Critiques contre la «voie synodale» allemande, riposte de Mgr Bätzing

Le président de la Conférence épiscopale allemande a vivement rejeté les reproches adressés par un groupe d’évêques conservateurs – principalement nord-américains et africains – critiquant la «voie synodale» en cours de discussion en Allemagne. Ces derniers, auteurs d’une lettre ouverte, disent craindre une «division de l’Eglise».

74 évêques du monde entier ont signé une lettre ouverte aux évêques d’Allemagne dans laquelle ils expriment leur «inquiétude croissante» concernant l’évolution du Synode allemand. Ils estiment que les actions du chemin synodal allemand «sapent la crédibilité de l’autorité de l’Église, y compris celle du pape François» par manque d’écoute de l’Esprit-Saint.

Personne ne peut «revendiquer l’Esprit Saint pour soi-même»

Mgr Georg Bätzing, évêque de Limburg et président de la Conférence épiscopale allemande, a vivement rejeté les critiques à l’encontre du processus de réforme de l’Eglise catholique en Allemagne, dans sa réponse à la lettre envoyée par Mgr Samuel J. Aquila, archevêque de Denver, dans l’Etat étatsunien du Colorado. Les reproches adressés à l’épiscopat allemand suscitent «l’étonnement», écrit Mgr Bätzing. La Conférence épiscopale allemande a documenté sur son site internet la lettre envoyée jeudi 14 avril 2022.

Personne ne peut «revendiquer l’Esprit Saint pour soi-même ou dénier à d’autres la tentative sérieuse de l’écouter», a averti Mgr Bätzing. Dans la «voie synodale», il s’agit de faire face aux «causes systémiques des abus et de leur dissimulation, qui ont causé des souffrances indicibles dans l’Eglise et par l’Eglise à tant de personnes».

Faire face aux «causes systémiques des abus»

La lettre ouverte des évêques conservateurs ne mentionne pas le lien entre ce travail de mémoire et la «tentative de rendre à nouveau possible une annonce crédible de la Bonne Nouvelle».

«Je serais toutefois très étonné si vous et les signataires de la lettre ouverte ne voyiez pas l’importance de la nécessité de se poser la question des abus en tant qu’Eglise et d’en tirer les conséquences pour l’Eglise et ses structures», poursuit Mgr Bätzing. Il est nécessaire de parler ouvertement du pouvoir et de l’abus de pouvoir dans l’Eglise: «Les euphémismes que vous tentez d’utiliser dans votre lettre n’aident pas vraiment».

Accusations sans fondement

En outre, déplore le président de la conférence épiscopale allemande, les signataires de la lettre ouverte accusatrice n’ont pas fourni de preuves pour justifier leurs accusations contre les catholiques allemands.

«Dans la mesure où vos objections, préoccupations et avertissements sont l’expression d’une véritable inquiétude, je peux toutefois vous rassurer de tout cœur: ces craintes concernant la voie synodale de l’Église catholique en Allemagne ne se vérifient pas». La voie synodale ne sape «en aucune manière» l’autorité ecclésiale ou celle du pape.

Espérer la voie synodale de l’Eglise universelle

En espérant que l’Eglise universelle s’engage elle aussi sur une «voie synodale», Mgr Bätzing assure que les catholiques allemands participeraient à ce processus «avec de grands espoirs». Il est certain, selon l’évêque de Limburg, que beaucoup d’évêques, de baptisés et de confirmés se préoccupent de thèmes similaires.

Dans leur lettre de la semaine dernière, 74 évêques avaient exprimé leur crainte que les réformes envisagées en Allemagne ne déclenchent un schisme au sein de l’Eglise à partir du sol allemand, une nouvelle fois dans l’histoire. Il n’est pas question d’un tel danger, a répondu Mgr Bätzing.

Les critiques des évêques conservateurs signataires de la lettre ouverte rejoignent en partie les réserves émises par les conférences épiscopales de Pologne et d’Europe du Nord, qui avaient déjà critiqué la «voie synodale» en Allemagne.

Charges des prélats conservateurs

Parmi les signataires de la lettre actuelle, on trouve, outre le cardinal américain Raymond Burke, critique constant du pape et ancien préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique, les porte-parole des traditionalistes au sein de la conférence épiscopale américaine, Joseph Nauman (Kansas), Samuel Aquila (Denver), Thomas Paprocki (Illinois), Salvador Cordileone (San Francisco), Charles Chaput (Philadelphie) et Joseph Strickland (Tyler/Texas). Ils reprochent à l’Eglise d’Allemagne d’accorder «plus d’importance aux analyses sociologiques et aux idéologies politiques contemporaines, y compris l’idéologie du genre», qu’à la Bible.

Dans cette «voie synodale», des évêques allemands et des représentants laïcs discutent depuis 2019 de l’avenir de l’Église catholique. Le point de départ est une crise de l’Eglise qui dure depuis des années et que le scandale des abus a aggravée. Le débat porte principalement sur les thèmes du pouvoir, de la prêtrise et de la morale sexuelle ainsi que sur le rôle des femmes dans l’Eglise. La quatrième assemblée synodale est prévue en septembre, la cinquième et dernière en mars 2023. (cath.ch/kathpress/be)

Jacques Berset

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