, si nous croyons au Christ, nous sommes ressuscités. L’apôtre Paul l’a affirmé dans la deuxième lecture.


Croire à toutes ces affirmations c’est tout de même un peu fou… et beaucoup n’y arrivent pas : manque de fondement, c’est inexplicable, irrationnel !
Et pourtant !
Pensons aux premières personnes qui sont allées au petit matin au tombeau où Jésus avait été déposé. Quand Marie Madeleine a vu que la pierre qui fermait le sépulcre avait été enlevée, elle a tout de suite couru le dire à Pierre et au disciple que Jésus aimait, sans penser que le Christ pouvait être ressuscité. Lorsque Pierre est arrivé à son tour au tombeau, il a vu que le corps n’était plus là, les linges bien pliés. Lui non plus, il n’a pas saisi que Jésus était ressuscité. L’autre disciple entre à son tour : il voit et il croit. Il a reçu la grâce de voir non seulement avec ses yeux de chair mais avec son cœur. Il a « compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ».

C’est au cœur de voir et de croire

Marc Sevin, bibliste et exégète écrivait : « Il n’y a plus rien à voir avec les yeux. Maintenant, c’est au cœur de voir et de croire. »

Notre présence à la messe d’aujourd’hui, ici dans cette église ou relié par les ondes Espace et la chaîne YouTube de notre Unité pastorale, témoigne que nous croyons en la résurrection de Jésus qui nous remplit d’espérance. Se réunir pour célébrer ce mystère de la résurrection du Christ c’est intense, c’est prenant. Rendons grâce. Oui, rendons grâce, mais cela ne suffit pas pour être d’authentiques croyants et croyantes, car la foi en la résurrection de Jésus et en la nôtre nous appelle à vivre en ressuscités. « La foi sans les œuvres est morte. » dit l’apôtre Jacques (Jc 2, 26) et Paul dans la deuxième lecture « Si […] vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut [et que] votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. »
Vivre conscient de ce mystère, c’est vivre pleinement l’amour du prochain, allant jusqu’au pardon, la présence auprès des plus faibles, se faire serviteur comme Jésus l’a demandé en lavant les pieds de ses disciples !

« La gloire de Dieu c’est l’homme vivant »


La résurrection de Jésus devrait illuminer toute notre vie et aujourd’hui nous chantons notre allégresse et que cette joie irrigue nos vies pour que nous soyons des «hommes vivants». Saint Irénée, le deuxième évêque de Lyon au IIe siècle disait « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant ; la vie de l’homme, c’est de contempler Dieu. » Un peu plus tard le patriarche Athanase d’Alexandrie au 4e siècle a écrit : « Le Christ ressuscité a fait de la vie de l’homme une fête continuelle », et l’apôtre Paul a affirmé : « Soyez toujours dans la joie. » (1 Th 5,16) Que notre vie soit donc une fête, et vivons-la dans l’allégresse qui jaillit de l’assurance d’être constamment aimés de Dieu et appelés à vivre éternellement auprès de lui. Appelés à être des hommes vivants.

Chaque être humain a le désir d’une vie en plénitude et en vérité. Prenons conscience que nos satisfactions instantanées ne nous comblent pas. Quelque chose nous manque. Écoutons saint Paul : «recherchez les réalités d’en haut».
Des hommes vivants, c’est la gloire de Dieu sur terre, c’est chercher à devenir pleinement humain, à la ressemblance de Jésus, qui est lui-même l’image de Dieu !
Alléluia !

La Résurrection du Seigneur
Lectures bibliques : Actes 10, 34a.37-43; Psaume 117, 1-2, 16-17, 22-23; Colossiens 3, 1-4 ou 1 Corinthiens 5, 6b-8; Jean 20, 1-9 ou Luc 24, 1-12

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