Mgr Alain de Raemy – Paroisse Saint-Joseph, Lausanne
Dimanche des Médias – Journée mondiale des communications sociales
Il y a bien longtemps, que ce n’est vraiment plus du tout à la mode chez nous les chrétiens de souhaiter ce retour de Jésus. Du moins en Occident, on avait l’impression d’avoir intérêt à ce que le monde continue, puisque c’était un monde qui semblait aller mieux qu’autrefois, et même toujours mieux, avec les progrès de la technique et de la démocratie.
Mais voilà qu’aujourd’hui, avec la pandémie ici, la guerre plus proche et le climat qui surchauffe partout, les plus vieux semblent dire aux plus jeunes: heureusement que j’ai vécu avant, l’avenir est bien sombre maintenant… Mais est-ce que l’on crie pour autant dans nos Églises: Viens Seigneur Jésus?
Souhaiter le retour de Jésus, c’est partager la conviction des premiers chrétiens
Passer du constat que tout devient toujours pire au souhait que Jésus revienne, et qu’on en finisse avec ce monde et son histoire tragique, il y a encore un pas que peu de chrétiens franchissent. Pourquoi? Eh bien, pour souhaiter le retour de Jésus, c’est-à-dire la fin de ce monde et le début de l’éternité pour tous, il faut partager la conviction des premiers chrétiens, c’est-à-dire ce que Jésus dit de lui-même: qu’il est vraiment l’alpha et l’oméga, l’étoile resplendissante du matin, ce bien-aimé de Dieu le Père, qui nous fait cadeau de cet amour infini du Père pour lui.
Il faut donc être convaincu qu’il n’y a pas mieux que Jésus… et que ça vaut donc la peine d’être jugés par lui. Mais en sommes-nous convaincu? On préfère remettre encore à plus tard, et profiter quand même de cette vie. Oui, la question n’est pas tant de désirer le retour de Jésus, mais tout simplement d’être convaincu qu’il n’y a pas mieux que Jésus.
Dans le Livre de l’Apocalypse, Jésus nous dit aussi: «Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire. qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement.» Autrement dit, toute cette soif de bonheur qui est la nôtre, terriblement frustrée par tant d’inquiétudes actuelles sur notre avenir terrestre, on peut donc l’étancher ici et maintenant auprès de Jésus, ici et maintenant, tous ensemble: «Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement.»
Ce «Viens Seigneur Jésus», les chrétiens l’ont toujours chanté…
Les chrétiens ont toujours chanté ce «Viens Seigneur Jésus» quand ils célébraient l’Eucharistie. «Il est grand le mystère de la foi, dit le prêtre juste après la consécration, et tous de répondre: nous proclamons ta mort, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ton retour dans la gloire! Autrement dit: Viens Seigneur Jésus! Oui, viens mener le monde à son accomplissement final en toi, mais viens déjà, par ce pain transformé en toi, nous remplir de toi.
Je suis toujours impressionné par le silence qui règne dans nos assemblées pendant la consécration du pain et du vin. On touche dans ce silence la présence inouïe de Jésus. Vraiment, il n’y a pas mieux que lui. Pourquoi avoir peur? Il est là et il sera là. Et c’est aussi ce que je souhaite à nos médias et à nos journalistes chrétiens, en ce dimanche qui leur est consacré.
Cette seule conviction devrait les animer: il n’y a pas mieux que Jésus, autant pour l’avenir que pour le présent du monde et de chacun. Et si on se dit chrétien pour faire son travail de journaliste, on devrait avoir tout le temps les oreilles aiguisées par l’écoute de Jésus dans tout ce qui se passe.
Aiguiser nos oreilles de chrétiens et de journalistes chrétiens
Et pour aiguiser nos oreilles de chrétiens et de journalistes chrétiens, pour entendre et faire entendre Dieu dans ce monde, rien de mieux que la messe, la présence inouïe de Jésus, perceptible dans le silence de la consécration: viens Seigneur Jésus!
Oui, Dieu n’est pas visible, mais si souvent audible. Parfois le journaliste veut tout montrer, et il devient voyeur. Ne devrait-il pas d’abord tout écouter? Écouter Jésus en tous et en tout, le reconnaissant pour l’avoir écouté dans son silence à la messe, quand c’est vraiment que Lui: «ceci est mon corps, ceci est mon sang». Ainsi aucun danger de devenir voyeur, on devient écouteur. Dieu on ne le voit pas, mais on peut l’entendre.
Car la Messe c’est quoi? C’est quand tout le monde se tait, devant Jésus ressuscité. C’est quand se réalise tout ce qu’il nous a dit dans l’évangile: «Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, pour que l’amour dont tu m’as aimé, Père, soit en eux, et que moi aussi je sois en eux… pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi…»
7e DIMANCHE DE PÂQUES
Lectures bibliques : Actes 17, 55-60; Psaume 96 (97), 1-2b, 6.7c, 9; Apocalypse 22, 12-14.16-17.20; Jean 17, 20-26